James Worthy vs Paul Pierce

Duel de génération compare une star actuelle avec son alter-ego du passé. Comme Kobe Bryant l'an passé, Paul Pierce vient de terminer sa tournée d'adieu. The Truth Tour s'est achevé au premier tour des playoffs. L'occasion pour Inside Basket de rendre hommage à l'ailier celte en lui opposant une de ses idoles de jeunesse, James Worthy.

L'idée de confronter Paul Pierce, icône de Boston, à un joueur des Lakers est naturelle. Une rivalité historique que The Truth ne connaît que trop bien. Originaire de Los Angeles, Pierce a passé la majorité de sa carrière dans le camp ennemi. Enfant, il a été bercé par le showtime californien. Une période durant laquelle James Worthy était la pointe de l'attaque angeline. Pour ce duel de Hall of Famer, le Laker de cœur, David représentera Worthy contre Sylvain, le fan des Verts, qui s'occupera de Pierce.

 

 

David : Quand on a la chance de jouer avec Michael Jordan en NCAA, ça permet évidemment de bien débuter sa carrière. James Worthy était déjà efficace avant l'arrivée de sa Majesté, Freshman à l'époque, mais c'est avec lui et Sam Perkins que North Carolina emportait le titre en 1982. L'ailier totalise sur ses trois années de fac des moyennes de 14.5pts et 7.4rbds, des bases solides pour s'inscrire à la draft.

 

James avait tapé dans l'oeil du staf des Lakers qui le sélectionnent avec le premier pick de la draft 1982. Dans cette draft, quelques beaux talents comme Fat Lever, Mark Eaton, Ricky Pierce, Eric Floyd ou Terry Cummings... mais surtout Dominique Wilkins choisi en 3ème !

Pour son année rookie, il n'est titulaire qu'une seule fois en 77 matchs. Pourtant, en 25 minutes de moyennes, Worthy donne 13pts et 5rbds de moyennes, ce qui le mènera dans la la All-Rookie First Team. Mais tout n'est pas rose non plus puisque les Lakers perdent leur titre face aux Sixers de Moses Malone et Julius Erving... le tout avec un sweep !

Mais Worthy est maintenant la troisième star des Lakers avec Magic Johnson et Kareem Abdul-Jabbar, les hommes de Pat Riley se lancent dans la reconquète du titre. Worthy devient titulaire au cours de sa seconde saison et augmente légèrement ses stats. Les Lakers atteignent encore les finales mais contre les Celtics cette fois. Larry Bird scellera le sort des Angelenos pour apporter une bague de plus au palmarès de Boston au terme d'un match 7 de toute beauté.

C'est en 1985 que la situation se débloque pour L.A.  Worthy est maintenant à 16pts de moyennes et le trio de stars qu'il forme avec Magic et Jabbar fonctionne à plein régime. Ils prennent leur revanche contre les Celtics en Finales et Magic soulève le titre de MVP des finales. Re-Belotte deux ans plus tard, toujours face aux Celts, mais c'est Kareem qui est élu MVP. James Worthy attendra quant à lui son troisième titre pour tenir son trophée de Finals MVP, prenant enfin sa revanche contre les Sixers. 

Pendant cette période et jusqu'en 92, James Worthy est un attaquant de haute volée qui alterne entre les postes d'ailier et d'ailier fort en donnant 20pts par matchs. Mais après 88, les Lakers ne gagneront plus de titre pendant quelques temps. On entre dans la période de domination des Pistons, des Rockets et surtout des Bulls. Il faudra attendre les arrivées de Kobe Bryant et Shaquille O'Neal pour relancer L.A. Entre temps, Big Game James avait déjà pris sa retraite bien méritée. 

 

Sylvain :  C'était sans doute l'année de trop pour Paulo aux Clippers. Il tenait absolument à finir sa carrière là où tout a commencé, à Los Angeles. Natif d'Oakland, il grandit dans la banlieue angelinos à Inglewood. Il n'a d'yeux que pour les Lakers emmenés par Magic Johnson et James Worthy. Un fan, oui, mais pas encore un joueur de basket. Au lycée, Paul est snobé pour manque de physique et de taille. Il entre par la petite porte à la Inglewood High School. Quatre ans plus tard, à force de travail, il fait partie des meilleurs prospects du pays. Il intègre l'université de Kansas, l'une des places fortes de la Big 12 Conference. Avec Jacques Vaughn et la star de l'époque Raef LaFrentz, Paulo forme l'une des meilleures équipes que les JayHawks aient connu. Malheureusement, il ne parviendra jamais en finale NCAA. Au terme d'un cursus de trois ans et d'une ligne de stats très propre (16.4 points, 6.3 rebonds et 2.2 passes), il se déclare éligible à la draft de 1998.

