Houston Rockets 2021-2022 : Le roi est mort, vive le roi !
Une page se tourne à Houston. Le départ de James Harden très tôt la saison dernière a conduit à une saison de transition peu enthousiasmante. Après une Draft active, cette saison c’est le jour un, celui qu’on retient.
- SAISON 2020-2021
L’exercice précédent a marqué un tournant historique dans l’histoire des Houston Rockets. James Harden a quitté le Texas après 9 ans d’un mariage heureux, victorieux, et tumultueux dans sa conclusion. Les Rockets ont perdu leur enfant chéri, celui arrivé en 2012 comme un timide 6ème homme scoreur en devenir, reparti en 2020 comme l’un des tout meilleurs joueurs de la ligue accompagné d’un titre de MVP dans une saison entrée dans le Top 10 des meilleurs marqueurs de l’histoire. Rien que ça. Il fallait donc assumer une transition douloureuse en le départ imprévu de la barbe.
Ce scénario catastrophe que Houston a tout tenté pour éviter a ainsi causé des chiffres dramatiques sur le plan comptable, alors que les Rockets avaient imaginé leur effectif pour qu’il reste compétitif et à la hauteur de la compétition à l’Ouest. 55 défaites pour seulement 17 victoires, circulez, il n’y a rien à voir. Après des débuts encourageants à 11 victoires en 20 matchs, le départ de James Harden a fait l’effet d’une bombe. 20 défaites d’affilée sont à compter entre début février et début mars dans un marasme basketballistique grisonnant. La suite fut du même acabit, avec un tanking agressif qui finira par leur offrir un second choix de Draft dont on risque de se féliciter pendant un bon bout de temps.
Malgré ça, l’effectif a proposé quelques signes encourageants. Stephen Silas a évolué dans le pire contexte possible pour démarrer une carrière de coach en chef, mais nombre de personnes en coulisses ont salué ses qualités humaines et tactiques. Sur le parquet, la signature de Christian Wood restera une réussite sur le court terme, et le trophée de Most Improved Player lui tendait les bras s’il n’avait pas subi une grosse blessure en pleine saison. Les surprenants rookies Jae’Sean Tate et Kenyon Martin Jr ont également affiché de belles promesses pour devenir des role players intéressants dans une équipe compétitive. Au-delà de ça, Houston s’est contenté de pratiquer la politique de la terre brulée adaptée au monde du sport. N’utiliser que des joueurs promis à des CDD courte durée (30 joueurs ont porté le maillot de Houston en une saison seulement !), qui vont participer aux défaites de l’équipe sans que cela gêne l’avenir qui se construit, à quelques exceptions près.
- LES MOUVEMENTS DE L’INTERSAISON
Départs : Avery Bradley, Sterling Brown, Cameron Oliver, Kelly Okynyk, Cam Reynolds, DJ Wilson
Arrivées : Josh Christopher (Draft), Usman Garuba (Draft), Jalen Green (Draft), Matthew Hurt (Draft), Daishen Nix (Draft), Alperen Sengun (Draft), Daniel Theis
- L’EFFECTIF
Meneurs : John Wall, Dante Exum, DJ Augustin, Daishen Nix
Arrières : Eric Gordon, Jalen Green, David Nwaba, Josh Christopher, Kevin Porter Jr
Ailiers : Jae’Sean Tate, KJ Martin, Anthony Lamb, Troy Williams
Ailiers-Forts : Christian Wood, Danuel House, Usman Garuba, Matthew Hurt
Pivots : Daniel Theis, Alperen Sengun
- LE 5 MAJEUR
PG : DJ Augustin, SG : Jalen Green, SF : Jae’Sean Tate, PF : Christian Wood, C : Daniel Theis
Comme dans toute équipe en reconstruction, il est très difficile d’imaginer avec exactitudes les contours de la rotation choisie par Stephen Silas fin octobre prochain. On peut en revanche se baser sur sa première saison dans le Texas et les points forts de l’été à Houston pour imaginer les joueurs de confiance de ces futurs Rockets nouvelle génération. Sur la ligne extérieure, la concurrence semble vraiment ouverte sur le poste du meneur. Tous les bruits en coulisses semblent indiquer que John Wall est plus sur le départ que jamais, après une première saison en anonyme sans équivoque sur l’avenir sur le long terme (inexistant) qui l’attend dans la franchise. Alors, l’expérimenté DJ Augustin devrait tenir la corde pour rassurer son coéquipier sur le backcourt, à moins que Dante Exum montre enfin une capacité à ressusciter lors du training camp. Sur le poste 2 aucun doute en revanche, c’est le numéro 2 de la Draft 2021 qui débutera en la personne de Jalen Green ! Il est le visage de la franchise sur le long terme, celui qui est destiné à devenir le nouveau James Harden, même si on ne souhaite certainement pas commencer les comparaisons trop hâtives. Il devra porter l’équipe sur ses épaules à seulement 19 ans, et au-delà des résultats, peu importants, c’est sa capacité à dominer qui sera surveillée.
