Orlando Magic 2021-2022 : Une classe biberon en reconstruction
Le Magic a tourné une page en 2021 pour amorcer une nouvelle reconstruction. Les talents bruts ne manquent pas dans le roster, mais la jeunesse et l'inexpérience semblent plus indiquer une saison d'apprentissage qu'une lutte pour les playoffs.
- LA SAISON 2020-2021
Qualifié deux saisons de suite pour les playoffs, le Magic ambitionnait de rééditer cette performance avec un groupe très peu modifié. Avec quatre victoires pour commencer l'exercice, la continuité paie pour les Floridiens. Mais, après seulement huit petits matchs, Markelle Fultz se rompt les ligaments croisés du genou. Revenu à un niveau de jeu correct, l'ancien First Pick doit mettre une croix sur le reste de la saison, tout comme son coéquipier Jonathan Isaac quelques mois plus tôt. Privé de son meneur de jeu, le Magic déraille complètement en attaque avec un enchaînement de 12 défaites sur les 14 rencontres suivantes. Si on ajoute à cela des pépins physiques pour Evan Fournier et Aaron Gordon, on comprend vite que le coach Steve Clifford n'a jamais pu compter sur son 5 majeur au complet. Conséquence, le Magic sombre désespérément au classement avec un bilan de 13 victoires et 23 défaites à la pause du All Star Game. Seul membre du roster à surnager, Nikola Vucevic. Sur cette première partie de saison, le Monténégrin tourne à 24.6 points, 11.6 rebonds et 3.7 passes le tout avec un pourcentage de 41,2% longue distance. Des chiffres lourds qui lui valent une seconde étoile de All Star, malgré les résultats bien ternes de son équipe.
A la trade deadline, le Magic était attendu au tournant avec les noms d'Evan Fournier et Aaron Gordon au centre des rumeurs. Le front office devait choisir entre repartir pour un cycle dans le ventre mou de la Conférence Est ou faire péter le roster pour entamer une reconstruction. Face à ce dilemme, John Hammond, n'a pas fait dans le demi-mesure. Il enclenche les hostilités en envoyant son franchise player, Nikola Vucevic, à Chicago contre Wendell Carter Jr, Otto Porter Jr et le futur pick des Bulls. Quelques minutes après, c'est au tour de Fournier de faire ses valises. Direction Boston, contre Jeff Teague et deux seconds tours de draft. Le dernier cadre de l'équipe, Aaron Gordon, est aussi transféré du côté de Denver en échange de Gary Harris et du rookie RJ Hampton. Dès lors, la saison du Magic prend un autre tournant et met le cap sur la draft 2021 ! En roue libre sur les dernières semaines de compétition, l'effectif complètement remodelé remporte péniblement 6 de ses 28 derniers matchs. Les derniers vétérans sont soit mis au repos (Terrence Ross) soit coupés (Teague et Khem Birch) pour laisser la place aux jeunes. Dans cette grande cour de recré, certains prospects ont le mérite de se mettre en avant : RJ Hampton 11.2 points, 5.0 rebonds et 2.8 assists, Chuma Okeke 10.4 points et 4.4 rebonds ou encore Mo Bamba 9.9 points et 6.9 rebonds. Si elle ne restera pas dans les Annales de la franchise, cette saison a permis au Magic de tourner une page. L'équipe version Vavane & Vooch avait certainement atteint son plafond. Reste maintenant à la prochaine génération de faire ses preuves.
