Michael Redd Vs Kevin Martin

Duel de génération compare une star actuelle avec son alter-ego du passé. Cette semaine, on s'intéresse à deux arrières scoreurs prolifiques : Kevin Martin et Michael Redd.

Duel de Génération rebondit sur l'annonce de la retraite de Kevin Martin, il y a quelques jours. L'arrière met un terme à sa carrière après 12 saisons NBA, l'occasion de le confronter à une autre star sous-estimée aux stats assez semblables. C'est Sylvain qui défendra Martin dans ce duel face à son challenger du jour, Michael Redd défendu par David.

 

 

David : Trois saisons à Ohio State pour 96 matchs avec 19.6pts, 6.2rbds et 2.5pds de moyennes. Michael Redd rend de plutôt belles stats mais qui n'impressionneront pas lors de la draft 2000. Bien après Kenyon Martin, Stromile Swift, Darius Miles, Mike Miller, Jamal Crawford, Hedo Turkoglu, Quentin Richardson ou Jamaal Magloire, Redd sera choisi en 43ème pick par Milwaukee.

 

A cette époque, la ligue est dominée par plusieurs arrières incroyables ; Kobe Bryant, Allen Iverson, Tracy McGrady, Vince Carter, Michael Jordan revenu aux Wizards et Ray Allen. Ce dernier est la star des Milwaukee Bucks, difficile pour Redd de s'imposer face à "Jesus". Pour sa saison rookie, Redd ne participe qu'à 6 matchs, laissant Ray, Glenn Robinson, Sam Cassell, Jerome Kersey et Rafer Alston prendre les minutes auxquelles il pouvait prétendre. De 2.2pts le shooteur passe à 11.4 de moyennes lors de sa saison sophomore. L'explosion aura lieu lors de la 3ème année avec le départ de Ray Allen. La star est envoyée à Seattle contre Gary Payton, les Bucks ont décidé de compter sur Redd pour prendre la relève. Il boucle l'exercice avec 15pts de moyenne en 82 matchs dont 14 en tant que titulaire.

 

Le champ est libre l'année suivante et Redd Hot débute les 82 rencontres de la saison régulière, il en est maintenant à 21pts de moyenne. Il parvient alors à rester au dessus de la barre des 20pts pendant 6 saisons, atteignant même les 26pts de moyennes durant la saison 2006-2007. Malheureusement pour Redd, en 2009, il est victime d'une rupture des ligaments croisés antérieurs... une blessure qui met fin à sa saison et qui gâchera sa fin de carrière. Il ne joue que 28 matchs de ses deux dernières saisons à Milwaukee pour des moyennes de 11 puis 4pts. Il tente une dernière saison à Phoenix avec les Suns de Steve Nash en 2011-2012 mais ce seront ses 51 derniers matchs. Il quitte la NBA après une dernière ballade à 8.2pts.

 

Sylvain : Natif de l'Ohio, un état pourvoyeur de stars NBA, Kevin Martin n'a pas le physique rêvé pour devenir l'une d'elles. Fluet pour évoluer au poste d'arrière, il ne séduit pas les grandes universités et échoue à Western Carolina. Une fac qui n'a connu qu'une participation au tournoi NCAA. K-Mart y réalise ses premiers cartons : 46 points contre les voisins de Coastal Carolina et 44 contre Georgia, mais à chaque fois des défaites... le syndrome de sa carrière. Sa réputation de gros scoreur lui permet de se frayer un chemin à la draft 2004 : il est choisi en fin de premier tour par Sacramento.

 

Le rookie débarque à la fin de la grande époque des Kings. Après une année d'apprentissage sur le banc, la franchise fait le grand ménage et se sépare de Chris Webber, Bobby Jackson et Doug Christie. Une aubaine pour Martin qui voit son temps de jeu doubler et termine la saison à plus de 10 points de moyenne. Il passe encore un cap l'année suivante pour boucler l'exercice à 20.2 unités.

