Philadelphia Sixers 2020-2021 : À la croisée des chemins
Après une saison dernière décevante, les Sixers doivent rebondir avec l'arrivée de Doc Rivers au coaching et de Daryl Morey en tant que président des opérations basket. Y parviendront-ils ?
- La saison 2019-2020
Echec. Tel est le terme qui caractérise la saison des Sixers. Lors de l'intersaison précédente, ils prolongent Tobias Harris pour 180M de $ sur 5 ans, laissant filer Jimmy Butler au Heat. En contrepartie, ils récupèrent Josh Richardson, arrière au potentiel intriguant, mais clairement moins fort que Butler. Ils surprirent leur monde en recrutant Al Horford alors qu'ils possèdent déjà Joel Embiid sur le poste 5. Des interrogations entouraient cette équipe (qui a également perdu JJ Redick) concernant son spacing. Néanmoins, le talent de leur jeune duo de stars Joel Embiid/Ben Simmons laissent augurer le meilleur après une élimination au Game 7 de demi-finales de Conférence Est contre les futurs champions la saison précédente : les Toronto Raptors.
Grâce à une énorme défense, ils l'emportent lors de leurs cinq premiers matchs, laissant les interrogations au placard. Peu à peu, leurs adversaires prirent la mesure du jeu proposé par les ouailles de Brett Brown. Le coach a tout tenté pour jouer avec Horford et Embiid simultanément sur le terrain mais le premier nommé n'est pas un ailier-fort dans la NBA actuelle. L'un et l'autre se sont constamment marchés sur les pieds durant toute la saison. L'intérieur camerounais, auto-proclamé candidat au trophée de MVP avant le début de saison, a déçu. Peu impliqué, il a livré une prestation à 0 point qui fera date. En s'écartant trop régulièrement derrière la ligne à trois-points, il a perdu une partie de son influence près du cercle tout en voyant ses pourcentages baisser. Même constat pour Al Horford, qui avait de bons pourcentages aux tirs primés les saisons dernières, sur un volume moindre, dans une équipe avec davantage de spacing. Combien de fois se fut encombrement dans la raquette ? Entre un Ben Simmons, dont on a fêté le premier tir primé de sa carrière en NBA (au bout de trois saisons), un Josh Richardson qui n'est jamais meilleur qu'en pénétrations et sur jeu de transitions, il ne restait qu'Harris comme shooteur fiable dans le cinq majeur. Le manque d'alternance de cette équipe, et le manque d'adaptation proposé, s'est fait ressentir tout au long d'une première partie de saison mitigée, entre défaites inquiétantes et victoire convaincante (notamment contre les Bucks un soir de Noël).
Elton Brand particulièrement critiqué, Brett Brown au cœur des rumeurs concernant son licenciement, l'ambiance était morose autour d'une équipe dotée initialement de plusieurs joueurs de grandes qualités et d'ambitions légitimes. Autour de Ben Simmons, qui réalisa une saison impressionnante sur le plan défensif, il fallut également pallier les petites absences pour blessures de Joel Embiid. Entre la fin d'année 2019 et le début d'année 2020, le meneur fut le maître-étendard de cette équipe, qui enchaîne les bonnes performances. Avec l'intégration dans le cinq majeur d'un guerrier comme Matisse Thybulle, c'est l'esprit défensif de cette équipe qui fut impressionnant.
Conscients d'un besoin de shoot extérieur, les Sixers récupérèrent Alec Burks et Glenn Robinson III en provenance des Warriors (contre des tours de draft) à quelques heures de la trade deadline. L'arrivée de ces deux joueurs ne changera pas le cours d'une saison au futur déjà écrit. Ben Simmons se blesse au dos et ne reviendra pas, inquiétant les observateurs concernant son état de forme lors des années à venir tant une telle blessure est rare pour un joueur aussi jeune. C'est Joel Embiid qui endosse le rôle de leader. Sans son meneur, le camerounais réalise de belles prestations individuelles mais gagner des matchs est toujours aussi compliqué, et ce, malgré la belle révélation que fut Shake Milton.
L'arrêt de la saison n'y changera rien. Cette équipe est dotée d'un effectif trop bancal pour espérer quoi que ce soit. Ils se feront éliminer sans souci (0/4) par les Boston Celtics au terme d'une série décevante marquant un point d'arrêt bienvenue pour les fans des Sixers.
Brett Brown fut remercié (comme prévu) et voilà que Doc Rivers est arrivé. Quelques jours après, ce fut Daryl Morey, l'architecte des Rockets, qui fut également recruté. Les deux se sont attelés à la tâche de bâtir un effectif susceptible de gagner le titre.