 

Son profil NBA ready a de quoi séduire, pourtant Pierce voit Michael Olowokandi prendre la tête de la draft. Même son co-équipier LaFrentz lui passe devant avec le choix n°3. Finalement, il sera sélectionné à la 10ème position par les Celtics, l'ennemi juré de son équipe de cœur. Qu'importe, Paulo est bien décidé à faire son trou dans la Ligue. Dès son année rookie, il s'impose comme la troisième menace celte, derrière Antoine Walker et Ron Mercer, avec 16.5 points de moyenne. A cette période, les C's sont dans le creux de la vague et n'ont plus passé un tour de playoffs depuis 6 ans. Sous les ordres de Rick Pitino, Pierce prend vite le leadership de l'équipe. Si Walker reste l'artilleur patenté de Boston, c'est bien Paulo le go-to-player en fin de match. Sa combativité dans le money time gagne le cœur des fans. Tout aurait pu s'arrêter là, juste avant sa troisième saison, Pierce reçoit 11 coups de couteau en boîte de nuit. Il ne doit sa vie qu'à l'épaisseur de sa veste.

Au lieu de s'apitoyer sur son sort, Paulo revient plus fort que jamais en franchissant la barre des 20 points avec 25.3 unités. Ses efforts sont enfin récompensés en 2002. Il gagne sa première étoile de All Star et emmène sur ses larges épaules, les Celtics en playoffs. Avec 25 points de moyenne post-saison, il porte Boston jusqu'en finale de conférence contre les Nets. Lors du Game 3, il impulse un comeback incroyable en inscrivant 19 points dans le dernier quart pour emporter le morceau. Mais trop esseulé, il plie en 6 matchs.

Avec le départ de Walker en 2003, Paul est désormais seul aux manettes des C's. Le roster manque clairement de profondeur et s'en remet au seul talent de l'ailier. Il porte encore Boston à trois reprises en playoffs. En 2006, il va même inscrire plus de 30 points lors de 7 matchs consécutifs, un record pour la franchise !

 

Boston plafonne dans le ventre mou de la conférence Est. Les coachs se succèdent, Jim O'Brien, John Carroll... L'arrivée de Doc Rivers en 2004 va cependant faire souffler un vent nouveau. En compagnie du general manager Danny Ainge, il concote l'un des tours de passe-passe les plus fameux de la décennie. L'arrivée en 2007 de Kevin Garnett et Ray Allen change la face de la NBA. Le Big Three marche sur la Ligue dès sa première saison. Pierce passe en dessous des 20 points de moyenne mais se venge en Finale contre les Lakers en s'adjugeant le titre de MVP. Vaincu par plus fort que lui, Shaquille O'Neal le prénomme à cette occasion, The Truth. Un surnom qui ne le quittera plus. Les Lakers prendront leur revanche sur les C's en 2010 en arrachant le titre dans une des séries les plus serrées de l'Histoire. Le départ en 2012 de Ray Allen sonne le glas de cette période dorée pour Boston. Et après 15 ans de bons et loyaux services chez les Celtes, Pierce décide lui aussi de changer d'air.

A 36 ans, il tente un coup de poker en signant chez les Nets en compagnie de Garnett. L'association avec Deron Williams et Joe Johnson ne prendra pas. Brooklyn dépose les armes en demi-finale contre les Tres Amigos du Heat. La saison suivante, Paulo pose ses valises à Washington. Discret en saison régulière, il redevient The Truth en playoffs en assassinant les Raptors au premier tour et en faisant presque plier à lui seul les Hawks en demi finale. Ces coups d'éclat seront ses derniers. Les deux dernières saisons chez les Clippers ressemblant plus à une pré-retraite.

 

Résultats : 1-0 pour Paulo. Pierce est un attaquant encore plus percutant que ne l'était Worthy. Bien sûr, PP34 a pu profiter de son statut de leader plus vite pour marquer alors que James partageait la gonfle avec deux légendes du jeu. 

