Hall of Fame : l'accomplissement ultime de Tony Parker
Ce 12 août, nous assisterons à l’introduction au Hall of Fame d’une cuvée mémorable, qui verra l’entrée de quatre légendes que la Grande Ligue a pu voir fouler ses parquets. L’occasion de rendre hommage à ces monstres, ayant fait rêver toute une génération et réalisé des exploits incroyables. Aujourd’hui, focus sur Tony Parker.
Quelle carrière pour cet homme né le 17 mai 1982 en Belgique ! Enfant d’un basketteur professionnel, le jeune Tony Parker suivra les traces de son père. Et sans le savoir, il allait changer la vision de ce sport en France. Rapidement mis dans le bain du basket, il commence son parcours à Fécamp avant de rejoindre l’INSEP en 1997 à l’âge de 15 ans pour poursuivre son évolution. Sa carrière professionnelle débutera au Paris Racing Basket, où il signe à l’âge de 17 ans. Sa première saison lui servira d’apprentissage, où il a un temps de jeu réduit avec un vrai titulaire devant lui pour lui apprendre le métier. Il se révèle surtout de l’autre côté de l’Atlantique. En 2000, Tony Parker participe au Nike Hoop Summit. Performant lors de cet événement, la possibilité de poursuivre sa formation aux Etats-Unis s’offre à lui et à l’occasion de rejoindre la NCAA. Le français optera pour rester dans son pays. Devenu titulaire, il réalise une belle saison à titre individuel. Suite à cela, il décide de se présenter à la Draft de 2001, à l’âge de 19 ans. Après un premier workout désastreux, Gregg Popovich n’est pas convaincu par le jeune talent. Tony Parker se verra offrir une seconde chance et se montrera à son avantage. C’est à ce moment que les Spurs jetteront leur dévolu sur lui. Très performant, San Antonio a un problème : posséder le 28e choix, et le risque de voir le meneur partir avant cette position est réel. Boston notamment est très intéressé par lui. Les texans tentent de monter mais sans succès. Fort heureusement, les Celtics changent d’avis et Tony Parker glisse en fin de premier tour, pour le plus grand plaisir de RC Bufford, du Front Office et de Pop. C’est le début de l’aventure en NBA pour le français.
Initialement attendu pour sortir du banc, le coach prend une décision forte et lance son rookie dans le bain au bout de 5 matchs ! Seulement 19 ans mais cela n’effraie pas le technicien, ni le joueur. Sa saison se révélera correcte, au point de finir dans la All Rookie Team, grâce à ses 9 points et 4 passes de moyenne en 29 minutes pour ses débuts. Là où Tony Parker va commencer à se faire un nom, c’est lors du premier tour des Playoffs face aux Sonics. Pour ses premiers matchs dans la cour des grands, il rencontre Gary Payton, un meneur plus que respecté. Et il lui tiendra tête ! 17 points de moyenne, deuxième meilleur scoreur des Spurs sur la confrontation, et contribue à l’élimination de Seattle. Le français connaîtra bien plus de succès lors de sa saison sophomore. Dans une équipe désireuse de jouer les premiers rôles, il score 15 points par matchs, accompagnés de 5 passes tous les soirs, en étant le titulaire à la mène, évidemment. En revanche, la postseason n’est pas du même calibre. Assez inconstant, il alternera entre le bon et le moins bon. Cependant, collectivement, San Antonio domine et met fin à la domination des Lakers. Les texans sortiront de l’Ouest et devront se défaire des Nets pour remporter un nouveau titre. Pour Tony, le défi sera immense puisque c’est Jason Kidd qui se présente, et c’est le meilleur meneur de jeu de l’époque. Auteur d’un excellent début de série, la production diminue après le troisième match. Mais l’écart de niveau entre les deux équipes est évident et les Spurs s’en sortent. Pour sa deuxième saison NBA, le français est champion !
Malgré cela, la place du meneur n’est pas garantie. De nombreuses rumeurs indiquent que San Antonio envisage de se renforcer au poste 1. Dans le viseur : Jason Kidd ! Après avoir été battu en finale, le joueur rejoindra-t-il ses bourreaux ? Finalement, cela ne se fera pas et le français conservera sa place, qu’il ne lâchera plus pendant un très long moment. Sa production augmente, lui et Manu Ginobili deviennent de plus en plus importants. En 2005, le backcourt contribue fortement dans l’obtention du titre face aux Pistons. Trois titres en sept ans pour la franchise, Parker, lui, décroche sa deuxième bague. Sa carrière commence magnifiquement. Et ce n’est que le début de son ascension. L’année qui suit, il change de dimension et devient un All Star pour la première fois de sa carrière, en tournant à 19 points et 6 passes de moyenne. Rebelote la saison suivante, où il réalisera l’un de ses plus beaux accomplissements. Pas de surprise, les texans sont toujours dominants, et parviennent à atteindre les finales une nouvelle fois. Cette fois-ci, l’adversaire sera les Cavs, menés par un tout jeune LeBron James, une première pour eux. Pas de suspens dans cette confrontation, tant les Spurs sont au-dessus de leurs opposants. Un sweep pur et dur et ça fait trois titres pour Tony Parker. Et celui-là à une odeur particulière. Le backcourt de Cleveland était faible et le français a imposé son rythme pour scorer 24 points de moyenne sur cette série, repartant avec le trophée de MVP des finales ! Un exploit, puisque c’est le premier européen à obtenir cette distinction.
