Milwaukee Bucks 2020-2021 : Les ambitions persistent et Giannis signe
Quelques jours avant le début de la saison régulière, les Milwaukee Bucks ont enfin obtenu leur délivrance. Après avoir inondé le Grec de stylos (histoire de faire passer le message), Giannis Antetokounmpo a resigné dans le Wisconsin pour 5 ans. De quoi construire une équipe compétitive sur la durée ?
- LA SAISON 2019-2020
La saison de la maturité. Avant la crise du Covid, les Bucks de Milwaukee ont dépassé toutes les attentes, s’imposant comme la meilleure équipe NBA en saison régulière. Sous les exploits d’un Giannis Antetokounmpo devenu phénoménalement banal dans sa régularité, et d’une équipe parfaitement construire autour de sa domination, c’est tout une franchise qui s’est mise à rêver d’un second titre de champion. Les Bucks étaient en route pour battre le record historique de la franchise avant l’arrêt de la saison. Un sentier glorieux bâti sur une série de 18 victoires consécutives à l’Automne, leur permettant de suivre un temps le record des Warriors, avant une décélération logique. Les Bucks sont aussi passés à Paris lors de cet exercice, disputant avec les Hornets le premier match de saison régulière de l’histoire dans la capitale française.
C’est logiquement que fin Septembre, Giannis a obtenu son second titre de MVP consécutif, la récompense de sa domination sans partage (30 points et 14 rebonds par match). Problème, les Bucks étaient déjà éliminés de la course au titre à ce moment-là ! Comme face à Toronto la saison passée, ils ont encore été victimes de la forte concurrence en haut de l’Est, où le Heat et son équipe de guerrier l’a emporté sur une équipe encore trop peu aguerrie à affronter l’intensité des playoffs. Contrairement à Erik Spoelstra, on peut aussi reprocher à Mike Budenholzer son manque d’idées offensivement. Dès que Giannis a été stoppé par un secteur intérieur bouché à Miami, aucune alternative n’a été apportée sur le parquet, ce qui a condamné logiquement Milwaukee. Une déception, bien que cette équipe n’aurait sans doute pas su passer l’obstacle Lakers non plus.
- LES MOUVEMENTS DE L’INTERSAISON
Arrivées : Jrue Holiday, Bogdan Bogdanovic, DJ Augustin, Nik Stauskas, Bobby Portis, Bryn Forbes, Torrey Craig, Jaylen Adams, Jordan Nwora (Draft), Sam Merrill (Draft), Rayjon Tucker (Draft)
Départs : Eric Bledsoe, George Hill, Wesley Matthews, Sterling Brown, Robin Lopez, Kyle Korver, Frank Mason, Cameron Reynolds, Ersan Ilyasova, Marvin Williams
- L’EFFECTIF
Meneurs : Jrue Holiday, Donte DiVincenzo, DJ Augustin, Jaylen Adams (two-way contract)
Arrières : Pat Connaughton, Bryn Forbes, Sam Merrill
Ailiers : Khris Middleton, Torrey Craig, Jordan Nwora, Treveon Graham
Ailiers-Forts : Giannis Antetokounmpo, Bobby Portis, Thanasis Antetokounmpo, Mamadi Diakité (two-way contract)
Pivots : Brook Lopez, DJ Wilson
- LE CINQ MAJEUR
PG : Jrue Holiday, SG : Donte DiVincenzo, SF : Khris Middleton, PF : Giannis Antetokounmpo, C : Brook Lopez
Une vraie continuité est à retrouver dans ce cinq de départ. Comme le veut le vieil adage : On ne change pas une équipe qui gagne, et ce n’est pas à Mike Budenholzer que l’on va l’apprendre. En revanche, de légères retouches ont été effectuées sur ces Bucks afin de les rendre plus compétitifs et de leur permettre de passer le cap qu’ils n’ont pas réussi à franchir ces dernières saisons. La grande nouveauté de ce cinq se nomme Jrue Holiday. Après 3 saisons de bons et loyaux services, Eric Bledsoe a fait ses valises en direction de la Nouvelle-Orléans dans un trade attendu. Décevant offensivement, le meneur n’a pas apporté l’élitisme espéré sur le back-court. Il est remplacé dans ce transfert par Jrue Holiday, un meneur expérimenté au profil similaire. Cependant, on peut clairement considérer que Milwaukee progresse sur le papier dans ses postes extérieurs. S’il n’est plus un meneur aux portes du All-Star Game comme à une époque, c’est un véritable two-way player de haut calibre qui saura tout mieux faire qu’un Bledshow souvent tiède.