Désormais titulaire, il est le top scoreur de l'équipe sans pour autant être le franchise player. K-Mart augmente sa production offensive pendant encore trois ans, mais parallèlement les Kings s'enfoncent au classement. Les Californiens touchent le fonds en 2009 avec 17 petites victoires. Trop esseulé au milieu des John Salmons et Beno Udrih, Martin réalise cette saison-là, ses plus beaux cartons. Il tourne à presque 25 points en moyenne et plante 50 pions contre les Warriors. L'arrivée en 2010 du rookie Tyreke Evans va pousser Sacto à échanger Martin. Direction le Texas, chez les Rockets.

 

Là encore, la franchise est en phase transition. Orphelins de Tracy McGrady et Yao Ming, Houston donne les clés de l'attaque à Kevin Martin. L'arrière enchaîne deux saisons à plus de 20 points dont une à 23.5 unités en 2011 qui reste son année référence. K-Mart est au sommet de son art et plus que jamais le go-to guy de l'équipe. Les Rockets bouclent deux exercices dans le positif mais n'accrochent pas les playoffs. L'équipe plafonne et en 2012, le staff texan monte un trade avec OKC : Martin rejoint le Thunder en échange de James Harden.

Pour la première fois de sa carrière, Kevin intègre une équipe qui joue le titre. Il quitte son costume de leader offensif pour celui de 6ème homme de luxe. Cantonné à un rôle de spot up shooter, il répond présent en tournant à 14 points. Mais, K-Mart ne se sent pas l'âme d'un remplaçant.

 

Free-agent en 2013, il quitte le banc du Thunder pour rejoindre la meute aux dents longues des Timberwolves. Une fois de plus, il débarque dans une franchise qui se reconstruit autour de sa star, Kevin Love. Malgré un parcours encourageant à 40 victoires, Minnesota rate les playoffs et envoie Love à Cleveland. Kevin Martin redevient le chef d'escadron de l'attaque et boucle une énième saison à plus de 20 points de moyenne en 2015. Mais, les limites de son physique fluet le rattrapent, il multiplie les blessures et les interventions chirurgicales. L'émergence d'Andrew Wiggins va sceller son sort dans le Minnesota.

Il accepte son buy-out en mars 2016 et tente de rebondir chez les Spurs. Limité défensivement, il ne rentre pas dans les systèmes de Gregg Popovich. Sans contrat, il annonce, fin novembre, sa retraite à seulement 33 ans.

 

Résultats : 1-0 pour Martin. Les deux scoreurs ont eu une ascension similaire explosant réellement lors de leur 3ème saison dans la Ligue. Scoreur patenté des Bucks, Redd a commencé de décliner en 2008, l'année où Kevin Martin prenait, lui, son envol... une sorte de passage de témoin entre les deux natifs de l'Ohio. Le point revient toutefois à K-Mart qui a eu le mérite d'enquiller des saisons à plus 20 unités dans trois franchises différentes.

 

 

David : Capable de jouer arrière et ailier, Redd était efficace sur les deux postes. Défenseur moyen, c'est surtout en attaque qu'il brillait, particulièrement au shoot. Rebondeur correct pour sa taille (1m98) et son poste, Silky n'était par contre pas un gros passeur. Il n'atteint les 3 passes de moyennes qu'une seule saison de sa carrière, 3.4 en 2007-2008. 

On peut parler de shooteur unidimensionnel mais Redd était vraiment l'une des meilleures gâchette de la ligue. Son nom doit être mentionné dans la conversation aux côtés des Ray Allen, Reggie Miller ou Stephen Curry. Avec cette efficacité, il s'est imposé comme le patron des Bucks après le départ de Ray. 

 

 

Sylvain : Difficile de parler de polyvalence avec Kevin Martin, sa principale qualité tenant dans son aptitude à scorer. Sur ce terrain, K-Mart est plutôt un précurseur : à une période où le tir à 3 points n'est pas encore considéré comme l'arme fatale, il dégaine tous azimuts derrière l'arc. A son prime en 2011, il est le troisième artificier de la Ligue aux tirs primés réussis et tentés (176 sur 459). Sorti de son domaine de prédilection, Kevin redevient un arrière banal. Pas un très bon rebondeur (4,5 prises en 2008 comme record), ses qualités de playmaking sont plus que discutables avec à peine 2 passes de moyenne en carrière. Là, où le bât blesse, c'est en défense. Avec son physique frêle pour la NBA, il s'est régulièrement fait dominer par les stars de son époque, à tel point que sa présence sur le parquet était dévenue handicapante lors de sa dernière expérience aux Spurs.

