Le vol des Kings
Durant la saison 2001/2002, les Kings arrivent en finale de conférence face aux Lakers, et repartent pleins de regrets après une série légendaire... Retour sur cette grande équipe qui n'a pas pu concrétiser.
La saison 2001/2002 des Sacramento Kings est la plus aboutie et la plus folle depuis des années pour cette franchise. Finalement, tout aura commencé par un transfert qui a fait couler beaucoup d’encre entre l’efficace Mike Bibby et le passeur extraordinaire Jason Williams, mascotte de cette équipe des Kings depuis plusieurs saisons. Un joueur efficace contre un magicien, les Kings seraient-ils devenus fous ?
Il faut aussi regarder du côté de la draft de ce même été 2001 avec l’arrivée d’un joueur que l’on connaît tous : Gerald Wallace, ce joueur vaillant mais limité qui aura fait quelques jolies saisons à Charlotte.
Le roster est ultra talentueux, composé notamment de Peja Stojakovic, Doug Christie, Vlade Divac, Bobby Jackson et la star Chris Webber, le tout, emmené par l’ancien entraîneur qui fit les joies de Portland durant plusieurs saisons : Rick Adelman. Cette équipe était vouée à réussir après le transfert du White Chocolate. Ce qu’elle fit remarquablement. Avec un jeu rapide et une très belle utilisation du ballon, Sacramento, décrocha le meilleur bilan de la saison 2001/2002 avec 61 victoires et 21 défaites. Devant les Lakers de Phil Jackson, excusez du peu !
Avec sept joueurs à plus de 10 points par matchs, et près de 109 points marqués par rencontres, les Kings dominent de la tête et des épaules ! Et ce malgré les premières blessures de Chris Webber qui n’aura joué que 54 matchs !
La légende de cette équipe va naître durant les playoffs.
Ils les débutent contre les Utah Jazz des vieillissant Karl Malone et John Stockton accompagnés d’un jeune espoir russe, Andrei Kirilenko, pour une série disputée mais remportée sur le score de 3 à 1 par la bande à Doug Christie ! Les demi-finales les attendent ! Avec les Mavericks en prochaine victime désignée.
Une série qui sera finalement vite pliée ! Le public a bien eu le droit au festival offensif qu’il pouvait attendre entre deux des équipes les plus spectaculaires de la ligue ! (Ah ce formidable duo Nash-Nowitski, aussi nuls en défense qu’extraordinaires en attaque !).
Se profile alors la série que tout le monde attend. Un formidable duel face aux champions 2000/2001, les Lakers de Phil Jackson emmenés par le duo le plus phénoménal de la ligue : Shaquille O’Neal- Kobe Bryant ! Une victoire face à ces ogres peut les amener en finale NBA avec le légitime statut de favori. Objectif, contenir Shaq dans la raquette ! Deuxième objectif : Limiter Kobe en attaque ! Vous avez dit facile ?
Le duel s’engage ! Duel qui restera dans la légende du Basket ! Duel en 7 manches !
Manche 1 : Les Kings chez eux, se font marcher dessus par le duo le plus sexy de la NBA. Jamais ils ne contiendront Kobe (30pts) et O’Neal (26pts) dans ce match finalement remporté facilement par les Lakers. Les Kings tirent la sonnette d’alarme, il faut absolument remporter ce match 2 à la maison, sinon, c’est la fessée assurée.
Manche 2 : Les Kings mettent fin à l’incroyable série des Lakers qui restaient sur douze matchs consécutifs gagnés en playoffs. Après un premier match déjà réussi, Webber (21pts /13rbs) accompagné de Mike Bibby, peuvent croire à l’exploit ! Victoire 96/90 malgré les 35 points et 13 rebonds de Shaq !
Manche 3 : L’exploit ! Ils battent les Lakers chez eux et récupèrent l’avantage du terrain ! Le duo Webber-Bibby fait des étincelles ! Christie sort un énorme match à leur côté et le tour est joué. Les Lakers, amenés par le seul Shaq ne parviendront pas à inquiéter Sacramento sur ce match remporté 103/90.
Manche 4 : Big Shot Bob est né ! Robert Horry, la légende des playoffs est née ce jour-là ! Il va faire basculer la série dans le surréalisme ! Dans ce match couperet, les Kings prennent le meilleur départ, mais les Lakers s’accrochent dans un match sulfureux ou le panier au buzzer à la mi-temps du joueur des Lakers Samaki Walker n’aurait jamais dû être validé ! Pourtant, ce n’est pas la fin du match ! Dans les dernières secondes, alors qu’ils sont derrières toute la partie, les Lakers ont l’occasion de revenir, mais ni Bryant, ni O’Neal ne mettent leur panier ! En voulant gagner du temps, Divac envoie la balle n’importe où, pensant remporter le match. La suite on la connaît ! La balle arrive dans les mains de Horry, derrère l’arc. Les Lakers sont à deux points. Il shoote. Il marque. Une légende est née. Une série d’anthologie apparaît.
Manche 5 : Dans un match 5 de retour à Sacramento, la bataille continue de faire rage, un match rugueux, serré, où on ne verra pas beaucoup de points marqués mais avec une intensité folle. Un match qui va une nouvelle fois se conclure à une possession d’écart. La chance va tourner. C’est Mike Bibby, auteur d’une série où son sang-froid a été précieux qui, à 8 secondes du terme, donne la victoire aux King. 92 à 91. 3 à 2 pour Sacramento. Il reste à finir le travail. A réaliser leur exploit.
Manche 6 : Le match le plus controversé... Au début du dernier quart-temps, le score est de 75 partout. Tout reste à faire mais l’avantage mental est du côté des Kings. Tout le monde le sait car pendant 12 minutes durant, les Kings se sont faits démolir, non pas par les Lakers mais par l’arbitrage !
27 lancers-francs en 6 minutes dans une finale de conférence ! C’est inimaginable ! Alors qu’ils agonisent, les Lakers se voient donner le match. 34 lancers-francs pour eux dans le quart-temps, 18 pour Sacramento. Un match volé. Un match controversé. Un arbitre condamné. Voilà ce qu’il faut retenir du match qui changea totalement le cours de la série.
La victoire du basket revient aux Kings, la honte s’abat sur les Lakers. Qui veut remporter un match comme celui-ci ? Personne. Ce jour-là, malgré le score de 3 à 3 entre les deux équipes. Tout était fini pour Sacramento. Tous les joueurs doivent ressasser cette journée noire où ils se sont faits humiliés par une mascarade d’arbitrage. Pourtant, sans cela, on ne se souviendrait pas de ces Kings, vaillants, méritants, excessivement doués et l’histoire n’aurait jamais été aussi belle. Car, finalement, après un match 7 perdu en prolongations qui donna encore plus d’ampleur à la performance des Kings cette année-là, ils ne pourront nourrir des regrets que sur ce match 6. Comment oublier un tel match ? Personne ne le sait, sûrement pas eux.
Le basket, c’est une histoire de victoires, mais c'est aussi une histoire de défaites. Les Kings sont des beaux vaincus. Ils font partie de la légende.