Larry Johnson Vs Paul Millsap
Duel de génération compare une star actuelle avec son alter-ego du passé. Cette semaine, on s'attarde sur le cas Paul Millsap qui nous fait étrangement penser à ce bon vieux Larry Johnson. Projecteurs aujourd'hui sur l'ailier des Hawks et l'ancien Hornet.
Plus on regarde Paul Millsap jouer, plus on a envie de lui consacrer un duel de génération. C'est aujourd'hui chose faite et on en profite pour lui coltiner un autre ailier explosif dont on voulait parler. Sylvain défend aujourd'hui le Hawk contre David (à peine plus grand que Muggsy) qui entre sur le terrain accompagné de Larry Johnson.
- Round 1 : Apport Offensif
Sylvain : Au centre des rumeurs de trades courant janvier, on a pu mesurer ainsi l'immense cote de Paul Millsap dans la Ligue. La plupart des franchises lui faisant les yeux doux pour attirer l'un des meilleurs postes 4 en NBA. Sous-estimé par la plupart des journalistes, le faucon a pourtant l'envergure d'un Franchise player ou d'un lieutenant chez un prétendant au titre. Son problème de popularité ne date pas d'aujourd'hui. A la sortie de son lycée en Louisiane, la Grambling High School, Paul n'est classé qu'au 31ème rang des power forwards du pays. Autant dire que les plus grandes universités ne se bousculent pas devant sa porte. Qu'importe, il reste dans son état natal et s'engage à Lousiana Tech. Petite fac mais gros temps de jeu. Millsap explose les statistiques du campus et s'adjuge trois fois d'affilée le titre de meilleur rebondeur universitaire... une première dans l'Histoire. Malgré ses 18.6 points, 12.7 rebonds et 2 blocks de moyenne, il pointe très loin derrière les gros prospects NCAA.
La draft 2006 va confirmer la tendance. Dans une cuvée très faible, Paul n'est choisi qu'à la 47ème position par le Jazz. Il intègre la franchise mormone en compagnie de deux autres rookies, Ronnie Brewer et Dee Brown. Ces derniers tomberont rapidement dans l'oubli bien que sélectionnés plus haut que notre Polo. A mi-parcours, Millsap est déjà considéré comme l'un des steals de cette draft. Ses stats sont, certes, encore balbutiantes (6.8 points et 5.2 rebonds) mais il gagne la confiance du mythique coach Jerry Sloan qui l'installe dans ses rotations. En 2007, le Jazz fait figure d'épouvantail à l'Ouest mené par un Deron Williams encore fringuant et un Carlos Boozer à son top. Paul va connaître l'ivresse d'une finale de conférence dès son année rookie. Mais, repartira vaincu par les Spurs, futurs champions.
Les saisons suivantes, sa courbe de progression est constante. Il profite même de la blessure de Boozer en 2009 pour intégrer le 5 majeur et montrer toute l'étendue de son talent : 16.0 points 10.3 rebonds. Paul est abonné aux playoffs et l'homme fort du banc mormon. En 2010, Utah opère une mutation. Sloan est remplacé par Tyrone Corbin et Boozer envoyé aux Bulls. Le champs est libre pour Polo désormais qui s'installe durablement dans la raquette de Salt Lake. En novembre, il accomplit sa plus grosse performance avec 46 points contre le Heat dont 11 dans les 28 dernières secondes. Il passe le cap des 17 points et 8 rebonds de moyenne tout cela dans un relatif anonymat, le Jazz n'étant pas sous les feux des projecteurs.
