Kyle Lowry, la pire déception de la saison
À l’origine de la chute presque attendue des Raptors au premier tour des Playoffs, le meneur All-Star n’a pas assumé son statut.
Une saison gâchée. Pendant deux mois, il a été l’un des tous meilleurs joueurs de la ligue. L’homme le plus dangereux de la conférence Est, à la tête de la meilleure équipe. Un hiver plus tard, son équipe s'effondre au premier tour des Playoffs. Kyle Lowry est montré du doigt pour son inefficacité sur le terrain. Une dégringolade au cours de laquelle il a emmené avec lui son équipe.
- Une saison à deux vitesses
La saison de Toronto ne pouvait mieux commencer : un départ en trombes (24v -7 d) avec un effectif très varié et ultra motivé, mené par un Lowry en mode All-NBA. Celui-ci va même limiter la casse quand DeMar DeRozan quitte la scène pour un mois, avec ses 22,3 pts, 4,2 rbds, 8,9 passes sur le mois de décembre 2014.
Mais à l'aube de 2015, la fatigue commence à se sentir et le jeu des Raptors, de plus en plus prévisible. Le road trip à l'ouest est un premier coup d'arrêt. Progressivement les Canadiens perdent leur facilité à scorer : 107.7 points par rencontre en décembre, 104.0 en janvier, puis 93.6 en février !
Pour illustrer cette transition, il n'y a qu'à voir le nombre de matchs où Kyle Lowry a inscrit 20 points et 5 passes cette saison. 21 fois, dont 13 lors des deux premiers mois. Au moins 10 passes ? 13 fois cette année, dont neuf sur 2014. Quant à sa réussite aux tirs, elle est clairement liée à la dynamique des Raptors. Il pouvait shooter à 30 % en début de saison, il comblait tous les autres aspects du jeu et mettait en valeur les qualités de ses coéquipiers. Après l'absence de DeRozan, ne pouvant pas vraiment compter sur Lou Williams pour distribuer le jeu, son efficacité est devenue primordiale et malheureusement très variable.
Malgré le retour des Hawks puis Cavs, les Raptors tiennent le coup jusqu'au All-Star weekend, mais lorsque Lowry voit sa santé se dégrader, Toronto est incapable de rester sur une dynamique positive (1 victoire en 10 matchs entre le 21 février et le 10 mars). Alors quand DeRozan trouve enfin son rythme fin mars, début avril, c’est à son tour de se retrouver seul. Du coup, les Playoffs arrivent à un moment de flottement. On ne sait plus qui est le leader de l'équipe alors même que le front office et les fans se mettent au trash-talking face aux Wizards.
Preuve de ce phénomène : jamais Lowry n'a été aussi indispensable, avec un usage rate de 25,4% cette saison (c'est à dire qu'il a pris part à un quart de toutes les phases de jeu des Raptors, un record en carrière), et pourtant, il n'est que troisième de l'équipe dans ce domaine, derrière DeRozan et Williams.
- Un retour forcé
Kyle l'ancien Rocket a forcé son retour pour ces Playoffs, mais n'a jamais pris le bon train. Plus que le physique c'est le mental qui n'a pas fonctionné : les shoots ne font pas mouche, même sous l'arceau, trop de mauvaises passes, bref un jeu brouillon et trop agressif (4.5 fautes en moyenne sur le premier tour).
Etonnamment, c’est dans la raquette que l’attaque des Raptors trouve un semblant de salut : Amir Johnson (114), Patrick Patterson (132) et Jonas Valanciunas (108) sont les seuls joueurs à avoir apporté plus de 100 points pour 100 possessions en quatre matchs. DeRozan a produit un ratio offensif de 96, et Lowry de 82. Des stats encore impensables il y a quelques semaines.
- Seul au monde
Le principal défaut de Lowry, c'est d'être pratiquement le seul chef d'orchestre de cette équipe : DeRozan est un maître pour travailler son propre shoot, capable de rediriger le jeu vers les autres, mais il ne crée pas de séquence ; Williams est un artiste solo dont les coups de génie sont identiques à ces coups de folie. Le reste de l'effectif est composé de couteaux suisses, d'intérieurs capables de shooter à 3 points et d'energy men.
La star des Raptors, sous contrat pour encore trois saisons (36 millions), a manqué de mordant, n'a pas semblé maîtriser son rôle pendant ses courts Playoffs, mais surtout n’a pas sur être un leader défensif. Un manque d’implication qui s’est fait ressentir tout le long de la saison laxiste de Toronto : 10ème défense la plus efficace l'an dernier, 25ème cette année. Lowry n'est pas un joueur assez remarquable et original pour être un vrai franchise player autour duquel on base un système. Il peut être un leader au sein d’une petite structure, et l'a prouvé, mais il faut lui donner les bonnes cartes.
Toronto manquait cruellement de caractère et de rigueur pour passer un tour de Playoffs, mais les bonnes pièces sont là. Il leur faut de juste la discipline et de l'orgueil. Kyle Lowry n'est pas John Wall ou Kyrie Irving, mais il a réussi à nous faire croire qu'il pouvait jouer à leur niveau. Il ne faudra pas s'étonner s'il nous surprend à nouveau en début de saison prochaine.
Article rédigé par Manu Perreux