Sur les trois postes du frontcourt, l’équation semble un peu plus simple à mettre en place avec 3 noms qui semblent se dégager, mais il faut rappeler que toute certitude ne l’est pas vraiment dans une équipe en reconstruction où la forme du moment primera sur tout. Christian Wood, fort de son expérience professionnelle haute en couleurs et de ses 2 dernières saisons en explosion statistique et efficiente, devrait être un homme de base dans le dispositif Silas, titulaire sur le poste 4. On attendra de lui qu’il continue d’apporter son impressionnante verticalité en défense, et son arsenal offensif toujours plus complet, idéal dans le rôle du stretch four moderne. Le tout jeune Jae’Sean Tate devrait l’accompagner sur les ailes. Dans une équipe en reconstruction, les joueurs de complément, bagarreur et impliqués dans un collectif comme lui sont absolument essentiels et Silas l’a très vite compris la saison passée puisqu’il fut le joueur le plus utilisé à Houston, rien que ça ! KJ Martin aura son mot à dire, mais semble plus adapté pour impacter au scoring en sortie de banc. Enfin, Daniel Theis sera sauf surprise le titulaire en puissance dans la raquette. Seul recrutement de l’été après la Draft, le solide pivot allemand aura le rôle d’encadrer cette jeunesse avec son sérieux et sa rigueur dans l’effort collectif, qui ne sont plus à prouver, un investissement malin.
- LE BANC
Une bonne grosse soirée d’intégration mémorable comme ce mois de septembre sait tant nous les offrir, voilà à quoi devrait ressembler le banc des Rockets lors de la saison à venir ! Majoritairement composé de rookies sélectionnés à la Draft 2021, ce banc devrait être un vrai théâtre d’expérimentations en tout genre où la prime à l’effort et aux promesses confirmées sera omniprésente. Avec pas moins de 6 rookies, dont 5 destinés à démarrer sur le banc dans un premier temps, cette rotation sera importante pour très vite apercevoir quels choix seront payants, et lesquels ne le seront pas. Dans un style très similaire, Josh Christopher et Kevin Porter Jr devraient se livrer une guerre sans merci sur les postes 1, 2 et 3. L’attraction turque Alperen Sengun sera aussi observée de près après une Summer League très enthousiasmante. Annoncé comme un pivot à l’européenne très technique avec des qualités physiques sous-évaluées, il n’est pas impossible de le voir exploser très rapidement et grignoter un temps de jeu conséquent. Pour rappel, on parle là d’un joueur déjà professionnel, qui arrive dans la grande ligue avec un titre de MVP du championnat turc.
- LE JOUEUR à SUIVRE : KEVIN PORTER JR
Jusqu’à aujourd’hui, la carrière de Kevin Porter Jr a ressemblé à de vraies montagnes russes aux perspectives systématiquement impossibles à anticiper, alors est-ce que cela peut changer cette saison ? Rien n’est moins sûr. Cependant, jamais Kevin Porter Jr n’a évolué jusqu’à présent dans un environnement aussi favorable à sa progression autant sur le terrain qu’en dehors. Oublié en fin de premier tour de la Draft 2019 pour causes de graves troubles en dehors du terrain à l’université, KPJ avait malheureusement confirmé ces inquiétudes en restant très vert dans sa tête à Cleveland. C’est d’ailleurs la raison qui l’a éloigné des Cavs après un incident de trop dans les vestiaires pour une simple histoire de changement de casier. Après un passage par la G-League, ce sont les Rockets qui ont tenté le pari la saison passée, à raison ! Avec 16 points par match sur une vingtaine de matchs, presque tous en tant que titulaire, Porter Jr a rappelé, si c’était encore nécessaire, qu’il avait tout le bagage technique pour se construire une longue carrière NBA de scoreur puissant, technique et véloce, très dur à cerner pour les défenses. Cette nouvelle saison devra être celle de la confirmation, malgré la concurrence de Jalen Green et Josh Christopher. La confirmation qu’il est un attaquant formidable capable de marquer avec régularité sa quinzaine de points tous les soirs (voir plus…), et surtout celle qu’il a évolué mentalement, enfin prêt pour la rigueur mentale que demande cette ligue et ce malgré son passé ancré en lui.
- LES PLUS
Un talent générationnel. Jalen Green est un tel monument dans le monde de la Draft qu’il représente un gros point positif de cette équipe à lui tout seul. Second de se Draft, mais potentiel numéro 1 dans beaucoup d’autres, cet arrière super athlétique a prouvé en G-League avec des professionnels agurris qu’il était déjà prêt à dominer régulièrement autant sur le plan technique que physique. Après une bien courte bulle de 10 matchs la saison passée, il devra trouver son rythme dans une ligue mille fois plus exigeante mais son talent ne fait aucun doute, et Jalen Green est un futur All-Star en puissance.