Free agent en 2013, Paul se décide à quitter les montagnes de l'Utah pour parapher un contrat de 2 ans chez les Hawks. La signature ne fait pas la Une de la presse. Quitter Salt Lake pour la Georgie n'est pas forcément le move le plus glamour, surtout que le même jour Dwight Howard arrivait aux Rockets. Pourtant, Millsap ne va pas regretter longtemps son changement de conférence. Atlanta a nommé un nouveau coach aux manettes, Mike Budenholzer, qui instaure un système ultra-collectif dans la pure tradition de l'école Spurs. Polo devient la pierre angulaire des schémas tactiques grâce à sa polyvalence. Il s'empare du commandement au scoring et au rebond tout en suppléant Jeff Teague dans la création. Sans faire de bruit, il s'invite à son premier All-Star Game en février. Un statut qu'il ne quittera plus depuis.
Abonné aux playoffs avec les Hawks, Paul va même connaître une saison 2015 complètement folle qui se soldera par le meilleur bilan de la Conférence Est avec 60 victoires. Un record pour la franchise des faucons ! Au cours du mois de janvier, Paul et les siens marchent sur la Ligue en enregistrant 19 victoires pour aucune défaite. La suite, on la connaît malheureusement : deux sweeps de suite contre les Cavs de LeBron James et le départ des cadres, Jeff Teague, Al Horford et Kyle Korver.
David : Après avoir survolé les débats en NCAA à Las Vegas, Larry Johnson avait largement convaincu les scouts NBA. Les Rebels sont champions NCAA en cette année 1990 et la toute récente équipe NBA des Hornets a besoin d'une star. C'est donc tout naturellement que Charlotte sélectionne LJ avec son First Pick en 91, deux places devant Dikembe Mutombo.
Mais Charlotte ne regrettera pas d'avoir snobbé le géant Congolais puisque Larry se fait tout de suite sa place en NBA. Ses 19.2pts, 11rbds et 3.6pds de moyennes pour son premier exercice lui offrent bien entendu le titre de Rookie of the Year. Dans cette équipe très faible, Johnson a largement pu dominer et gonfler ses stats... Mais il lui faut du renfort pour amener Charlotte au sommet. Ce sera chose faite dès 92 avec la draft. Si Shaquille O'Neal passe sous le nez de Charlotte, ils récupèrent tout de même le grand Alonzo Mourning avec leur second pick.
Ce duo d'intérieur explosif et puissant fait tout de suite des étincelles. Muggsy Bogues, le lutin d'1m59 complète ce Big Three incroyable en distribuant son lot de passes décisives aux deux géants. Les Hornets sont maintenant une équipe de playoffs, Larry et Zo' marquent tout les deux plus de 20pts par matchs.
Pourtant, si statistiquement, le duo a l'air d'aller bien, Johnson et Mourning ne s'entendent pas. Leurs conflits conduisent à l'éviction de Bad Zo' qui continuera sa carrière à Miami. Sans le pivot, Johnson reste toujours aussi dominateur mais ne permet plus à Charlotte de jouer les post Season. En 1996, il est transféré à New York contre Anthony Mason.
Avec les Knicks, Johnson fait équipe avec un autre grand pivot des années 90, la bête Patrick Ewing. Les blessures ont affaibli LJ ces dernières années et la balle va en priorité sur Pat', ce qui entraîne une grosse diminution au scoring pour Larry. Il passe de 20 à 12pts de moyennes mais continue d'exister en donnant de la voix, en passant un pallier défensivement et même en se dégotant un shot à 3pts !
Après cinq ans passées à plein régime avec Charlotte, Larry Johnson freine un peu ses goinfreries de points et de rebonds avec NYC les cinq saisons qui suivront. C'est pourtant pendant cette période moins faste qu'il atteindra les finales NBA en 99... qu'il perdra contre David Robinson et Tim Duncan des Spurs. Johnson termine sa carrière en tant que Knick en 2001... son corps ne pouvant plus tenir le rythme suite à de nombreux pépins physiques.
Résultats : 1-0 pour Larry Johnson. Granmama était percutant dès son arrivée en NBA avec près de 20pts de moyennes. Un chiffre que Millsap n'a toujours pas atteint.