Si Martin a été la plupart du temps un leader offensif, il n'est pas, en revanche, un guide charismatique. Chez les jeunes loups du Minnesota, il n'a pas vraiment galvanisé le troupeau. Et c'est peut être son manque de leadership qui a écourté sa carrière, aucune franchise ne lui proposant un contrat cet été pour jouer les mentors dans le vestiaire.

 

Résultats : 1-1. Redd revient au score grâce à sa défense plus performante et un leadership clairement affiché. Là, où K-Mart passe pour un mercenaire du scoring en enchaînant les franchises, le Buck a gardé les rênes de Milwaukee pendant six saisons.

 

 

David : Le palmarès de Michael Redd n'est pas à la hauteur de la précision de ses tirs. Il ne participe que 3 fois aux playoffs sans passer le premier tour... ce qui rappelle un chat noir nommé T-Mac.

Il manque de peu le titre de meilleure sixième homme en 2003, doublé par Bobby Jackson. Redd participe au All-Star Game en 2004 et partage avec Joe Johnson le record de 8 tirs à 3pts réussis en un quart temps... record battu par Klay Thompson l'an dernier. Il reste à Michael Redd son impact au sein des Bucks chez qui il est 4ème scoreur all-time, recordman sur une rencontre avec 57pts le 11 novembre 2006 et deuxième meilleur shooteur extérieur de la Franchise derrière Ray Allen évidemment. 

La plus belle ligne de son palmarès s'écrit en 2008 avec Team USA. Aux côtés de Kobe Bryant, LeBron James, Dwyane Wade, Carmelo Anthony ou encore Jason Kidd, Redd décroche l'or olympique à Beijing dans la Team Redemption

 

Sylvain : Malgré des gros cartons partout où il est passé, Kevin Martin ne brille pas côté trophée et récompense. All Star borderline, il n'a jamais connu l'honneur d'une sélection au match des étoiles. Evoluant principalement dans des franchises en reconstruction, il n'a goûté aux playoffs qu'à trois reprises. Eternel oublié, il échoue d'un cheveu pour le titre de MIP en 2007 et celui de meilleur 6ème Homme en 2013. Seul une présence à 3 reprises dans le Top 10 des meilleurs scoreurs mérite d'être mentionnée.

 

Résultats : 2-1 pour Redd. Avec un palmarès individuel et collectif vierge, Martin voit rouge et laisse Redd prendre l'avantage. All star et médaillé avec Team USA, la gachette des Bucks détient encore le record de points sur un match de la franchise.

 

 

David : Techniquement, le shoot de Michael Redd est à montrer dans les écoles. Son tir est fluide, haut et rapide, ce qui lui a permis de devenir si vite une valeur sûre. Peut-être que ses deux premières saisons à regarder Ray Allen shooter ont permis à Michael de développer son jumpshot, toujours est-il que Redd n'a rien à envier à son aîné. 

Le même en gaucher ? C'est ce qu'auraient presque pu se dire les fans pendant la transition entre les deux Franchises Players. En tout cas, on sait tous qu'il est plus difficile de défendre face à un tricheur gaucher. Redd boucle sa carrière avec 44% de réussite dont 38% à 3pts, des chiffres qui attestent de l'efficacité de son tir. 

 

Sylvain : Comment parler de Kevin Martin sans évoquer sa mécanique de tir. Un geste pas orthodoxe du tout, mais pourtant diablement efficace. Au lieu de finir son shoot avec le bras tendu vers le haut comme la plupart de ses confrères artilleurs, K-Mart lâche le ballon très bas et termine sa gestuelle en position quasi horizontale. Un exemple à cacher aux apprentis basketteurs, mais qui a permis à Kevin de se faire une place au royaume des scoreurs. Son secret tient à la rapidité d'exécution de son shoot ainsi qu'à son toucher de balle hors norme.