La hype est votre amie. Les caméras se sont braquées sur Houston cet été lors de la Summer League, et c’est maintenant à ces jeunes pépites de faire en sorte qu’elles restent là ! Sans aucune pression du résultat, ces Rockets vont pouvoir se développer individuellement et collectivement avec du talent à ne plus quoi savoir en faire et des profils atypiques, bien sélectionnés, qui ont toutes les armes pour correspondre à ce qu’on imagine être la NBA du futur. Un futur qui se construit maintenant dans le Texas, exceptionnellement progressiste pour cette fois.
Stephen Silas a les mains libres. Pour sa seconde saison en tant que coach en chef, Silas va pouvoir construire son navire de A à Z comme il le souhaite ! Arrivé dans le groupe d’un James Harden ingérable et incompréhensible, il était en eaux troubles, dans la réaction la saison passée. Il va désormais pouvoir passer à l’action et poser les premières briques de l’identité de jeu qu’il compte offrir à ces jeunes bourrés de talent.
- LES MOINS
Sortez les poubelles. Malgré le nombre de jeunes joueurs important, trop d’anciens du Houston de Mike D’Antoni sont encore présents, alors qu’ils n’auront aucun rôle à jouer dans l’avenir de la franchise. Le futur sec onstruit sans eux, et attention à ne pas voir des joueurs comme John Wall, Eric Gordon ou encore Danuel House polluer la nouvelle dynamique sur le point de se mettre en place. Il faut transférer tout ça pour libérer du salary cap, et de l’air dans le vestiaire. Il y a v’la l’éléphant dans la maison.
Un dilemme dans le développement des joueurs. Ces Rockets vont aussi se confronter à un problème de riche, essentiel à traiter pour envisager le long terme avec sérénité. Qui aura la priorité ? Va-t-on tout miser sur les rookies quitte à afficher un niveau loin des autres équipes NBA afin de préparer l’avenir, ou va-t-on capitaliser sur les forces confirmées en présence. Des joueurs comme Christian Wood, Daniel Theis ou DJ Augustin savent qu’ils sont là pour encadrer les jeunes, mais ils n’ont sans doute pas envie de gaspiller leurs plus belles années dans le terne quotidien du tanking. Tout est une question de plafond, l’équipe ira-t-elle très loin avec ces talents confirmés mais pas du niveau des meilleurs à leur poste, ou avec les rookies qui n’ont rien montré en NBA pour l’instant. Il y a un choix presque philosophique à faire.
Des fragilités à la pelle. Qu’elles soient physiques ou mentales, cet effectif se base peut-être un peu trop sur des incertitudes, bien que ce soit naturel dans une équipe en reconstruction. Dante Exum a été prolongé alors que sa carrière n’a été qu’un long calvaire avec ses blessures, Kevin Porter Jr reste un homme imprévisible, et Christian Wood a déjà montré des signes de fragilité, lui aussi. On marche sur des œufs à Houston.
- L’AVIS DE LA RéDACTION
Sans surprise, on devrait retrouver ces Rockets dans les profondeurs de la Conférence Ouest pour (au moins) une saison supplémentaire. L’équipe a beau être construite sur des ruines avec quelques éléments instables au futur incertain, on sent qu’un beau projet est en train de doucement se mettre en place. La Draft 2021 a posé la première pierre du futur des texans avec des talents à perte de vue et des joueurs spectaculaires qui auront de quoi faire oublier aux fans des Rockets les résultats tristes, tant que les promesses d’un avenir radieux seront à l’horizon. Le nom de Jalen Green sera dans toutes les bouches, et il est attendu comme l’élément déclencheur, celui qui va être le futur leader d’un groupe qui gagne. Tout ça est lointain, mais tout ça est surtout entre ses mains, avant que d’autres talents phénomènes comme lui viennent le rejoindre en 2022 voir 2023. La reconstruction la plus classique finalement, mais attention à ne pas suivre les mauvais exemples aperçus à l’Ouest. Mieux vaut devenir un Phoenix qu’un Minnesota ou Sacramento…
- BILAN PRéVISIONNEL
Sans le moindre besoin de gagner des matchs, les Rockets vont se lancer dans le tanking le plus traditionnel possible avec des jeunes encore trop peu matures responsabilisés qui vont progresser, mais aussi apprendre à la dure la réalité du monde des adultes. L’équipe d’Inside Basket voit les Rockets remporter 22 matchs pour 60 défaites, avec la 15ème et dernière place de la Conférence Ouest à la clé. La course au first pick avec Oklahoma City est déjà lancée.