Les salles les plus léthargiques de la NBA : Indiana Pacers

La Bankers Life Fieldhouse fut l' un des plus grands chantiers jamais entrepris aux Etats Unis. Les architectes y ont respecté le style rétro pendant que 1200 ouvriers s'affairaient. Et cela a duré 2 ans. Et maintenant alors me direz-vous...

Vous venez d' entrer dans un jeu d'un nouveau type. Comme un livre audio, laissez vous guider. Faites d' abord que la musique débute puis dévorez ces quelques lignes.

 

 

Indiana Jones, James Bond, Rocky Balboa, des noms qui résonnent dans notre imaginaire. C'est pourquoi Indiana attire souvent l'oeil lorsqu'enfant s'ouvre au monde féérique de la NBA. L'enfance, des sujets, des mots, des souvenirs... Très petit, j'eu vite horreur des puzzles préférant le cinéma ou les livres. On me les imposa pourtant alors que rugissaient les trilogies Star Wars ou Indiana Jones. Mettre bout à bout des pièces dans d'autres dans un but déjà défini... La pire chose que puisse souhaiter mon imaginaire, moi qui lasso à la main cherchait le Graal. L' Indiana devint parfois mon double dans ma maison étasunienne. Mais à présent, cet état comme sa franchise NBA sont à mes yeux détestables. Pourquoi ? Parce que mes jeux d'enfants y sont inscrits en filligrane. L'indiana est un puzzle. Et la Bankers Life Fieldhouse, la salle des Pacers d'Indianapolis ressemble à s'y méprendre au fruit de mon labeur sur la table du salon : une construction silencieuse.

 

Fondé en 1816, sans esclaves, alors que James Monroe (de la célèbre doctrine) rentrait à la Maison Blanche, l'Indiana est la terre des Indiens. Et, Indianapolis, sa capitale, se trouve exactement à son centre géographique. Vite une place centrale s'y impose (notre photo). Puis, autour de cette dernière, on s'inspire du plan à damier pour étendre la ville ce qui est un fait commun pour le pays. Cependant loin d'être un jeu d'enfant, les damiers, malgré leur simplicité apparente,  présentent des inconvénients. Ils rallongent dans une cité les temps de trajet sauf si on ouvre des « diagonales » pour circuler comme à Barcelone, Brooklyn ou Manhattan pour ne citer qu'elles. Mais surtout, les damiers morcellent la ville en cases ce qui a pour conséquences de diversifier mais aussi de complexifier les choses. Aujourd'hui, ainsi, l'économie, avec des activités diverses comme l'agriculture, la fabrication, les industries et les services (les banques) n'y échappe pas. Pour vous prouver qu'on trouve de tout partout , un chiffre. 206. Ce n'est pas la voiture qui pourrait faire référence aux 500 Miles mais plutôt les 206 parcs de la ville d' Indiana. 206 terrains de jeux avec des bacs à sable, des toboggans et des tape-culs... La région métropolitaine d'Indianapolis est encore composée de neuf comtés. Quelques 289 gouvernements locaux (9 comtés et 273 municipalités) ont été recensés en 1997, soit 17,5 par 100 000 habitants. La fragmentation de la région est plus élevée que la moyenne étasunienne. Autant vous dire que pour utiliser un langage courant, c'est un vrai bordel. Alors difficile de se déplacer. Et c'est un français qui apporte un peu de clarté dans ce grand " bordel ". À son lancement, qui aurait pu croire qu’Autolib’ puisse aller si loin de Paris ? L’Autolib’ d’Indianapolis ne s’est pas encore trouvé un nom. Mais clairement, cette exportation du concept d’auto-partage de Bolloré va permettre à Indianapolis de devenir la ville la plus "branchée" des Etats-Unis.

 

Avant de devenir branchés, les habitants de cette région sont dingues de sport et on y retrouve cette même fragmentation. D'abord, la culture du Sport Universitaire passe au premier plan derrière le Sport Professionnel. Ensuite, entre le Foot Américain et le Basket-Ball, le coeur de l'indien balance. Comme si c'était tantôt le ventricule droit, tantôt le ventricule gauche qui donnait le rythme plutôt que les deux quasi simultanément. En 1974, Larry Bird hésita entre Indiana State et Indiana University. Il choisit les premiers nommés. Mais à  Bloomington, les Hoosiers d'Indiana sont une véritable institution et les fans des " culs terreux ou paysans (autre signification de Hoosier et notre photo)" remplissent à chaque match leurs enceintes. Ce qui représente 18.000 spectateurs pour le Basket et 53.000 pour le Foot US. Notre Dame, aussi dans l'Indiana, possède une culture du Foot US extraordinaire avec un stade de 80.000 places plein comme un oeuf à chaque match. Joe Montana qui est au Foot US ce qu' est Michael Jordan pour la NBA vient de cette université. Au Basket, la salle attire encore 12.000 gentils dingues. Purdue, pour finir, l'Université du premier homme à avoir marché sur la lune Neil Armstrong, agglomère 77.000 fans, foot et basket compris chaque Week End. Si on ajoute les Colts (65.000 spectateurs qui ont un remplissage de leur stade de 100%), vous comprendrez que les Pacers peinent à afficher Sold Out même en menant la NBA au pourcentage de victoires. Vous comprendrez également qu' il n' y a pas de franchise ni en MLB (Baseball), ni en NHL (Hockey) car les spectateurs ne possèdent pas encore le don d'ubiquité dans l' Indiana. Le désamour partiel que subit la franchise de Paul George, Lance Stephenson ou Roy Hibbert pour ne citer qu'eux vient juste du contexte. Pourtant, la franchise adopte une politique attrayante sur les prix des places. Pour preuve, pour la réception de Boston, le 11 Mars, 5 dollars suffiront pour certains sièges. Face à Philadelphie le 17 du même mois, ce sera juste 3 .  L'ambiance dans le Banker Field House est parfois exeptionnelle, mais le plus souvent, les bruits des pas sur le parquet résonnent faute d'occupants, faute au morcellement. Si vous mettez 50 enfants devant un jeu, chacun doit attendre son tour. Et si son temps pour jouer n'est plus suffisant, il ne peut plus jouer. Atlanta, Phoenix, Philadelphie, Minnesota n'ont rien à voir avec Indiana. Mais ici ou ailleurs, qu'importe. Pourvu que l'imaginaire reste.