Autre aptitude exceptionnelle chez Martin, sa capacité à provoquer des fautes pour obtenir des lancers francs. Avec son physique de poids plume, il n'a pas son pareil pour s'infiltrer dans les défenses adverses et obtenir une faute grâce justement à son shoot très bas. Une aubaine pour K-Mart qui excelle sur la ligne de réparation. Avec 87% de réussite en carrière, il est même le joueur qui tente le plus de lancers en 2011. Lors d'un match contre Orlando en 2007, il devient le second joueur de l'Histoire avec Nate Archibald à scorer plus de 20 points en ne rentrant qu'un seul tir de champs... le reste de son compteur étant alimenté par les lancers.

 

 

Résultats : 3-2 pour Redd. Pas encore de K.O. sur ce round. Certes, Redd possède l'un des shoots les plus soyeux de la Ligue, tout le contraire de Martin. Mais à quoi bon changer de mécanique quand celle-ci fonctionne à merveille. Malgré son tir peu académique, K-Mart a su peaufiner sa technique pour devenir un scoreur inarrêtable grâce notamment à sa panoplie de feintes et son aptitude à bien prendre les écrans.

 

 

David : Avec 12 saisons dans la ligue seulement, Michael Redd laisse un sentiment d'inachevé à ses fans. Si les blessures ne l'avaient pas fauché en plein élan, Redd serait sûrement encore l'un des grands shooteurs de la NBA. S'il n'a jamais rien gagné avec les Bucks, on se souvient d'un jouer qui aura tout fait pour ramener son équipe vers la haut... après tout, Ray Allen n'était pas parvenu non plus à réitérer les exploits de Kareem Abdul-Jabbar et Oscar Robertson

Team USA et Coach K avaient bien compris l'importance d'avoir un pareil shooteur dans une équipe. Malgré la présence de légendes de la NBA dans l'effectif, c'était bien Redd le shooteur attitré des Etats-Unis en Chine. 

En dehors des parquets, Redd est un brave type qui n'a jamais fait couler beaucoup d'encre pour de mauvaises raisons. Il a fait construire une église à Philadelphie et a investi dans l'alimentaire.

 

Sylvain : Pour beaucoup de joueurs au physique maigrichon, K-Mart peut être considéré comme un exemple. L'arrière a su exploiter au maximum ses capacités pour s'imposer en NBA. Respecté par ses pairs pour ses qualités de scoreur naturel, Martin n'a jamais eu l'envergure d'un franchise player. Utilisé en go-to player dans les franchises dans lesquelles il a évolué, il a toujours répondu aux attentes de ses coachs en alimentant abondamment la marque.

L'annonce de sa retraite s'est effectuée à l'image de sa carrière, presque dans l'anonymat. Martin s'est payé une page dans le journal local de sa ville pour expliquer sa décision. Il revient sur son parcours parsemé de chance et remercie en toute humilité les personnes qui l'ont aidé dans sa carrière. En prime de ce communiqué singulier, K-Mart s'est fendu d'un don de 100.000 dollars via sa fondation pour venir en aide aux jeunes de la région de Zaneville dans l'Ohio. Preuve que Kevin a le cœur aussi grand que son talent sur le parquet.

 

Résultats : 4-3. Victoire finale pour Michael Redd, malgré un dernier round équilibré. Alors que Martin se retire par la petite porte pour oeuvrer dans sa communauté, Michael Redd n'est pas en reste. Fervent chrétien, il participe à la vie religieuse grâce à son père pasteur. Le parcours des deux pistoleros présentent bien des points communs, de leur début dans l'Ohio jusqu'à leur fin de carrière ternie par les blessures : 12 saisons chacun au compteur, une présence anecdotique en playoffs et une réputation de shooteur unidimensionnel. Il n'empêche qu'ils restent des scoreurs prolifiques, souvent sous-estimés et oubliés des tablettes NBA.

 

Article rédigé par Sylvain Hermer et David Kalmes

 

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