Le Wells Fargo Center, la salle empestée
ISB vous propose un feuilleton, tout l'été, sur les salles de la NBA. Aujourd'hui, notre rédaction s'arrête à Philadelphie au Wells Fargo Center.
Le prénom exact de l'inspecteur Harry Bosch est "Hieronimus" en souvenir du peintre hollandais du 16ème siècle. Ce personnage inventé de toutes pièces par Michael Connely a grandi avec des valeurs qui viennent d'une autre époque où l'on s'appuyait sur l'instinct. Ainsi, Connely, né à Philadelphie, se joue à LA de ses adversaires à l'instinct. Cela fait deux points communs avec une des figures de la NBA Kobe Bryant. Quand on sait que ce dernier a fui Phila et ne compte absolument pas y revenir pour y jouer un jour, des questions émergent. Mais pourquoi diable fuit-on Philadelphie ? La ville serait elle maudite ? Les salles empestent - elles ? On y voit des sièges vides...
- Streets of Philadelphia
Aujourd’hui, Philadelphie est la 5ème ville du pays avec une population de 1,5 million d’habitants. Centre historique et culturel majeur des USA, fondée en 1682 par William Penn, elle fut au 18ème siècle la ville la plus peuplée des treize colonies avant de devenir la première capitale des Etats-Unis de 1790 à 1800. Rapidement éclipsée par New York, elle perdit son statut de capitale au profit de Washington. Berceau de l’Indépendance Américaine, c’est ici qu’a eu lieu la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis le 4 juillet 1776 et la signature de la Constitution Américaine (1787). Au 19ème siècle, en raison de la mécanisation de l’agriculture dans le sud, des milliers d’Afro-Américains commencèrent à migrer vers le nord et Philadelphie devint l’une des destinations privilégiées de cet afflux. En 1950, Philadelphie atteignit son apogée démographique, avec un peu plus de deux millions d’habitants. Les problèmes sociaux s’aggravèrent avec la montée du chômage, la drogue et la violence. Les classes moyennes blanches fuirent le centre vers les comtés environnants : ainsi la ville perdit plus de 13 % de sa population dans les années 1970. Mais la ville était alors à la limite de la banqueroute, à l'instar d'autres grandes villes de la côte est comme New York, qui connut une crise et une situation de faillite similaire. Depuis, la situation du logement et de l'emploi s'est amélioré (en baisse depuis 1993), mais la violence reste toujours à un niveau élevé. Ainsi, en 2005, elle était à la 6ème place des villes de plus de 500 000 habitants les plus dangereuses Philadelphie est donc une ville qui compte et qui résonne tel un résumé, à elle seule, de ce que peut être la culture américaine et le sport américain. Ainsi, on compte tout à Philadelphie surnommée " la ville de l’amour fraternel ", qui fait partie des 13 villes qui possèdent quatre équipes appartenant aux ligues majeures des sports professionnels. Du basket avec les Sixers, du foot US avec les Eagles, du base-ball avec les Phillies et une équipe de Hockey les Flyers. Les Universités de Temple, Drexler, Villanova, St Joseph ou La Salle ne laissant pas leur part aux chiens. La ville a vu naître des personnages célèbres, comme l’actrice Grace Kelly devenue la princesse Grace de Monaco, les acteurs Kevin Bacon, Will Smith, Richard Gere, Bill Cosby, ou Kobe Bryant. Mais aucune chance de croiser l'un d'entre eux dans...
- Amour, gloire et beauté
Par contre, au Wells Fargo Center, pas impossible de voir les anciennes stars locales comme Charles Barkley, Moses Malone, Allen Iverson, Wilt Chamberlain ou Julius Erving. Certains pourront prétendre que cela ne vaut pas Grace Kelly, mais pas dégueux les invités ... Arrivée de Syracuse en 1963, rebaptisés 76ers en hommage, à l'indépendance de 1776, la franchise fait un carton dans l'enfance en étant Finalistes de conférence de 1965 à 1969 et même Champion NBA en 1967. À l'âge adulte, l'équipe atteint les playoffs de 1976 à 1991 sans interruption. Au passage, un titre NBA en 1983 et 7 bannières de Champion à l' Est sont glanées en 1977, 1978, 1980, 1981, 1982, 1983 et 1985. On se bouscule au Spectrum de 1967 à 1996. Mais avec la retraite, vient le temps des rhumatismes. Et quand on en a (des rhumatismes), on reste chez soi. Ainsi, sur une capacité de 21.300 places, la moyenne de spectateurs n'atteint que le chiffre de 13.500 cette saison. Pire, la Wells Fargo est la salle la plus vide de la Ligue. Pour une franchise historique, cela fait franchement pas terrible. Mais qu'en est-il des autres franchises de la ville ? Les Eagles, qualifiés pour les Wild Card en playoffs, remplissent leur stade tous les week end. Les Phillies, horribles en 2013, ont fait 37.000 spectateurs de moyenne et un pourcentage de remplissage classé au 8ème rang de la MLB. Les Flyers, 6ème de leur conférence en NHL, remplissent leur patinoire à 97 %. Les Sixers sont donc boudés. Le supporter de la franchise fait la gueule, il boude tel l'enfant roi à qui on refuse une sucrerie. Mais quelles sont les raisons de cette répulsion alors que les autres sports de la ville attirent ? Amour, gloire et beauté bat-il des records d'audiance sur la chaine TV locale ? Le Philadelphie Business Journal nous apprend plutôt que la moyenne des prix tickets est de 81 dollars soit à la 17ème position de la NBA, le Madison étant la salle la plus chère. Ce même journal s'est penché sur le prix des sodas et des saucisses .... pas très cher non plus !!! La Knacki la moins onéreuse se vend à Cleveland, la plus chère se commande elle toujours à New York ... alors c'est quoi ? Les fans semblent lassés de la politique versatile de la franchise. En effet, il y a un buzz négatif autour des Sixers. En matière de popularité, les Sixers sont le François Hollande de la NBA. Sam Hinkie est le énième GM qui a fait n'importe quoi cet été en envoyant Jrue Holiday à New Orleans. L'année d'avant, Andre Iguodala avait fait ses valises tout comme Lou Williams. Les Sixers ont changé trop souvent de figures, sur et en dehors du terrain. L'équipe a connu 9 entraineurs depuis le départ de Larry Brown en 2003. Résultat : les supporteurs leur font payer ! Pas si " ville de l'amour fraternelle " cette Philadelphie finalement...