Le reste du cinq est aussi d’une qualité supérieure à la moyenne chez les outsiders de l’Est. Donte DiVincenzo devrait logiquement compenser le départ de Wes Matthews dans ce lineup, un apport à ne pas sous-estimer tant il est devenu avec les années un défenseur en béton, au moins capable de sanctionner à trois points de l’autre côté du terrain, pour l’instant. Sur le front-court, on retrouve le classique trio de Giannis Antetokounmpo, Khris Middleton et Brook Lopez. Ces deux derniers devront prouver qu’ils sont capables de fournir le même type de performances que lors des saisons précédentes, playoffs inclus. Enfin, le Greak Freak sera attendu au tournant pour une nouvelle année de règne. Il a toutes les cartes en main pour aller décrocher un troisième titre de MVP consécutif, un trophée qui lui permettrait de rejoindre l’élite dans l’histoire NBA. Personne n’a réussi de Threepeat au MVP depuis Larry Bird en 1986 ! Un record que partage le Celtic avec 2 autres joueurs seulement : Bill Russell et Wilt Chamberlain. Giannis peut rejoindre cette liste.
- LE BANC
C’est le secteur qui peut donner le plus d’espoirs à Milwaukee cette saison. L’échec retentissant du sign and trade de Bogdan Bogdanovic, quelques jours avant l’ouverture de la Free Agency, n’a pas empêché le frontoffice de construire cet effectif tout en intelligence. Les Bucks ont su sauter sur les bonnes occasions, à savoir des joueurs expérimentés mais pas cramés, capables de contribuer des deux côtés du terrain.
Une stratégie symbolisée par les signatures de DJ Augustin et Torrey Craig. Le premier en provenance de Orlando sera le troisième extérieur, apportant nombre de garanties sur la défense on-ball, l’organisation du jeu et le tir extérieur. Le second en provenance de Denver était un des ailiers les plus sous-estimé du marché. Sa défense est une qualité dingue et il pourra s’occuper du meilleur ailier adverse sur la durée chaque soir. Il pourrait même s’incruster dans le cinq de départ si Mike Budenholzer souhaite jouer plus grand.
Dans le secteur intérieur, Bobby Portis pourrait surprendre dans la second unit, ce trou noir aura toute la liberté d’emmener le jeu offensif du banc des Bucks. Enfin, la Draft de Jordan Nwora et Sam Merrill pourrait se révéler intelligente avec deux des meilleurs snipers de la cuvée 2020.
- LE JOUEUR à SUIVRE : JRUE HOLIDAY
Ce sera à n’en pas douter le facteur X des Bucks cette saison. L’équipe devrait se comporter de façon similaire à ce qu’on a pris l’habitude de voir les saisons précédentes, mais la présence de Jrue Holiday pourrait changer la donne. Il remplace Bledsoe au poste pour poste, et devra faire mieux que lui. Le rôle que lui offrira Mike Budenholzer sera à suivre de près. Il n’est pas retombé sous les 19 points par match depuis 3 saisons, et on peut se demander si Milwaukee lui laissera autant de tickets tir que dans le Bayou. Giannis a besoin de dicter le tempo, et on imagine mal Holiday dans un rôle de spot-up shooter, pour un homme qui ne tourne qu’à 35% derrière l’arc en carrière. En revanche, l’utiliser en porteur de balle, avec Giannis en finisseur sur certaines séquences pourrait être bien plus intéressante. Quoi qu’il arrive, il apportera son expérience et une certaine assurance défensive qui va faire respirer toute une équipe.
- LES PLUS
- Une défense en béton armé. Les Bucks possédaient déjà la meilleure défense de la ligue l’an passé, et ce n’est pas prêt de changer. Le nouveau back-court titularisé avec Holiday et DiVincenzo sera déjà très difficile à déstabiliser tant ces deux hommes sont des harceleurs géniaux. Derrière, Giannis est au rendez-vous, chaque séquence sera une galère pour des attaquants qui ne seraient pas prévenus.