- Les mouvements de l'intersaison
Arrivées : Justin Anderson, Tony Bradley, Seth Curry, Danny Green, Dwight Howard, Isaiah Joe, Ryan Broeckhoff, Tyrese Maxey, Derrick Walton Jr
Départs : Alec Burks, Al Horford, Raul Neto, Norvel Pelle, Glen Robinson III, Zhaire Smith, Kyle O'Quinn
- L'effectif
Meneurs : Ben Simmons, Derrick Walton Jr, Seth Curry
Arrières : Shake Milton, Furkan Korkmaz, Tyrese Maxey, Isaiah Joe, Dakota Mathias
Ailiers : Matisse Thybulle, Ryan Broeckhoff, Lamine Diane, Paul Reed Jr, Justin Anderson
Ailiers-forts : Tobias Harris, Mike Scott
Pivots : Joel Embiid, Dwight Howard, Tony Bradley
- Le cinq majeur
PG : Ben Simmons SG : Seth Curry SF : Danny Green PF : Tobias Harris C : Joel Embiid
Que de changements par rapport au cinq majeur présenté la saison dernière ! Exit Josh Richardson et Al Horford, évacués respectivement aux Mavs et au Thunder. Bienvenue à Seth Curry (en provenance de Dallas) et à Matisse Thybulle, joueur rookie la saison dernière du côté de Philly. Doc Rivers doit construire son équipe autour de son duo : Joel Embiid/Ben Simmons. La complémentarité entre les deux joueurs pose de nombreuses questions, au point que de nombreux observateurs se sont demandés s'il ne fallait pas dissoudre ce duo pour que chacun soit le franchise player d'une équipe. Ben Simmons est un meneur d'exception. Avec le physique de LeBron James, il peut jouer en tant que Point Foward à l'occasion grâce à sa taille, son explosivité et sa vision du jeu. Joueur spécial, il est un excellent défenseur sur de nombreux postes. Son QI basket et sa vision du jeu sont d'un niveau élite. A l'inverse son manque de shoot et son incapacité à briller sans ballon sont des arguments en sa défaveur. Comme son équipier, Joel Embiid a besoin de la gonfle pour faire la différence. Très bon défenseur, il a des choses à se faire pardonner cette saison, tant son implication, malgré des chiffres flatteurs, s'est montrée fluctuante lors de la saison écoulée. Avec sa présence physique, il doit arrêter de prendre des tirs derrière l'arc et se rapprocher du panier. Doté d'un jeu au poste complet, il doit profiter de son rapport vélocité/puissance pour gagner en efficacité. Aux côtés de ces deux joueurs, on retrouve Seth Curry. Ce dernier peut occuper les postes 1 et 2. Il est parvenu à se faire un prénom grâce à son tir (tiens, tiens...) et sa réussite est exceptionnelle. Il reprendra le rôle occupé par JJ Redick il y a deux ans avec sa qualité de jeu sans ballon et sa capacité à écarter les défenses. Autre joueur dont il faut se méfier grâce à sa qualité de tir : Tobias Harris. L'ailier, bien que surpayé, possède un profil intéressant sur ce poste d'ailier-fort. Le départ d'Al Horford devrait lui permettre d'occuper davantage ce poste 4 auquel il est dévolu dans la NBA actuelle. Bon partout, sans être exceptionnel nul part, il doit prouver qu'il peut être la troisième option d'une équipe visant le titre. Sur le poste d'ailier, Danny Green devrait être titulaire, en concurrence avec Matisse THybulle. L'arrivée du double Champions en titre apportera de la stabilité et de l'expérience dans ce cinq majeur. Avec sa capacité à scorer de loin et à s'intégrer dans une bonne défense collective, le joueur puet être un élément important de cette équipe.
- Le banc
En sortie de banc, Doc Rivers possède quelques alternatives intéressantes.D'une part, il peut utiliser Seth Curry comme meneur de jeu de la second unit sur certaines séquences. A défaut, il possède en Shake Milton un joueur qui peut être un pétard ambulant en sortie de banc. Remarquable par sa capacité à scorer en fin de saison dernière, il doit s'affirmer comme un sixième homme de choix en tant que combo guard. Il lui sera probablement demandé de mettre le jeu de son équipe en place bien que l'effectif possède en Tyrese Maxey un jeune rookie prometteur, capable d'organiser le jeu. Combo Guard sortant de Kentucky, il bénéficie d'une belle côte. Pas encore au point avec son tir, il possède un profil de créateur assez intéressant ainsi qu'une belle mentalité. Il devrait pouvoir trouver du temps de jeu dans le backourt. Enfin, Furkan Korkmaz entame une nouvelle saison chez les Sixers. Bon derrière l'arc, il devrait apporter quelques minutes intéressantes par sa capacité à planter des tirs importants. Attention également au phénomène rookie Isaiah Joe. L'arrière est un shooteur exclusif, il prenait plus de dix tirs primés au sein de son université d'Arkansas. Véritable pyromane, il va devoir s'impliquer sur le plan défensif pour gagner du temps de jeu dans une équipe dont l'identité sera davantage tournée de ce côté du terrain. Il peut éventuellement occuper le poste 3 tant la rotation est limitée à l'aile.Seul Matisse Thybulle est en mesure de réaliser de grosses minute. Doc Rivers lui demandera régulièrement de s'occuper du meilleur attaquant adverse afin de décharger ses coéquipiers de cette responsabilité. Gros défenseur, il peut viser l'une des meilleures équipes défensives cette saison. S'il progresse sur son tir, ce peut être le joueur idéal à lancer dans ce cinq majeur. Doc Rivers devrait régulièrement lancer Ben Simmons sur les postes 3 et 4 aux côtés de guards pour combler ce manque car ce ne sont pas Ryan Broeckhoff, Paul Reed Jr ou Justin Anderson qui sont des alternatives viables sur ce poste. Tobias Harris pourrait également être décalé sur le poste 3. Ce dernier a toujours Mike Scott comme rotation. Défenseur solide, joueur besogneux, il apportera toujours sa quinzaine de minutes en sortie de banc. L'arrivée de Tony Bradley, capable d'occuper le poste 4 sur quelques séquences est intéressante si le joueur explose enfin tandis que la bonne signature de l'intersaison s'appelle Dwight Howard. L'intérieur, bagué la saison dernière, doit jouer ce rôle de mentor auprès de Joel Embiid afin que ce dernier franchisse un cap. Précieux par son impact défensif, il a accepté son rôle la saison dernière et devra faire de même cette saison.