 

 

David : Besogneux et acharné, Worthy n'était pas aussi showman que son pote Magic. Pourtant, c'est en partie grâce à James qu'Earvin Johnson avait le champ libre pour faire le spectacle. Worthy était plus appliqué et plus sérieux que les autres joueurs du Showtime, mais même sans être sous les projecteurs, était un maillon essentiel de cette équipe des Lakers trois fois championne. Utile des deux côtés du panier, Worthy AKA The Silent Assassin tuait tranquillement le match à coup de bonnes décisions et d'éclairs de génies. Avec 17pts, 5rbds, 3pds et 1ints de moyennes en carrière, James donnait dans tous les secteurs du jeu.

Bien entendu, avec Jabbar et Magic à ses côté, il est facile de jouer les Leaders mais Worthy a continué à donner de la voix même après les départs des deux légendes.

 

Sylvain : Réputé pour ses talents offensifs, Paul Pierce n'est pas qu'un scoreur. Chez les Celtics, Paulo c'est 10 triple double et 159 double double. Une présence dans toutes les catégories statistiques qui témoignent d'un jeu ultra-complet. Avec plus de 7 rebonds en 2003 et 5 passes en 2004, The Truth est l'homme à tout faire de la maison verte avant la construction du Big Three. Son nom est sur toutes les tablettes des C's : 7ème meilleur rebondeur de la franchise, 5ème passeur, 4ème contreur et meilleur intercepteur.

S'il n'a jamais intégré une NBA All-Defensive Team, The Truth n'en reste pas moins un garde du corps plus que correct. Pour peu que son adversaire le défie dans ce domaine, Pierce sait mouiller le maillot pour lui mener la vie dure. Son physique robuste peut encaisser les coups et son esprit de compétition le galvanise quand il affronte des stars comme LeBron James ou Kobe Bryant.

Côté leadership, The Truth est un exemple dans la Ligue. Il est le corps, l'âme et l'esprit des Celtics. Même dans la période creuse de la franchise, il ne s'est jamais plaint, préférant tomber les armes à la main. Une fidélité en vert envers et contre tout de plus en plus rare dans la NBA actuelle. Même lorsque le Big Three s'est formé, c'est bien Paul qui gardait le rôle de leader.

 

 

Résultats : 1-1, Ce round est pour James Worthy, en terme de leadership, les deux hommes ont été capable de diriger une équipe même avec deux autres all-stars à leurs côté. Worthy est pourtant un cran au dessus en ce qui concerne la polyvalence en étant plus régulier aux rebonds notamment. 

 

 

David : James Worthy est tout simplement considéré comme l'un des meilleurs joueurs dos au panier de l'histoire de la NBA. Avec ses 2m05 et ses très bonnes mains, il avait les armes pour déjouer la plupart des adversaires sur les deux postes d'ailier. Feinte, layup, bras-roulé, fadeaway, dunks, tous les moyens offensifs étaient bon pour Worthy quand il s'agissait de marquer, ce qui le rendait très difficile à défendre. Couplez cette efficacité à la présence de Magic et Jabbar et vous comprenez pourquoi le trident offensif des Lakers était si dur à contenir. 

 

 

Sylvain : Il faut bien dire la vérité, The Truth n'est pas un monstre athlétique. Sous ses allures de faux lent, il maîtrise, en revanche, tous les fondamentaux à la perfection. Surtout, plus que quiconque, Pierce sait se créer son propre tir. Un départ en dribble, un petit coup d'épaule pour se défaire de son défenseur et Paulo n'a plus qu'à exécuter son fameux step back pour un tir létal. Une trajectoire souvent exagérée en cloche mais qui filoche pour le plus grand plaisir des fans. Un move signature répété des milliers de fois. Si d'aventure son adversaire se montre plus coriace, il utilise sa palette invraisemblable de feintes pour obtenir le And-One. Un instinct de scoreur sur-développé qui trouve son paroxysme dans le money time. Pierce vit pour ses moments où sa clutchitude éclabousse les autres. Des tirs décisifs plantés toute au long de sa carrière dont les plus célèbres restent sa banderille contre les Bulls dans le Game 5 en playoffs 2009, son shoot climatiseur dans la salle du Heat lors des playoffs 2010 et son dernier buzzer beater avec les Wizards, une prière envoyée du haut de ses 37 ans au dessus de trois Hawks.

