Le soleil se lève #7 : Bousculés, les Suns doivent aller au bout de leur rêve

Alors qu’un Match 5 de tous les dangers se profile cette nuit dans ces Finales NBA haletantes, on retourne à Phoenix pour essayer de comprendre comment ces Suns pourraient rebondir vers le rêve de premier titre, après deux revers frustrants.

La peur a changé de camp. Après deux premiers matchs où Phoenix aura dominé de la tête et des épaules ces Bucks sans idée défensivement, le voyage à Milwaukee aura totalement inversé la donne. Derrière leur public enflammé, les Bucks ont très bien fait fonctionner l’avantage du terrain pour égaliser à 2-2 et relancer le suspense dans cette Finale NBA géniale d’intensité et d’adaptations tactiques à chaque seconde. Le retour à Phoenix va donc s’effectuer sur un Match 5 où personne ne voudra perdre, afin de ne pas apercevoir le précipice. Le scénario aurait pu être différent, mais les Suns ont bel et bien gâché une avance de 9 points dans le dernier quart temps après un contre fantastique de Giannis Antetokounmpo et une perte de balle évitable de Chris Paul. Comme l’a très bien dit le double MVP grec en conférence de presse après son exploit, un athlète ne doit que penser au présent, avec humilité, pour performer. Alors quelles sont les clés à Phoenix pour que les Suns reprennent le contrôle de leur destin ? Eléments de réponse.

 

 

Notre premier argument est aussi le plus évident de tous, mais même à égalité dans cette série, les Suns gardent un avantage déterminant, celui du terrain. En ayant effectué une saison régulière excellente, les joueurs de Phoenix auront en cas de Match 7 décisif le public dans la poche, dans une ambiance de corrida qu’on ose à peine imaginer. Ce scénario semble aujourd’hui tout à fait probable, et le public de l’Arizona a prouvé depuis 2 mois à quel point il pouvait être électrique. A quel point il pouvait peser sur les matchs aussi. On a notamment vu Giannis Antetokounmpo être impacté par la foudre qui s’abat sur lui à l’heure de tirer ses lancers-francs, assourdi par un décompte devenu rituel. Il avait tiré à 18/30 sur la ligne lors des deux premiers matchs, 17/25 lors des deux derniers. Dans une série au meilleur des 3 matchs désormais, les Suns ont la garantie de jouer deux fois à la maison dans le pire des cas, bien qu’ils aient bouclé à deux reprises leurs séries au Match 6 à l’extérieur sur ces playoffs (contre les Lakers et les Clippers). Ce public si important dans les matchs les plus stressants d’une vie pour bon nombre de ces joueurs sera essentiel pour porter des performances et maintenir la détermination de certains joueurs des Suns, comme chez Deandre Ayton dont on imagine bien la réaction qu’aurait eu le nouveau Footprint Center de Downtown Phoenix sur ce contre ravageur.

 

 

 

La bataille intérieure et la conquête de la raquette ont bien sûr été les éléments les plus décisifs de cette série de playoffs depuis le premier jour. Le retour des Bucks est d’ailleurs passé par là dès le Match 3, où un Deandre Ayton en foul trouble, forcé à peu jouer, aura condamné son équipe. La blessure de Dario Saric dès le début de ces finales aura clairement réduit le champ des possibles pour Monty Williams, condamné à jouer ultra small-ball en l’absence de Deandre Ayton sur le parquet, et donc forcé à tirer la corde un maximum chez le Bahaméen vu l’impact d’un certain grec en face de lui. C’est assez simple, pour que les Suns soient champions NBA, Ayton ne peut plus jouer seulement 24 minutes dans un match comme lors du troisième duel de ces finales, c’est-à-dire qu’il ne doit plus faire de fautes ou presque. La propreté absolue, voilà ce qu’il doit viser, tout en restant régulier dans ses performances. Lors des deux victoires de ces Bucks, le duel intérieur a été amèrement perdu par Phoenix. Sur les deux derniers matchs, les Suns sont menés 30 à 11 dans la conquête des rebonds offensifs, presque une humiliation à ce niveau. Toutes ces secondes chances offertes à Milwaukee ont causé les défaites, puisqu’avec 19 tirs en plus à disposition dans le Match 4, ces Bucks ont pu se permettre un peu plus de maladresse au tir.

