Kevin Love à Cleveland, un mauvais choix tactique

À l'heure où (beaucoup) trop de personnes s'extasient devant le futur big three des Cleveland Cavaliers, les San Antonio Spurs doivent se frotter les mains. En effet, si sur le papier l'association Irving-James-Love en fait baver plus d'un, la qualité du jeu et les résultats risquent d'être plus délicats. C'est bien beau d'associer des joueurs de talent, mais si dans les faits ils sont incompatibles, leurs adversaires les plus futés n'en feront qu'une bouchée. 

Entouré de joueurs plus que corrects et d'un coach légendaire en la personne de Rick Adelman, Kevin Love s'est montré incapable d'emmener son équipe en Playoffs. Un manque de leadership pointé du doigt par Ricky Rubio mais trop souvent masqué par des stats offensives impressionnantes qui rendent aveugle bon nombre de fans et de journalistes. Intérieur doté d'un bon physique et d'un toucher hors du commun, Kevin Love passe sa vie en dehors de la raquette à prendre des tirs. En 2013/2014 il a tenté en moyenne 6,6 trois points par match, à titre de comparaison Ray Allen en prend 5,8 de moyenne sur l'ensemble de sa carrière. Dans le détail de sa sélection de tir, on se rend compte qu'il a pris 597 tirs dans la raquette (dont 359 sous le panier) contre 825 à l'extérieur (dont 505 trois points). Est-ce vraiment ce dont les Cavaliers ont besoin ? D'un intérieur qui ne pèse pas dans la raquette ? Chaque fois que Kevin Love pose un écran, c'est pour ouvrir en retrait et tirer. Ce n'est pas bête en soi car quand LeBron James pénètre, il attire l'attention d'au moins deux défenseurs. Le problème, c'est que cela risque vite d'être stéréotypé vu l'addiction de Love au shoot extérieur. Et poser un double écran -un qui s'ouvre et un qui s'écarte-, n'y changera rien puisque ni Varejao ni Thompson ne sont des joueurs dangereux sur le pick and roll. Les défenses s'adapteront rapidement en conséquence pour museler le duo Love-James soit en zone soit en plaçant un ailier mobile sur l'ancien des Wolves. 

 

Vous êtes sceptiques par rapport à ce que nous venons de mettre en avant. C'est normal. Mais il vous sera impossible de le soutenir à présent car nous allons parler défense.  À quoi bon inscrire 26 points par match si c'est pour derrière en concéder 30 ? Défensivement, Kevin Love est synonyme de passoire. Avec lui, les Timberwolves avaient la pire défense de la NBA sous l'arceau, laissant leurs adversaires inscrire 65% de leurs tirs près de l'anneau. Au tir global, Minnesota est la 3e pire défense, tolérant 47% de réussite. Kevin Love ne dissuade absolument pas les tirs -deux fois moins de contres quand il est sur le terrain-, ne conteste pas ses vis-à-vis et n'a absolument aucun sens du placement défensif. La preuve en images.

 

Ne vous trompez pas, je ne prends aucun plaisir à écrire dans la même phrase Kyrie Irving et Mo Williams. Cependant, je crains le pire. LeBron James porte beaucoup trop le ballon, il joue comme un faux meneur, dribble énormément, se déplace balle en main pendant plus de 10 secondes... Rendant presque inutile son coéquipier supposé jouer meneur. Aussi bien à Miami qu'à Cleveland, il a forcé tous ses meneurs à devenir exclusivement des shooteurs longue distance. Kyrie Irving est un excellent shooteur qui risque de se transformer en Mo Williams, c'est-à-dire un meneur de jeu qui laisse le ballon à LeBron James et qui attend sagement une passe pour artiller derrière la ligne. Un rôle qui réduirait considérablement son apport réel pour les Cavs. Kyrie a besoin de dribbler et de jouer ses un-contre-un en isolation (presque 1/5 de ses tirs). Un style qu'il ne pourra plus pratiquer avec LeBron James à ses côtés. Soyons honnête, vous voyez LeBron rester debout tranquillement dans le corner, regarder son partenaire faire des grigris ?