- LES MOUVEMENTS DE L’INTERSAISON
Arrivées : Robin Lopez (Washington Wizards), E'Twaun Moore (Phoenix Suns), Jalen Suggs (Rookie), Franz Wagner (Rookie)
Départs : Otto Porter Jr (Golden State Warriors), Dwayne Bacon (New York Knicks), James Ennis
- L’EFFECTIF
Meneurs : Jalen Suggs, Markelle Fultz, Michael Carter-Williams
Arrières : Cole Anthony, Gary Harris, RJ Hampton, E'Twaun Moore
Ailiers : Terrence Ross, Franz Wagner, Chuma Okeke
Ailiers-Forts : Jonathan Isaac, Moritz Wagner, Ignaz Brazdeikis (two-way contract)
Pivots : Wendell Carter Jr, Mo Bamba, Robin Lopez
- LE CINQ MAJEUR
PG : Jalen Suggs, SG : Gary Harris, SF : Franz Wagner, PF : Jonathan Isaac, C : Wendell Carter Jr
Attention à l'embouteillage sur le backcourt du Magic ! Les Floridiens disposent de quatre jeunes guards qui peuvent tous lorgner sur une place de titulaire. Entre le rookie Jalen Suggs, les sophomores Cole Anthony, RJ Hampton et le revenant Markelle Fultz, la ligne arrière ne va pas manquer de concurrence. De retour de blessure Fultz devrait logiquement commencer la saison en sortie de banc. Idem pour Hampton qui a prouvé sur les dernières semaines de compétition qu'il pouvait booster la second unit en occupant indifféremment les postes 1, 2 voire 3. Le Magic devrait donc commencer avec Jalen Suggs. Le 5ème choix de la dernière draft possède une mentalité de male alpha. La gagne a toujours été dans sa mentalité à Gonzaga (Remember son buzzer-beater en demi-finale du tournoi NCAA contre UCLA). Avec sa capacité à rendre les autres meilleur, il est attendu comme la pièce principale de la reconstruction floridienne, celle qui peut augmenter rapidement le plafond de l'équipe. A ses côtés, le Magic pourrait opter pour l'expérience de Gary Harris. Spécialiste défensif pendant six saisons à Denver, l'arrière a perdu son explosivité en attaque en passant de 17.5 points en 2018 à tout peine 10 unités l'an dernier. N'ayant pas besoin de la balle pour exister, il semble encore un bon complément des différents meneurs du roster.
Les deux postes d'ailiers sont un véritable casse-tête pour déterminer une hiérarchie. Dès qu'il sera de retour à plein régime, Jonathan Isaac est attendu comme titulaire au poste 4. Stoppé net dans sa progression en 2020 à cause d'une rupture des ligaments croisés du genou, il entrait progressivement dans la discussion du DPOY. Si le Magic veut carburer la saison prochaine, Isaac devra impérativement retrouver son niveau défensif tout en adossant un rôle accru en attaque. Pour l'accompagner à l'aile, le coach débutant Jamahl Mosley n'a pas l'embarras du choix. Après avoir laissé partir Dwayne Bacon et James Ennis, Orlando n'a plus de profil 3 and D dans le roster. Quant à Terrence Ross, son rôle en sortie de banc, est trop important pour le faire débuter. Mosley pourrait donc aligner un autre rookie dans son cinq avec Franz Wagner. L'Allemand possède des qualités défensives évidentes et assez de polyvalence pour jouer au poste 3. Seul son tir longue distance pose question. Avec 33% de réussite derrière l'arc sur ses deux saisons NCAA, Wagner devra forcément bosser ce secteur pour lorgner sur un temps de jeu important en NBA.
Enfin, dans la raquette, le Magic dispose des choix 6 et 7 de la draft 2018 avec Mo Bamba et Wendell Carter Jr. Arrivé en cours de saison dernière, l'ancien Bull tient la corde pour le job de titulaire. En comparaison de son collègue de cuvée, Carter Jr a un niveau plancher plus élevé. Capable de scorer efficacement du poste et défendre correctement l'arceau malgré sa petite taille pour un pivot, il a montré plus d'agressivité sur son court échantillon au Magic (11.7 points et 8.8 rebonds en 22 matches). Comme pour Fultz ou Isaac, c'est le facteur santé qui sera le plus important pour lui. Avec 95 rencontres ratées en trois ans, Wendell Carter Jr est un habitué de l'infirmerie. En concurrence avec Bamba, il devra prouver au front office qu'il peut tenir la distance sur une saison entière.