 

Au-delà de Deandre Ayton, c’est toute la défense des Suns qui doit au maximum rester disciplinée face à un Giannis Antetokounmpo foudroyant depuis son retour de blessure. Tant mieux, on veut des Finales avec des effectifs à 100% ou presque, et on les a ! Alors on ne demande pas aux Suns d’arrêter Giannis, car c’est plutôt impossible, mais de rester disciplinés, concentrés, avec toujours plus d’intensité pour l’écarter de sa raquette de prédilection. Par exemple, un peu plus d’aide défensive ne serait pas de tout refus pour un Ayton ou un Jae Crowder qui se retrouvent toujours seuls sur lui, condamnés à subir sa force. Monty Williams doit aussi un peu moins utiliser sa défense de zone, clairement inefficace lors des deux derniers matchs dont Giannis n’a fait qu’une bouchée. Pour l’instant, le double MVP tourne en 32.3 points, 14 rebonds, 5.5 passes, 1.8 interceptions et 1.5 contres par matchs dans ces finales, à 65% au tir réel. C’est une performance All-Time, et les Suns vont devoir passer au-dessus de ça pour écrire leur légende, et non pas celle de Giannis. Pour l’instant, avantage Antetokounmpo avec ce contre d’anthologie à la fin du Match 4 qui restera gravé dans l’histoire de la ligue comme un des plus beaux contres de l’histoire, dans le jugement, la rotation, la mobilité et la puissance qu’a déployé le grec pour empêcher Ayton de finir un Alley-Oop déjà tout cuit. Les mots manquent.

 

 

 

Dans un second temps, le duel des backcourts est l’autre clé de cette série, ou plutôt l’affrontement de Jrue Holiday face aux deux All-Stars de Phoenix, Chris Paul et Devin Booker ! Le meneur des Bucks est clairement rentré dans la tête de CP3 lors du dernier match, avec le scénario dramatique qu’on connait des dernières minutes décisives. Avec seulement 10 points (5/13) et 5 ballons perdus, Chris Paul a complètement déjoué face à l’intensité défensive de Holiday, et ça ne devra plus arriver si les Suns veulent finir cette série victorieusement. Booker a été absolument légendaire lors du dernier match, mais les Suns ne peuvent plus se permettre de le voir inscrire 42 points sur les 103 de l’équipe comme c’était le cas en 2017 dans des temps bien plus obscurs. Son meneur va devoir l’aider, et retrouver sa froide détermination à systématiquement punir l’adversaire sur pick and roll et à mi-distance. Jrue Holiday a fait grimper son intensité certes, mais un joueur du standing de Chris Paul peut surmonter ça. En attendant, Devin Booker a perdu l’un des matchs de sa vie, en montrant sur certaines séquences qu’un Holiday de feu pouvait bien faire tout ce qu’il souhaitait en face, mais c’était insuffisant face à la magie d’un Booker en mission contre le monde. C’est eux contre nous comme dirait Laylow sur son dernier album.

 

 

 

Enfin, le facteur mental va évidemment jouer un rôle primordial dans cette fin de série à couteaux tirés. Lors de leurs deux défaites, ces Suns ont trop souvent péché dans leur détermination à gagner, laissant ces Bucks au bord du précipice totalement relancer ces finales. Désormais, le coup de pied aux fesses a été donné, et une réaction digne de ce nom à Phoenix sera attendue. Giannis Antetokounmpo et Khris Middleton sont seulement le troisième duo dans l’histoire NBA à marquer 40 points chacun en Finales NBA après LeBron James et Kyrie Irving, et avant eux Kareem Abdul-Jabbar et Magic Johnson. Pourtant, on ne peut pas dire que Khris Middleton malgré tout son talent arrive à la cheville des joueurs cités juste au-dessus. Il n’est pas inarrêtable. Ces Bucks qui ont tiré à 24% de loin lors du Match 4 ne le sont pas non plus. C’est bel et bien à l’intérieur que se joue la série, dans le duel Ayton/Giannis bien sûr, mais aussi dans la combativité et le hustle dont ces Suns ont manqué cette semaine. Quand on combine les paniers sur seconde chance, interceptions et contre-attaque, les Bucks ont collé un 47-6 aux Suns dans le dernier affrontement, tous ces sectuers ne dépendent que d’une chose, l’envie de gagner. Le Match le plus important de l’histoire des Suns arrive cette nuit, et les Suns peuvent garder la main, sous réserve de retrouver une détermination collective à toute épreuve, avec un trio de leaders prêts à jouer leur meilleur basket en même temps des deux côtés du terrain. On laisse alors le dernier mot à Monty Williams, très inspiré après ce Match 4, pour emmener ses Suns jusqu’au titre NBA, pour la première fois de leur histoire. L’occasion n’a jamais été aussi galvanisante, aussi belle, aussi proche.