- Le joueur à suivre : Joel Embiid
Il a beaucoup parlé la saison dernière mais ses paroles n'ont été que du vent. Il sait désormais qu'il est attendu au tournant. Joel Embiid doit montrer à la planète basket qu'il est le meilleur intérieur de la NBA (statut que lui conteste fortement Nikola Jokic au vue des résultats étonnants des Nuggets). Avant de viser le titre de MVP, il doit être la tour de contrôle de son équipe sur le plan défensif. Grâce à ses qualités athlétiques, il peut et doit contester le trophée de meilleur défenseur de l'année à Giannis Antetokounmpo. Enfin, sur le plan offensif, le challenge de Doc Rivers consiste à le servir dans les meilleures dispositions. Il ne faut pas qu'il s'écarte trop souvent derrière la ligne à trois-points (même s'il est un shooteur capable) mais qu'il doit davantage mis en avant proche du cercle afin de jouer sur ses qualités physiques. C'est en étant concentré sur cette objectif de titre qu'il doit montrer qu'il est un joueur dominant.
- Les plus
Un effectif talentueux : Les Sixers possèdent un effectif composé de deux All Stars dans la force de l'âge. Autour d'eux, de nombreux joueurs peuvent briller dans différentes franchises en NBA. Bien que remodelé cette effectif apparaît très talentueux et davantage adapté à la NBA moderne que celui de la saison dernière.
L'arrivée de Daryl Morey : les Sixers manquaient de shooteurs, et voilà que Daryl Morey arrive, lui, le roi de la donnée avancée et du tir primé. En quelques semaines, il a montré ses qualités de dirigeants en montant des transferts intelligents, un draftant sereinement tout en signant des contrats à bas coup. Sur le papier, c'est une masterclass.
Enfin des shooteurs: Seth Curry, Isaiah Joe, Tyrese Maxey... Ce ne sont que trois noms mais ils font déjà la différence tant l'équipe manque de capacité à écarter les défenses la saison dernière. Problème en partie résolu par l'apport de ces quelques joueurs.
- Les moins
Les blessures : Ben Simmons reviendra d'une blessure au dos jugée préoccupante tandis que Joel Embiid possède un corps qui ne le laisse jamais en paix. La saison des Sixers est, malheureusement, dépendante de l'état de forme de ces deux joueurs.
Le manque d'alternatives sur le poste d'ailiers : Doc Rivers a d quoi bricoler sur le poste d'ailier mais il manque une rotation derrière Matisse Thybulle.
Le manque de complémentarité entre les deux joueurs phares de l'équipe : Et si c'était vrai ? Si Joel Embiid et Ben Simmons n'étaient réellement pas compatibles. Si les résulats sont décevants au début de la saison, les rumeurs de trade devraient ressurgir autour de cette franchise.
- L'avis de la rédaction
L'arrivée d'un nouveau coach et de nouveaux joueurs laissent espérer un bel avenir pour ces Sixers si les blessures les laissent tranquilles. Nul doute que Daryl Morey parviendra à récupérer une rotation supplémentaire par un tour de magie sur les postes 3 et 4. Dans cette hypothèse, les joueurs de Philly peuvent espérer viser le top 4 de la Conférence Est car de nombreux adversaires se sont affaiblis. Si Doc Rivers parvient à mettre en place une alchimie collective réelle, cette équipe doivent espérer obtenir l'avantage du terrain (sans contestation possible) lors de l'année à venir.
- Le bilan prévisionnel
45 victoires / 27 défaites : Quatrième de la Conférence Est