- LE BANC
La cure de jouvence du roster opérée à la dernière trade deadline fait du banc d'Orlando l'un des plus jeunes de la Ligue. Seul vétéran à pouvoir prétendre à sa vingtaine de minutes par match, Terrence Ross. Leader de la second unit du Magic depuis trois ans, Human Torch tournait encore à plus de 15 points la saison dernière, mais avec un pourcentage à 3 points en chute libre (33,7%). Sous contrat jusqu'en 2023 à un prix raisonnable (12 millions annuels), Ross sera l'un des joueurs à scruter sur le marché des transferts. Sa capacité à scorer beaucoup de points sur de courtes séquences intéressera des contenders à la trade deadline. Toujours au rayon vétéran, Robin Lopez et E'Twaun Moore auront plus un rôle de grands frères dans le vestiaire qu'un réel impact sur le parquet.
Pour le reste du banc, Jamahl Mosley va devoir établir une hiérarchie dans ses rotations. Entre RJ Hampton, Mo Bamba, Chuma Okeke, Cole Anthony, tous auront besoin de minutes pour se développer. Dans la marasme de la fin de saison 2021, ces quatre joueurs ont produits des statistiques intéressantes. Mais, le plus important est de savoir quel pion pourra faire partie de la reconstruction du Magic sur le long terme. Hampton et Anthony ont l'avantage d'être de vrais combo guards alternant sur les postes 1 et 2. Le premier est un dévoreur d'espace en transition qui doit devenir un électron libre offensif à la manière d'un Lou Williams. Anthony, lui, aurait tout intérêt à progresser sur le playmaking, un secteur en difficulté mais un secteur d'avenir à Orlando. Après une saison blanche, Okeke a lui aussi montré des signes intriguants. Solide défensivement, il a pris confiance en attaque au fil des mois comme le montre sa progression linéaire au scoring : 3.0 points en janvier, 5.0 en février, 8.5 en mars pour finir à 11.4 en avril. Reste, enfin, le cas Mo Bamba. Décevant par son manque d'implication sur certains matchs, la tige floridienne est trop inconstante pour lui prédire un avenir doré en NBA. A sa décharge, il a été limité par de nombreuses blessures depuis sa draft et un Covid long l'an dernier. La voie est libre désormais dans la raquette pour l'ancien lottery pick qui a un plafond encore inconnu à seulement 23 ans.
- LE JOUEUR À SUIVRE : jonathan isaac
A 23 ans, Jonathan Isaac est déjà face à un énorme défi dans sa carrière. Après des débuts NBA plombés par les blessures, il va devoir faire taire ses détracteurs et gommer l'image injury prone qui l'entoure. L'albatros du Magic n'a plus été aperçu depuis la bulle Disney, où il s'était rompu les ligaments croisés du genou. Entre temps, la franchise a tout de même misé sur lui en lui proposant un contrat de 70 millions sur 4 ans. Une saison blanche plus tard, la balle est dans son camp. En 2019-2020, Isaac avait montré des progrès évidents des deux côtés du parquet. Avec 1.6 steal et 2.3 blocks par match, il incarnait le freak du futur en Floride. Défenseur élite grâce à son envergure et sa mobilité, il avait muselé plusieurs All Stars comme Anthony Davis (6/20 aux tirs) ou Pascal Siakam (4/20 aux tirs). Toutefois, sous Steve Clifford, il a toujours été sous-exploité en attaque avec un taux d'usage qui n'a jamais dépassé 20% et un nombre de tirs par match n'excédant pas les 10 tentatives. Libéré de la présence de Fournier, Vucevic ou Gordon, Isaac devrait être l'une des pierres angulaires du Magic version Jamahl Mosley. Pour preuve, son record de points en carrière (25 unités) a eu lieu lorsque Vooch et Gordon étaient à l'infirmerie en 2020. Le plafond offensif de Jonathan Isaac reste encore inconnu, puisqu'il n'a jamais eu de responsabilités en attaque. Les cartes ont été rebattues cet été. En tant que cadre de l'équipe, il va hériter de nombreux tickets shoots. A lui de saisir sa chance, pour devenir un two-way player reconnu dans la Ligue.
- LES PLUS
- Pas de pression sur les jeunes : Avec un roster très vert, Orlando ne se fixe pas une obligation de résultat. Une ambiance propice au bon développement des jeunes avec une concurrence en interne.