- Round 2 : Polyvalence et Leadership
Sylvain : La grande force de Millsap, c'est de peser dans tous les compartiments du jeu. Depuis son arrivée à Atlanta, il est bien sûr le leader offensif de la franchise (17.4 points) mais aussi aux rebonds avant la signature de Dwight Howard (8.4 prises) tout en étant le second playmaker de l'équipe (3ème meilleur passeur de la Ligue chez les postes 4). Une polyvalence qui fait de lui le rouage principal du collectif des Hawks. Cette saison, Atlanta sans Paul Millsap, c'est 3 victoires pour 10 défaites ! Quand il est sur le parquet, les Hawks ont un différentiel de +2.1 points et de -6.1 lorsqu'il est sur le banc. Pas étonnant, dans les systèmes de Budenholzer, Paul est le piston entre le jeu intérieur et extérieur d'Atlanta.
Et que dire de la défense ! Depuis plusieurs saisons, Millsap fait partie de l'élite de la Ligue dans ce domaine. L'an dernier, il figurait dans le Top 15 aux interceptions (1.8 steal) et aux contres (1.7 block). Cinquième meilleur protecteur d'arceau (selon le site Nylon Calculus), le Hawk déborde d'énergie dans la raquette et a logiquement intégré la NBA All-Defensive Second Team en 2016. Une sorte de Draymond Green du pauvre capable de défendre efficacement sur des ailiers filiformes grâce à sa mobilité ou des intérieurs plus robustes.
David : Malgré les blessures qui ne lui ont pas permis de boucler plus de deux saisons en double-double de moyenne, Larry Johnson était un excellent rebondeur pendant sa période Hornet. Il bondissait régulièrement pour voler le ballon dans les mains des grands pivots... et on sait tous qui étaient ces grands pivots des années 90 !
Avec les Knicks, ses stats au scoring et au rebond ont largement baissé mais LJ a su montrer qu'il pouvait évoluer en s'adaptant.
Mais à New York comme à Charlotte, Larry montrait sa polyvalence en étant correct en attaque, en défense et même à la passe.
Résultats : 1-1. Le point est pour Millsap ici qui sait se montrer efficace dans tous les secteurs à la fois. LJ a fait évoluer son jeu mais n'a jamais réellement été bon en attaque ET en défense la même année.
- Round 3 : La technique
Sylvain : Se coltiner Paul Millsap en défense est un cauchemar. L'intérieur des Hawks est un touche à tout qui peut tout aussi bien s'écarter pour shooter au large, jouer en isolation ou poster son adversaire dans la peinture. C'est d'ailleurs dans ce domaine qu'il excelle : l'an passé, Paul était le second joueur le plus efficace au poste en rapportant 1.05 point par possession. Et si jamais son vis à vis est dépassé, la sanction peut s'avérer impitoyable. Monté sur ressorts, le Hawk n'a pas son pareil pour postériser les adversaires avec des tomars bien sentis.
Mais le secteur où Paul est le plus coriace, c'est en défense, un rapace de grande envergure qui a fait de l'interception sa marque de fabrique. Le faucon est un passé expert dans ce que l'on nomme the rip steal. Millsap attend patiemment que son vis à vis lui montre un bout du cuir pour allonger ses longs bras tel l'éclair et s'emparer du précieux sésame. Une technique qui a fait ses preuves lui permettant d'être le meilleur voleur de ballons à son poste entre 2013 et 2016.
David : Larry est l'Amar'e Stoudemire (ou le Blake Griffin pour les jeunes) des années 90... Son jeu ultra explosif était électrisant et incroyable à regarder. Avant sa première blessure, on le considérait avec Shaq comme le futur de la NBA tant il était complet avec ses matchs à plus de 20 rebonds ou 40 points.
Malgré tout, Johnson a su évoluer et rester utile pour son équipe grâce à un gros Q.I basket qui lui a permis de rentrer dans le moule à NYC malgré sa baisse de niveau.