 

Résultats : 2-1 pour Pierce. Le Celtic est tout bonnement incroyable en terme de technique à n'importe quel endroit du terrain. Seul le fait d'avoir joué en même temps que Kobe et LeBron a pu faire oublier à quel point il était fort individuellement. 

 

 

David : Déjà champion NCAA avec le futur dieu du basket, Michael Jordan. Worthy a aussi eu beaucoup de succès en NBA avec les Lakers. Il a ajoué sept finales et est triple champion NBA, MVP des finales en 1988 (avec un triple double dans le Game 7 s'il vous plaît) et 7 fois All-Star. James a aussi été sélectionné deux fois dans la All-NBA Third Team. Au delà ce ça, Worthy, c'est surtout 12 saisons pleines en NBA avec 17pts de moyenne dont 7 à près de 20pts de moyenne et sa plus petite moyenne à 10pts par matchs lors de sa dernière saison. 

 

Sylvain : Paul Pierce a marqué la franchise celte au fer rouge. Il est le second scoreur alltime derrière John Havlicek, le leader pour les tirs à 3 points marqués, les lancers francs inscrits. Avec sa bague de champion au doigt, il fait déjà mieux que les plus grands ailiers de sa génération comme Vince Carter ou Tracy McGrady. Sur le plan individuel, The Truth c'est un titre de MVP des Finales, une nomination dans la NBA All-Rookie First Team, 10 sélections au All Star Game avec un titre du Three Point Shootout arraché en 2010, une apparition dans la All-NBA Second Team et trois dans la Third Team.

 

Résultats : 2-2, Worthy égalise grâce à ses trois titres de champion bien évidemment. 

 

 

David : Digne représentant du Showtime, Worthy a marqué les souvenirs avec ses dunks rageurs et ses paniers à l'arrachée. Il suppléait parfaitement deux des meilleurs joueurs All-Time que sont Magic et Jabbar. Ses Goggles ont autant marqué les esprits des fans que celle de Jabbar justement. Ses numéros 52 et 42 ont été retiré respectivement par North Carolina et Los Angeles. Triple champion NBA et MVP des Finales en 88, Worthy a fait largement plus qu'une grande partie des autres Hall of Famers de la NBA dont nombreux sont les sans-titres. 

Worthy a aussi marqué les esprits en dehors du parquet avec ses phrases magiques comme lorsqu'il a dit "avoir été meilleur que Michael Jordan... durant trois semaines." Encore plus drôle, il a aussi joué le rôle d'un Klingon dans la série Star Trek.

Après sa carrière de joueur, il s'est reconverti en tant que commentateur TV et est aujourd'hui l'un des principaux commentateurs de le chaine de Los Angeles pour les matchs des Lakers. 

 

Sylvain : A peine ses baskets raccrochées, Pierce est assuré d'avoir son maillot au plafond du TD Garden et une place de choix au Hall of Fame. Une évidence pour un joueur transgénérationnel qui fait le pont entre la période Jordan et la NBA actuelle. Paul Pierce a tout connu : la fin de règne de His Airness, la domination de Kobe, les Tres Amigos de Miami et le small ball de la Baie. Sur le plan individuel, Paulo n'a jamais fait mieux qu'une All-NBA Second Team, n'a jamais vraiment été dans la discussion pour le titre de MVP. Pourtant son éternel bandeau et sa coudière au bras gauche resteront dans les mémoires. Même s'il a exporté son talent aux Nets, Wizards et Clippers, Pierce reste un Celtic. Une franchise à laquelle il a redonné ses lettres de noblesse après plusieurs décennies de disette. Une franchise qu'il incarne au même titre que les Bill Russell, John Havlicek et Larry Bird. Un comble pour le jeune fan des Lakers qu'il était. Paul Pierce c'est cela, un grand écart entre les générations, entre la West Coast et la East Coast. Avec 26.397 points, Paulo est le meilleur scoreur californien de l'Histoire NBA dont la plupart ont été inscrit avec les C's, l'ennemi intime.

 

Résultats : 3-2 pour Paul Pierce. Quand un Laker et un Celtic se croisent en finale, c'est souvent le Celtic qui l'emporte, il en va de même pour ce round final. Worthy est bien entendu une légende de ce jeu mais il a la plupart du temps était le troisième membre d'un Big Three incroyable. Pierce a toujours été LA star de ses Celtics, même quand Ray, Kevin et Rajon excellaient à ses côtés. 

 

Article rédigé par Sylvain Hermer et David Kalmes
 

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