- Des spécialistes défensifs : Steve Clifford avait hissé le Magic à deux reprises dans le Top 10 des meilleures défenses de la Ligue (2019 et 2020). Son successeur sur le banc, Jamahl Mosley, hérite de profils défensifs élite voire de freaks comme Isaac ou Bamba. Et comme la défense, c'était le credo de Mosley chez les Mavericks, Orlando risque de bétonner sévère cette saison.
- Des assets pour des trades : Selon la tournure que prend la saison, Orlando pourrait bien offrir quelques vétérans au plus offrant à la trade deadline. Un vétéran comme Terrence Ross rapporterait au Magic un futur tour de draft par exemple. Idem pour des garçons comme Markelle Fultz ou Mo Bamba, susceptibles de faire leurs valises en cas de rendement décevant sur la première partie de championnat.
- LES MOINS
- Qui pour alimenter la marque ? : Avec les départs de Evan Fournier, Nikola Vucevic et Aaron Gordon, c'est plus de 55% du scoring floridien qui s'est évaporé. Comment l'attaque du Magic qui patinait déjà les exercices précédents (29ème Offensive Rating en 2021 et 23ème en 2020) va-t-elle pouvoir s'en remettre ? Au sein du roster, difficile de voir qui peut prendre le lead offensif en plantant sa vingtaine de points chaque soir. Le plus grand défi qui attend le coaching staff.
- Des profils injury prone : Si Markelle Fultz et Jonathan Isaac ne seront pas complètement remis de leur blessure aux ligaments croisés en début de saison, le roster regorge de joueurs abonnés aux urgences : Michael Carter-Williams, Wendell Carter-Williams, Mo Bamba, Chuma Okeke, Gary Harris... le staff médical d'Orlando sera attendu au tournant !
- De l'inexpérience à tous les niveaux : Du coach rookie aux titulaires en passant par les role players, l'inexpérience est partout. Une période de rodage semble inévitable pour le groupe entier. Espérons seulement pour les fans qu'elle ne dure pas toute la saison.
- L’AVIS DE LA REDACTION
Le front office floridien a eu le courage d'appuyer sur le bouton reset en mars dernier. Plutôt que de moisir dans le ventre mou de la Conférence, le Magic repart de zéro avec des jeunes de talent et des futurs picks. L'année 1 risque d'être compliquée en termes de victoires, mais l'essentiel de l'exercice réside dans le développement des prospects. La franchise doit vite déterminer qui fait partie du projet sur le long cours et évacuer les pièces dispensables. Des trades seront certainement à prévoir en cours de saison pour obtenir des futurs assets. Coordinateur défensif des Mavericks pendant trois ans, Jamahl Mosley aura comme mission principale de définir une identité de jeu. Avec des joueurs à fort potentiel défensif - Gary Harris, Jonathan Isaac, Chuma Okeke, Franz Wagner ou Wendell Carter Jr - la défense peut justement devenir le socle de cette nouvelle équipe. Une valeur refuge qui permet d'éviter de boire le bouillon en cas de naufrage collectif. D'autant qu'avec une flopée de joueurs injury prone, on croise les doigts pour que l'infirmerie floridienne n'affiche pas complet dès le mois de janvier.
- BILAN PRÉVISIONNEL
20 victoires pour 62 défaites
La jeunesse ne fait pas tout. L'énergie du young core floridien peut créer quelques surprises et remporter des victoires au panache face à des grosses cylindrées. Mais, les lacunes offensives semblent rédhibitoires pour viser ne serait-ce que le playin tournament. Jamahl Mosley a du pain sur la planche et va devoir créer des automatismes dans un groupe qui n'a jamais réellement joué ensemble. Le retour des éclopés Fultz et Isaac sera à scruter. S'ils sont remis à 100%, le Magic aura un niveau plancher correct pour s'éviter trop de déroutes. Quant à la valeur plafond, c'est aux prospects comme Jalen Suggs, Cole Anthony ou Franz Wagner, de l'élever un maximum.