Dans les années qui suivent, l’équipe continue d’enchaîner les saisons à 50 victoires en régulière, mais ça coince en Playoffs, et San Antonio est moins sur le devant de la scène. En revanche, le meneur ne faiblit pas, bien au contraire. En 2008-09, il réalise sa meilleure saison statistique en carrière et claque 22 points de moyenne et s’assure de la distribution également, avec les sept caviars distribués tous les soirs. Une nouvelle fois All Star, il est présent dans une All NBA Team pour la première fois. Au cours de cette année, il en profite pour marquer 55 points face aux Wolves, sa marque la plus haute en carrière. Par ailleurs, jusqu’à ce que Luka Doncic score 60 points récemment, c’était la meilleure performance au scoring réalisée par un européen ! En début de décennie 2010, Tony Parker arrive à son prime. Duncan et Ginobili prennent de l’âge et le français est le premier dépositaire du jeu des Spurs. De 2012 à 2014, il connaîtra ses meilleures années à titre individuel : trois fois All Star, ainsi que dans les All NBA Teams. En 2012, il sera même 5e du MVP, et 6e la saison suivante !
Quand bien même les cadres vieillissent, Popovich travaille différemment et Kawhi Leonard émerge de plus en plus. San Antonio rejoue les premiers rôles et revoilà les texans en finale NBA, pour y défier le Heat en 2013. Le français est au niveau et l’équipe rivalise avec les Heatles, qui cherchent à faire le back-to-back. Le scénario se montrera cruel pour les Spurs. Le titre était à portée de main, jusqu’à ce que Ray Allen assassine la franchise, et tous les fans. Renversement de situation total et Miami remportera le titre, au nez et à la barbe de leurs opposants. L’année 2013, à un shoot iconique près, aurait pu se révéler grandiose pour le meneur français. Qu’importe, 2014 sera spécial. Popovich motive ses troupes et parvient, via ses joueurs, à développer un jeu fabuleux, le beautiful game comme on l’appellera, pour retrouver les finales. C’est l’heure des retrouvailles et de la revanche face au Heat. La performance proposée est exceptionnelle, peut-être la plus belle d’une équipe à ce niveau de la compétition. San Antonio terrassera Miami en infligeant un 4-1 sévère et savourera ce titre. Meilleur scoreur de la série, Tony Parker aurait pu prétendre au titre de MVP des finales, qui sera finalement décerné à Kawhi Leonard.
Les années suivantes sont moins dominantes pour le français à titre personnel avec une baisse de production. Ce qui est plutôt logique. L’arme offensive principale du meneur étant ses jambes, sa vitesse n’est plus ce qu’elle était quelques années auparavant. Ajoutons à cela qu’il n’est pas un excellent shooteur et petit à petit il rentrera dans le rang. Cependant, il reste un titulaire indiscutable, l’équipe se tournant vers The Claw comme fer de lance en attaque, dans une ligue dominée par les ailiers. Ce qui marquera réellement le début de la fin pour le meneur, ce sont les blessures qui apparaissent. Notamment en 2017. Lors du second tour face aux Rockets, le français se blesse et ne reviendra plus de la postseason. Il faudra atteindre le mois de novembre pour le revoir sur un parquet. A 35 ans, une nouvelle phase de sa carrière va arriver. En janvier 2018, 17 ans après avoir pris le poste, Tony Parker est relégué sur le banc afin de confier les clés à Dejounte Murray. Les Spurs vont vivre une saison très compliquée, avec Kawhi absent presque toute la saison, ce qui va conduire à des tensions et des frustrations. La dynastie arrive à sa fin. Tim Duncan est parti quelques années avant, Ginobili prendra sa retraite, tandis que l’ailier demandera son trade. Tony Parker arrive lui en fin de contrat…
Faute d’accord sur le rôle qu’il aura au sein de l’équipe, le français, après 17 saisons de bons et loyaux services, choisit de quitter sa franchise de toujours, et ira du côté des Hornets ! Il y retrouvera Nicolas Batum, et sera la doublure de Kemba Walker, All Star à cette époque. De plus, il jouera pour Michael Jordan, propriétaire de la franchise, et idole du meneur. Malgré ses 36 ans, et les pépins physiques toujours présents, il contribue bien dans ce rôle et dépanne l’équipe lorsqu’elle en a besoin, en y apportant son talent et son exigence. Suite à la saison 2018-19, Tony Parker opte pour la retraite et raccroche les baskets. Les Spurs, dont il est le meilleur passeur de l’histoire, quatrième scoreur le plus prolifique, membre fondamental du big three le plus victorieux de l’histoire, lui retireront son maillot, honneur dont il est le premier tricolore à bénéficer. Présent dans de nombreux records, y compris en Playoffs, grâce à son talent, sa longévité et ses succès, il est une véritable légende de la NBA.
A l’échelle international, il a fortement contribué à placer la France sur la carte du basket mondial. Malgré des énormes désillusions, notamment les Euros 2005 et 2015, face à la Grèce alors que le match était en main, puis face aux espagnols, où Pau Gasol a fait la misère à toute l’équipe. Il faudra attendre 2013 pour venir à bout de la bête noire espagnole, grâce à un discours gravé dans les mémoires, et enfin remporter l’Euro ! Tony Parker avait réussi ce qui est peut-être son plus bel accomplissement en menant la France au bout d’une compétition. Il sera également médaillé d’argent en 2011.
Le meneur, quadruple champion NBA, dont une fois en 2007 avec le MVP des finales, fut six fois All Star et quatre fois dans les All NBA Teams. En carrière, il scorera plus de 19000 points et délivrera 7000 passes décisives. Iconique et précieux dans une franchise qui a eu du succès, il est une légende de la balle orange, malgré son absence dans les 75 meilleurs joueurs All Time. L’entrée de Tony Parker au Hall of Fame est totalement justifiée. Pour cette carrière et le développement du basket en France, merci Tony et félicitation pour les travaux monsieur Parker.