Le poncif ‘’il n’y a plus de bons pivots’’ est-il vrai ?

On voit tellement de NBA, on en parle tellement, que certains éléments de ce sport ne sont plus remis en cause.

ll y a des poncifs dont ne sait plus s'ils reflètent ou non la vérité. Prenons l'affirmation "il n'y a plus de bons pivots aujourd'hui en NBA!". Qu'en est-il exactement ? Ce petit dossier va nous permettre non seulement de s’intéresser au niveau des pivots d’hier et d’aujourd’hui, mais aussi de réfléchir à l’évolution du jeu.

 

Les années 2000 ont été marquées par Shaquille O'Neal et Tim Duncan. Les 90 par Hakeem Olajuwon et David Robinson. Les 80 par Kareem Abdul-Jabbar, Moses Malone, Kevin McHale... Les 60-70 par Bill Russell, Wilt Chamberlain et un certain Lew Alcindor (Abdul-Jabbar avant qu'il change de nom). La NBA a connu de grands pivots qui ont fait gagner des titres à leur franchise... Ces dernières saisons cependant, les champions ne possédaient pas de pivot extrêmement dominant. Pensez à Miami et Dallas où l'on attendait des pivots n'ont pas qu'ils soient des menaces offensives mais juste de gros défenseurs... 

Cependant à y regarder de plus près, il est possible de se demander si les très bons pivots ont toujours été légion dans la grande ligue. Les Bulls de Michael Jordan et Phil Jackson n'en possédaient pas vraiment et cela ne leur a pas empêché de gagner 6 titres. Et durant les années 90 il y avait des pivots importants, mais pas tant de pivots dominateurs que cela. En dominateurs il y avait Hakeem, Shaq et Patrick Ewing, voir Robinson, et ensuite il y avait de très bons pivots comme Alonzo Mourning, Vlade Divac, Dikembe Mutombo... Bref sur une dizaine d'années, il est impossible de trouver une vingtaine de très bons pivots NBA.

 

Aujourd'hui, malgré ce que l'opinion commune semble laisser entendre, il y a de bons pivots en NBA. Des centers avec qui une franchise peut clairement viser les Playoffs, voire même davantage suivant le profil de l'équipe. Jugez plutôt : Marc Gasol, Joakim Noah, Pau Gasol, Dwight Howard, Nikola Vucevic, Tim Duncan, Nikola Pekovic, Al Jefferson, Roy Hibbert, Andre Drummond, Omer Asik, Andrew Bynum, Marvin Gortat, DeAndre Jordan, Anthony Davis... Ces pivots, qui ne sont pas nécessairement les plus grandes stars de la ligue, peuvent faire la différence et pour toute franchise il vaut mieux les avoir avec que contre soi. Ils sont tellement indispensables que tous ont obtenus ou vont obtenir des contrats mirobolants.

 

 

Le niveau des pivots n'est pas aussi mauvais que ce que l'opinion générale laisse entendre. C'est le basket NBA moderne qui force les équipes à changer leur manière de jouer. Pour preuve, depuis environ dix ans, la ligue a plus ou moins modifié ses règles pour favoriser un jeu plus offensif et rapide. Une autre preuve peut-être ? Avez-vous remarqué que depuis quelques saisons que les pick’n’rolls ne se réalisaient plus uniquement avec des grands. Par exemple LeBron James aime jouer le pick’n’roll avec Mario Chalmers, Kevin Durant avec Russel Westbrook. Kobe Bryant le faisait aussi avec Derek Fisher en Finals 2010. De ce fait, le poste de pivot, le poste 5, a dû s'adapter et évoluer. En attaque son rôle est devenu bâtard, les joueurs extérieurs faisant la plus grosse part de la création. Jouer sans pivot est même devenu de moins en moins rare.

 

 

Le jeu des années 90, porté pas de grosses défenses et des pivots à vocation offensive est donc révolu. Les pivots reçoivent moins le ballon poste bas. De là, les observateurs de la NBA en ont conclu que les pivots étaient désormais mauvais en majorité. Cette affirmation est fausse et l'on ne tente plus de l'analyser : le niveau général du poste 5 est peut-être un peu moins fort qu'il y a 20 ans, mais dire que les bons pivots ont disparu est faux. Ce qui a disparu, c'est le jeu qui favorisait le "vrai" pivot, celui des années 90.

 

De plus, cette pratique n’est pas seulement vérifiée en NBA. Le jeu FIBA commence à être touché par une modification du rôle du poste 5. Cette tendance est moindre qu’en NBA, mais existe. Prenons les équipes nationales, en 2010, le vainqueur des championnats du monde fut les Etats-Unis qui jouaient souvent sans pivot. Même chose lors des JO 2012. Cela ne concerne pas que les Ricains, la France jouant souvent sans pivot (mais avec Florent Pietrus et Boris Diaw s’occupant de la raquette). Ce n’est qu’un début pour l’Europe, leur rôle du pivot va forcément évoluer de manière conséquente.