Louis Williams, le deuxième réservoir
Si Toronto cartonne, elle le doit à son duo de stars et une nouvelle recrue qui s'affirme comme le meilleur sixième homme de ce début de saison.
Sept ans à Philadelphie, deux à Atlanta, et pour son dixième exercice chez les Raptors, Louis Williams démarre toujours les matchs sur le banc. Et à voir l'énergie qu'il donne en l'espace 20 minutes, on comprend pourquoi ses coachs le préserve chaque année. Son rendement est comparable à un J.R Smith de l'époque Denver ou un Leandro Barbosa à la belle époque des Suns, et cela depuis ses premières gammes chez les Sixers.
Peu connu du grand public du championnat, le meneur de 28 ans vient de frapper un grand coup face à l'équipe qui concentre l'attention des médias.
36 points en 29 minutes pour un remplaçant ? C'est seulement la neuvième fois dans l'histoire de la NBA qu'un joueur atteint ses chiffres, et la première fois depuis Kevin Martin en 2008. La stat la plus marquante de cette victoire 110-93 à Cleveland est sans conteste le différentiel du meneur : +37.
Avec 13.4 points inscrits de moyenne, il est clairement le meilleur scoreur remplaçant de la ligue, avec un style qui correspond parfaitement au jeu offensif des Canadiens. Travailler son défenseur balle en main, se créer une situation de shoot et piéger au maximum l'adversaire. Garantir le panier, ou au moins deux voire tirs bonus.
Savoir provoquer des fautes est un art qui n'est pas donné à tout le monde mais chez les Raptors c'est une véritable tendance. DeMar DeRozan est dans le top cinq de la ligue pour les lancers-francs marqués et tentés (6.5 sur 7.8 par match), Kyle Lowry dans le top 20, et Williams et ses 19 minutes de jeu de moyenne est loin devant tous les autres back-up. Il l'a encore prouvé face aux Cavs avec un parfait 15 sur 15.
Si ses stats en rebonds et surtout en passes sont en chute libre (0.9 assists pour quelqu'un qui offre au moins trois caviars par rencontre depuis sept ans), son rôle est complètement complémentaire à celui d'un DeRozan, qui a du mal à trouver son rythme et donc à être dominant sur la durée. Williams ne pourrait pas trouver sa place à ses cotés, étant lui même un scoreur (il est d'ailleurs le joueur par qui passe le plus d'actions chez les Raps) mais apporte un coup d'accélérateur qui a plusieurs fois relancé une machine en difficulté.
- L'homme qui renverse les matchs
Toronto affiche 11 victoires pour seulement deux défaites mais plusieurs ont été acquises au forcing après des démarrages difficiles. Six fois les Raptors ont gagné alors qu'ils étaient menés à la mi-temps. Mais ils ont montré qu'ils avaient de nombreuses ressources pour revenir, et dans ce domaine , Lou Williams a été déterminant.
Le 11 novembre dernier, alors que son équipe est malmenée par Orlando, il score huit points en début de dernier quart-temps pour revenir à hauteur du Magic. Face à Memphis mercredi dernier, il casse le rythme d'un adversaire qui avait pris dix points d'avance pour remettre son équipe dans la course, avant que Terrence Ross ne parte en frénésie offensive pour battre les n°1 de l'Ouest. Et puis ce samedi contre les Cavs, il fait le double du boulot habituel : il compense un départ catastrophique de Toronto à coups de tirs longue distance et de triple lancers-francs. Williams est un sniper ultra-confiant doté d'un joli jeu de jambes, mettant à mal la défense robuste d'un LeBron James.
Détail tactique : ses zones de tir de prédilection sont plutôt à gauche du cercle, l'inverse de DeRozan, ce qui permet une variété offensive dans le jeu des Raptors et un bon moyen de fatiguer les défenseurs, qui eux aussi ont leurs côtés préférés.
Plutôt constant malgré un jeu spectaculaire et des choix de tirs parfois contestables, Williams est peut-être la pièce supplémentaire qu'il fallait à la franchise canadienne pour équilibrer l'effectif entre un cinq bien déterminé (Johnson-Valanciunas-Ross-DeRozan-Lowry) et un banc un peu faiblard.
L'an passé, l'équipe bis de Toronto scorait 26.1 points par match (27ème de la ligue). Les remplaçants marquent désormais plus de dix points de plus (37.7, septième du championnat). En comparaison, les titulaires sont un peu moins efficaces (69.2 contre 74.8 l'an passé) mais c'est sans doute une force pour une équipe qui a besoin de stabilité.
Les Raptors ne sont pas forcément favoris face aux grosses écuries de l'Ouest, mais avec de telles ressources, ils prouvent qu'ils peuvent battre n'importe qui sur la distance. Ces dinosaures là ne sont jamais vraiment morts, et ceux qui sont cachés hors du parquet sont tout aussi dangereux.