L'artillerie lourde est sortie pour la course au tanking

Cette année, un nombre record d’équipes se sont lancées dans une course effrénée vers la dernière place. La course au tanking est déjà lancée !

Tous les ans, nous assistons au même spectacle. Alors que la plupart des équipes se battent férocement pour arracher une place en playoffs ou alors un de meilleurs spots pour la postseason, certaines veulent gagner le moins de match possible pour atteindre les profondeurs du classement. Le but ? Obtenir une plus grande probabilité d’avoir le meilleur choix à la prochaine draft dans l’espoir d’obtenir un jeune talent qui pourra relancer la franchise.

 

En début d’année, Adam Silver avait fait une proposition auprès des propriétéaires de franchise afin de réformer la règle de la loterie de fin d’année. Cette réforme avait été votée favorablement à presque l’unanimité (seul le propriétaire du Thunder avait voté contre, et celui des Mavs s’était abstenu). Pour rappel, la nouvelle règle stipulait que les trois derniers du classement disposeraient de la même probabilité d’obtenir le pick numéro 1. De plus, l’équipe la plus mal classée était assurée d’avoir l’un des cinq premiers choix. Par cette règle, la volonté du commissioner était claire : freiner cette course au tanking qui fausse celle aux playoffs et donne un spectacle triste à voir en fin de saison.

 

Et pourtant, cette année, c’est tout l’inverse qui se passe. Chicago, Brooklyn, Memphis, Orlando, Atlanta, Dallas, Phoenix, Sacramento. Toutes ces équipes se tiennent en à peine 4 victoires avec les Mavs, les Suns et les Hawks en tête (enfin derniers, bref vous comprenez). Si la situation en reste là jusque la fin de saison, ce serait du jamais vu. D’ailleurs chez les fans on ne se cache même plus, la défaite est presque impérative à chaque match. On a pu voir par exemple beaucoup de réactions des fans des Bulls qui étaient furieux que leur équipe ait perdu gagné face à Orlando, un concurrent direct vers le bas du classement. Même les journalistes commencent à en plaisanter.

 

 

La question que l’on doit se poser est simple. Comment en est-on arrivé là alors que la NBA a expressément changé la règle pour éviter ce genre de situation ? Une meilleure draft que les années précédentes qui poussent à tout sacrifier sur une saison ? Passons en revue les principaux éléments celle de 2018 qui s’annonce être une draft d’intérieurs. Les deux principaux d’entre eux sont Marvin Bagley et Deandre Ayton, polyvalents et intelligents qui tournent à peu près à 20 points et 10 rebonds sur plus de 30 minutes. Du côté des meneurs nous avons Luka Dončic, 18 ans, qui par son intelligence de jeu et son génie s’est tout simplement imposé dans l’une de meilleures équipes d’Europe, à savoir le Real Madrid. Autant dire que le gamin en a plein les mains et seul le physique lui manque pour l’instant. Enfin, en ailier nous pouvons citer Michael Porter Jr. , joueur athlétique mais dont la grosse blessure cette année laisse planer beaucoup de doutes sur son réel potentiel. Cette draft nous réserve donc quelques beaux talents mais sans doute pas assez, à elle seule, pour justifier cette ruée vers la dernière place.

 

Une autre explication pourrait venir de Philadelphie. Car durant quatre saisons, on s’est ennuyé comme jamais au Wells Fargo Center. Les Sixers ont fini deux fois derniers et deux fois avant-derniers de leur conférence entre 2013 et 2017. Le résultat ? De très bons choix de draft avec en tête Joel Embiid (3ème en 2014) et Ben Simmons (1er en 2016), des coups bien sentis avec T.J. McConnell, Dario Šarić ou encore Robert Covington, et en quatre ans le process a fait que les Sixers sont passés d’une équipe qui était la risée de la ligue à une équipe jeune contre qui personne ne veut tomber en playoffs cette année et dont l’avenir est prometteur. Des exemples comme cela, il en existe très peu car dans un sens les blessures longue durée d’Embiid et Simmons en début de carrière ont maintenu les Sixers au fond du classement pendant plusieurs années de suite et ceci leur a permis d’obtenir plusieurs joueurs de grand talent par la draft. Mais toute la hype qui entoure l’équipe de Philadelphie doit sûrement inspirer quelques propriétaires de franchise qui doivent se dire qu’il n’est peut-être pas plus mal de chercher les tours de draft si les playoffs ne sont pas clairement en vue.

 

Ceci nous amène donc à un dernier point, qui est la différence de niveau presque jamais vue entre les équipes « playoffables » et les autres. Nous vivons dans une ère de la NBA où les regroupements de stars dans une même équipe ne sont plus surprenants, où lorsque l’on regarde les réseaux sociaux aller juste en playoffs ne semble plus être important. Prenez l’exemple des Clippers, Chris Paul en tête, qui n’ont jamais atteint la finale de conférence et qui n’ont donc pas validé le cap qui aurait fait d’eux une équipe de gagnants. De ce fait, si se battre pour gratter des matches par ici ou par là ne compte plus pour les fans, quel intérêt de le faire ? La NBA roule aujourd’hui à deux vitesses, il y a les dragsters devant, et derrière on préfère sortir les chenilles du tank et reconstruire par la draft car sans cela, il parait presque impossible de pouvoir rivaliser un jour avec les meilleurs. Seuls les gros marchés tels que les Lakers ou les Knicks peuvent espérer en faire autrement, et c’est d’ailleurs peut-être pour cela que ces équipes ne sont pas (encore ?) dans les dernières places de la ligue.

 

Cette course au tanking est en soi assez symptomatique des problèmes de la NBA actuelle. Trop de différence de niveau entre les équipes, entre les conférences et c’est un tas d’équipe qui préfèrent regarder vers le bas que vers le haut. Essayons malgré tout d’analyser qui va remporter cette course à la dernière place. Un favori qui se dégage est Phoenix. Dans une conférence Ouest ultra-relevée, les Suns ne jouent plus que quatre matches (Memphis, Sacramento, Atlanta, Dallas) contre des concurrents directs. Pour le reste, ça s’annonce être des formalités pour l’équipe qui n’a remporté que 18 matches jusque-là, même si on a déjà vu des matches de relâchement de leur part comme le 7 janvier où ils ont gagné contre le Thunder, leur pire performance de la saison probablement. Les Hawks gardent eux le rythme avec un calendrier tout aussi avantageux et une ambition non dissimulée quand on voit qu’ils arrivent à aligner un cinq majeur avec Malcolm Delaney, Tyler Dorsey, Taurean Prince, John Collins, Dewayne Dedmond. Attention aussi à la remontée de Sacramento dont les fans sont très exigeants en cette fin de saison.

 

 

Vous l’aurez compris, les équipes se tiennent dans un mouchoir de poche et après tout il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Que le meilleur perde !