- Giannis a une revanche à prendre. Statistiques vides, joueur qui ne sait pas emmener une équipe au titre NBA, absent dans les matchs importants, bla bla bla. Giannis Antetokounmpo reste le meilleur joueur au monde depuis 2018 comme ses trophées de MVP en attestent. S’il n’a pas encore brillé en playoffs, il faut rappeler qu’il était encore assez jeune lors des premières échéances importantes de sa carrière. L’année de la maturité est venue, le Grec a une revanche à prendre, attention à la bête blessée. Sa resignature pour 5 ans prouve qu’il est prêt à emmener cette équipe au sommet de la ligue.
- Un effectif meilleur. Globalement, c’est une équipe de Milwaukee meilleure que l’an passé qui s’avance sur la ligne de départ. Sur le papier, Jrue Holiday, DJ Augustin, Torrey Craig, Bryn Forbes sont meilleurs que George Hill, Wesley Matthews, Kyle Korver et Ersan Ilyasova, pour caricaturer notre pensée. L’effectif s’est rajeuni avec des joueurs bien moins unidimensionnels. Ce qui veut dire que Coach Bud aura de quoi s’adapter dans une série de playoffs à son adversaire, si vous voyez où on veut en venir…
- LES MOINS
- Un jour sans fin ? En voyant ces Bucks, on a comme une impression de déjà-vu. Certes, l’effectif s’est globalement amélioré, mais est-ce que ce sera suffisant en playoffs ? Rien n’est moins sûr. A l’heure actuelle, on peut penser que ces Bucks restent inférieurs aux Lakers, et pas vraiment toujours mieux armés pour ne plus se faire piéger par Miami. Ajoutez les Nets de Kyrie Irving et Kevin Durant à l’équation, et rien ne sera simple. L’équipe ne s’est peut-être pas assez ‘’révolutionnée’’ pour voir son résultat final changer.
- Mike Budenholzer est-il un coach limité ? Il a déçu dans la série contre Miami au sein de la bulle d’Orlando. Budenholzer a été incapable de répondre aux idées tactiques de son confrère floridien. Des lacunes qui nous rappelle son aventure à Atlanta au début des années 2010, où il avait formé le même rouleau compresseur de saison régulière, incapable de s’imposer en playoffs. Le coach des Bucks s’avance vers une saison aux allures de dernière chance pour lui.
- Comme un doute à l’intérieur. Le secteur intérieur des Bucks avait été essentiel pour faire de l’équipe cette défense géniale la saison passée. Brook Lopez devrait toujours faire le travail (avec Giannis) comme il le faut de ce côté. Mais il ne pourra rien apporter de plus offensivement. Or, face à des profils comme ceux de Anthony Davis ou Bam Adebayo, on sent que les Bucks seront en souffrance. Milwaukee manque d’un intérieur dominant, si on considère encore Giannis comme un ailier. Si le Grec doit venir à être utilisé en pivot dans les années à venir, revenez au point précédent, il fallait peut-être construire cet effectif différemment…
- L’AVIS DE LA REDACTION
Quand on possède un double MVP parmi ses rangs, viser tout autre objectif que le titre MVP serait un crime de lèse-majesté… On l’a répété, les Bucks ont déçu dans la bulle en ne pouvant pas se débarrasser de cette terrible étiquette d’équipe incapable de maintenir le même niveau de performance en play-offs, quand la compétition commence réellement au final. Le front office des Bucks a cette fois usé de toutes les astuces en coulisses pour améliorer cette équipe encore un peu plus. Mieux que ça, ils ont réussi à convaincre Giannis Antetokounmpo de prolonger l’aventure et ce, malgré les sirènes de Toronto, Miami ou encore Dallas. Depuis cette signature, de vraies preuves de progrès sont attendues. Les Bucks visent le titre, bien sûr les Lakers paraissent loin sur leur planète, mais un double MVP peut légitimement se sentir capable à mettre KO une telle armada, pour entrer dans l’histoire NBA.
- BILAN PRéVISIONNEL
Dans une conférence Est assez faible au-delà de la sixième place, les Bucks ne devraient pas avoir de mal à dominer comme la saison précédente où ils ont longtemps tenu tête au record de Golden State. Néanmoins, on rappelle que la vérité sera dite en playoffs, et pas avant. La rédaction d’Inside Basket attribue aux Milwaukee Bucks la première place de la Conférence Est, avec un bilan de 56 victoires pour 16 défaites.