Voici les Highlights de Granmama et vous comprendrez aussi ce qui lui a valu ce surnom incroyable !
Résultats : 2-1 pour Millsap qui passe devant. Plus subtil que l'agressif Granmama, Millsap a montré qu'il n'était pas qu'un gros bourrin.
- Round 4 : Impact sur le basket et vie extra-sportive
Sylvain : All Star établi depuis quatre saisons, Paul Millsap n'en reste pas moins, l'un des joueurs les plus sous-coté en NBA. Plusieurs raisons à cela : il est le Franchise player d'une équipe dont la fanbase n'est pas la plus bruyante et la plus active ; son style de jeu aussi propre et efficace soit-il, est loin d'être le plus sexy dans la Ligue ; le collectif est la principale force d'Atlanta au détriment des grosses performances individuelles de ses cadres. Sans les statistiques qui rappellent l'impact que Millsap peut avoir sur un groupe, le Hawk serait encore considéré comme un bon joueur parmi tant d'autres. Ni plus, ni moins. Hors parquet, Paul ne fait jamais de vagues. Un charisme proche de l'huître qui n'est pas l'idéal pour conquérir le cœur des fans. Même en interview d'après-match, c'est bien sa fille qui braque tous les regards en ne se laissant pas faire pas Dennis Schroder !
David : Puisque Metta World Peace est légalement un nom et non un surnom... Larry Johnson a sans doute le pseudo le plus WTF de l'histoire de la NBA avec Granmama.
En dehors de cette anecdote, on retient surtout de Larry sa période Hornet avec Muggsy et Zo. Le trio a rendu l'équipe de Charlotte des années 90 "bankables" et c'est grâce à ces trois là que les maillots turquois se sont si bien vendus.
Larry Johnson, c'était avant tout un showman, un joueur qui montrait à chaque action ce qu'il avait dans le ventre avec ses actions époustouflantes d'explosivité. On retiendra aussi qu'il est l'un des rares à avoir oser tenir tête à Alonzo Mourning. L'énergumène devait être sûr de lui pour se prendre le chou avec une telle montagne de muscles !
Résultat : 2-2, face au parfois ennuyant Millsap, difficile de ne pas donner le point au showman Johnson qui a marqué une époque.
- Round 5 : Les distinctions personnelles
Sylvain : Millsap a mis du temps à gagner ses galons de All Star. Sa première année dans l'Utah lui a quand même permis d'intégrer la NBA All-Rookie Second Team en 2007. Depuis son arrivée à Atlanta, Paul ne déroge pas au Match des Étoiles avec 4 participations consécutives. Ses efforts en défense ont été récompensés l'an passé par une sélection dans le second cinq défensif de la Ligue. Sur le plan collectif, ses deux apparitions en finale de conférence (Ouest avec Utah et Est avec Atlanta) se sont soldées par des échecs cuisants.
David : En NBA, le palmarès de Larry n'est pas à la hauteur du niveau du bonhomme... Mais Johnson n'a pas non plus à rougir. Il est ROY et second du Slam Dunk Contest en 92, il sera deux fois All-Star et dans la All-NBA Second Team en 93. Il accède également aux Finales NBA en 99.
Il se rattrape collectivement avec une médaille d'or avec Team USA lors du championnat du monde à Toronto en 94.
Résultats : 3-2, score final en faveur de Paul Millsap ! On a tendance à privilégier les titres collectifs mais la médaille d'or au Mondial de Toronto ne fait pas le poids cette fois pour LJ. Millsap est encore jeune mais a déjà deux fois plus de sélections au All-Star Game que Johnson, on attend de voir la suite mais ça semble prometteur ! Avec 11 saisons au compteur, Millsap a déjà dépassé les 10 qu'a joué Johnson avant de prendre sa retraite anticipée.
Article rédigé par Sylvain Hermer et David Kalmes
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