Épisode 2 - Les Clippers dans le dur !
La rubrique "Lignes de Fond" : c'est une analyse hebdomadaire, statistiques à l'appui, d'un sujet d'actualité NBA. Cette semaine, l'épisode 2 de Lignes de Fond s'intéresse aux Clippers et à leur début de saison.
En l'espace de quatre ans, la franchise mal-aimée de la cité des Anges est passée du statut d'éternel loser en véritable candidat au titre. Seulement voilà, après quatre saisons de progression qui ont mené à deux titres de champion de la Pacific Division, les Clippers rament. Le début de saison des troupes de Doc Rivers est marquée par l'irrégularité, les contre-performances et le doute sur leur capacité à répondre aux attentes. Cet épisode 2014-2015 s'annonçait pourtant comme l'année de la maturité pour une franchise qui n'a jamais su confirmer en playoffs. Pourquoi les Clippers peinent tant? Gros plan sur leur début de saison !
- Chris Paul en dessous de ses standards
Celui que certains spécialistes aiment qualifier de meilleur meneur de la NBA est bien loin du niveau qu'on lui attribue en ce début de saison. Au delà de la baisse de ses statistiques comparées à la saison dernière (17,9 points et 9,6 passes de moyenne contre 19,1 et 10,7), c'est sa propension à peser sur les rencontres qui diminue. Doc Rivers lui avait reproché il y a quelques semaines de ne pas shooter assez. Analyse oblige, je me suis penché sur les statistiques des 38 rencontres disputées pour vérifier ses dires. Les Clippers affichent ainsi un bilan peu reluisant de 6 victoires pour 6 défaites lorsque Chris Paul marque 15 pts ou moins. A l'inverse, ils sont à 14-3 lorsque celui-ci dépasse les 20 points ! Le meneur de jeu doit donc élever son volume de tirs s'il veut mener son équipe à la victoire durablement. Même s'il excèle dans la création et dans la passe (il reste le numéro 1 en ratio: passes décisives/ballons perdus), Chris Paul doit marquer plus ! Le constat paraît simple, mais les difficultés qu'ont les Clippers à gagner lorsque CP3 score peu sont très symptomatiques de leur début de saison en dents de scie.
- Le trou noir au poste 3
Le poste 3, c'est de loin le gros point faible des Clippers. Matt Barnes, aussi brave soit-il, n'a pas l'étoffe d'un ailier titulaire capable de rivaliser mais aussi de contenir les quelques spécialistes offensifs sur qui on lui demande de défendre. Le tatoué, qui tourne à 9,6 points de moyenne, a effectivement un apport limité avec un jeu qui se résume en grande partie aux contre attaques, à quelques backdoor cuts et aux tirs primés dans le corner. Quid des autres ailiers de LAC ? Et bien, justement, il ne reste pas grand monde ! La signature de Chris Douglas-Roberts l'été dernier est anecdotique, lui qui ne voit le terrain que 8 minutes par match pour 1,6 points moyenne (en 12 rencontres jouées seulement). Reggie Bullock, le sophomore, est bien trop limité offensivement pour prétendre à plus de responsabilités. Reste ce bon vieux Hedo Turkoglu qui malgré quelques bonnes entrées, n'est plus capable d'assurer un temps et un niveau de jeu conséquent. Dans ce contexte, difficile de lutter dans une conférence où les places en play-offs se font chers.
- Blake Griffin esseulé dans la raquette
Après une saison tonitruante (qui lui a value la 3ème place au vote pour le trophée du MVP), Blake Griffin a vu toutes ses stats baisser, sauf à la passe (5,0 de moyenne). Malgré ces diminutions, les Clippers sont à 6 victoires pour 1 seule défaite lorsque Blake Griffin marque 30 points ou plus. A ses côtés, son compère DeAndre Jordan l'aide à former la raquette la plus athlétique sinon la plus spectaculaire de la ligue. Seulement voilà, le show-time fait lever la foule, pas toujours gagner des matchs. Sur 38 rencontres jouées, DeAndre Jordan en comptabilise 30 à moins de 7 tirs tentés dont 18 à moins de 5. La quasi-totalité de ceux-ci étant des alley-oops, des claquettes et des dunks venant des caviars de Chris Paul ou de Blake Griffin depuis le poste haut, cela fait très peu. Et si la faible baisse au scoring de Blake Griffin était lié au faible impact offensif de son coéquipier ? Sachant que DeAndre Jordan n'est pas une menace offensive (9,4 points de moyenne), les défenses peuvent plus facilement trapper Blake pour l'empêcher de dominer son vis-à-vis. L'impact défensif de DJ est indéniable mais ses limites de l'autre côté du terrain se font sentir (notamment en playoffs l'an dernier). A moins que Spencer Hawes, la recrue de l'été au poste de pivot remplaçant ne retrouve son adresse habituelle, les Clippers manquent de répondant offensif dans la peinture ! Doc Rivers a jusqu'à fin avril pour trouver un moyen de blinder sa raquette et ainsi rivaliser avec des Gasol/Randolph, Bogut/Lee ou encore Chandler/Nowitzki.
- Un impact du banc bien trop faible !
Sur 35 matchs, Jamal Crawford a scoré 19 fois plus de 55% des points du banc et 12 fois plus de 60% de ceux-ci pour un bilan de 7-5. En d'autres termes, lorsque Jamal Crawford marque la grosse majorité des points de la second unit, les Clippers ont du mal à gagner. Et c'est bien normal, cette année le banc des Clippers est 20ème sur 30 avec 31,7 pts par match. Jamal Crawford tournant à 15,7 pts lorsqu'il est 6ème homme, il en reste peu pour les autres hommes en survêtement ! L'apport de joueurs comme Glen Davis, Spencer Hawes ou encore Jordan Farmar a considérablement chuté et l'ancien (deux fois) meilleur sixième homme de l'année se retrouve bien seul à contribuer lorsque les titulaires doivent souffler.
- Quelles solutions ?
Pour espérer batailler en mai prochain contre les meilleurs de l'Ouest, les Clippers ont de nombreux défis devant eux. Chris Paul doit-il tirer plus ? Que faire avec le poste d'ailier ? DeAndre Jordan doit-il avoir plus de responsabilités offensives pour délester Blake Griffin ? Le banc peut-il trouver une véritable identité et avoir un impact significatif ? La réponse à ces questions se trouvera certainement dans la deuxième partie de saison. Mais elle pourrait aussi résider dans les prochains mouvements ! L'arrivée d'Austin Rivers semble imminente et le fils de Doc pourrait apporter des points en sortie de banc. Les Clippers seraient aussi à la recherche d'un poste 3 polyvalent. Andre Iguodala (qui a perdu sa place dans le cinq des Warriors) pourrait-il être l'homme de la situation ? Il faudra malgré tout être inventif pour monter un échange capable de rendre LAC compétitif (transferts à 3 équipes, contrats expirants pouvant intéresser des franchises en reconstruction, tours de draft...). N'oublions pas non plus que des vétérans comme Ray Allen et Jermaine O'neal sont toujours sans club et attendent simplement l'arrivée des playoffs pour renforcer un candidat au titre. La saison est longue et malgré un bilan mitigé de 25 victoires pour 13 défaites, la franchise de Steve Ballmer a encore son avenir entre les mains. Be relentless. That's what he said !