Exceptionnels Bulls !
Personne ne s'attend à une telle saison de la part des joueurs de Chicago. Elle sera historique. Retour sur le parcours exceptionnel des Bulls lors de la saison 1995/1996
Michael Jordan s’est entraîné dur durant l’intersaison 1995 afin de retrouver ses sensations pour réaliser une saison d’exception avec son équipe des Chicago Bulls. Revenu de sa courte retraite en pleine saison 1994/1995, Sa Majesté était rouillée malgré des performances que jalouseraient la majeure partie des joueurs. Eliminée en demi-finale de Conférence par les jeunes du Magic, après avoir terminé cinquième de leur Conférence, l’équipe de Chicago s’apprête à prendre sa revanche afin de ramener (à nouveau) le titre au United Stadium.
Durant l’intersaison, certaines modifications seront apportées à l’effectif. Exit BJ Armstrong, meneur apprécié par Phil Jackson, bienvenue à Randy Brown, un meneur scoreur athlétique. L’équipe réalise son plus gros coup en parvenant à transférer Will Perdue aux Spurs afin de récupérer Dennis Rodman, dont le comportement ne sied guère à Gregg Popovich. Avec l’ailier-fort revanchard, les Bulls présentent un cinq majeur robuste et imperméable sur le plan défensif. Ron Harper va passer à la mène, lui qui a l’habitude de jouer à l’arrière. Michael Jordan, Scottie Pippen, Dennis Rodman et Luc Longley.
Au-delà des titulaires, le banc est également très fourni avec notamment Toni Kukoc et Steve Kerr qui suppléent à merveille les titulaires et ce, sur plusieurs postes. Le rookie Jason Caffey est censé se développer et apprendre de Dennis Rodman.
Ce dernier est parfaitement utilisé par Phil Jackson. Son rôle au sein du triangle est essentiel. Il s’applique à gêner les meilleurs intérieurs adverses malgré son déficit de taille par rapport à la majeure partie de ses adversaires directs. Son apport au rebond est indéniable et apporte une grande stabilité à l’équipe. La preuve en est : le meilleur départ de l’histoire de la franchise avec cinq victoires consécutives.
Phil Jackson fait le choix de laisser Toni Kukoc sur le banc afin d’en faire son sixième homme. Bien lui en a pris. Le Croate réalise des performances justes et solides dès qu’il rentre sur le terrain. Ce rôle lui va comme un gant. Michael Jordan a retrouvé ses sensations, la préparation estivale ayant porté ses fruits.
C’est notamment son amélioration au tir qui est notable. Il réalise sa meilleure saison en carrière aux tirs à trois-points. Son jeu s’oriente plus vers des shoots à mi-distance. Il pénètre moins. Sa capacité à scorer n’en est en rien affecter. Le joueur est au sommet de son art. Sur le plan défensif, il gêne toujours autant ses adversaires directs. Son duo dans le backourt avec Ron Harper est pratiquement infranchissable.
L’équipe de Chicago marche sur leurs adversaires. Entre le 29 décembre 1995 et le 02 février 1996, ils enchaînent 18 victoires consécutives. C’est la meilleure série de tous les temps pour la franchise. L’équipe s’incline deux fois coup sur coup, contre les Phoenix Suns, puis face aux Denver Nuggets.
Alors que Michael Jordan est auréolé du titre de MVP du All Star Game, l’équipe continue de dominer. Scottie Pippen, à nouveau dans l’ombre de Jordan, est essentiel dans le succès de cette équipe, en effectuant le travail de l’ombre.
C’est lors de la dernière rencontre de la saison régulière que les Bulls ont l’opportunité de battre le record de victoires en saison régulière, établi par les Los Angeles Lakers durant la saison 1971/1972. La rencontre est un événement. Même s’ils ne jouent pas bien, les joueurs de Chicago ne se privent pas de réécrire les livres d’histoire en battant ce vieux record grâce à leur victoire contre les Milwaukee Bucks.
Au record de victoires sur une saison s’ajoutent de multiples récompenses individuelles : Michael Jordan est nommé MVP, Phil Jackson est consacré en tant que coach de l’année tandis que Toni Kukoc est élu meilleur sixième homme. Une véritable razzia.
Les Bulls se doivent désormais de remporter le titre, sinon cette saison ne serait rien. Au premier tour, ils humilient le Miami Heat 3 à 0. Jamais ils ne laisseront une quelconque chance à leurs adversaires.
En demi-finale de Conférence, les Knicks se dressent sur leur chemin. La blessure de Toni Kukoc, absent durant quelques jours, fait perdre les moyens de l’équipe durant le Game 3. Les joueurs se relèvent tranquillement de cette défaite en pliant cette série 4 à 1.
Les joueurs de la franchise de Chicago sont motivés à l’idée de rencontrer les joueurs d’Orlando, emmenés par Shaquille O’Neal et Anfernee Hardaway. Ces derniers les avaient faits tomber lors des derniers playoffs. Dennis Rodman fait un énorme travail sur le Shaq qui ne trouve pas ses repères. Gobant rebond sur rebond, l’empêchant de se retrouver dos au panier, le Magic ne peut développer son basket. Les sourires, présents sur leurs visages lors du Game 1, s’effacent très vite. Les Bulls se font une joie de sweeper leurs adversaires.
En Finales NBA, ils sont opposés à la franchise de Seatle. Les Sonics ont remporté 64 matchs durant la saison régulière. Ils restent néanmoins sur une victoire 4 à 3 en Finales de Conférence contre Utah. Ils sont donc bien plus fatigués que leurs adversaires directs. On peut néanmoins compter sur le duo composé par Shawn Kemp et Gary Payton pour ne pas se laisser marcher dessus.
Le premier match est accroché mais dix points consécutifs inscrits par Toni Kukoc mettent fin aux espoirs des Sonics. Le deuxième match est presque le copier-coller du premier. Les joueurs de Seattle gêne considérable le jeu des Bulls en accélérant le rythme. Ils défendent dur avec notamment un énorme travail de Gary Payton sur Michael Jordan mais Toni Kukoc, grâce à deux tirs primés consécutifs, éteint les espoirs de leurs adversaires.
De retour à domicile, Gary Payton et ses coéquipiers se voient déjà égaliser. C’est le scénario inverse qui se produit. Grâce à l’improbable Luc Longley, auteur de son meilleur match en carrière avec 19 points, les Bulls étouffent le collectif adverse. Le score est de 3 à 0. Les Bulls rêvent de terminer leur campagne de playoffs avec un bilan de 15 victoires pour une seule défaite.
Leurs plans partent en fumée avec le réveil des Sonics. Portés par un énorme Gary Payton, ils poussent le ballon et accélèrent le rythme. Les Bulls ne parviennent pas à endiguer la marée. Intelligemment, en haussant le tempo, la défense des Bulls est plus en difficulté.
Les Bulls sont de retour au United Center. Seule la victoire compte lors de ce Game 5. Pourtant, les Sonics appliquent la même stratégie que lors du match précédent et l’équipe de Chicago déjoue à nouveau. Michael Jordan est furieux. Il se charge de le dire à ses coéquipiers.
Lors du Game 6, les joueurs de Chicago, portés par Sa Majesté, ne laisse aucun espoir à leurs adversaires en gagnant la bataille du rythme. Michael Jordan est MVP des Finales pour la quatrième fois, et ce le jour de la Fête des Pères, une date symbolique pour un homme ayant perdu le sien trois ans auparavant. Le joueur est en larmes à la fin du match.
Il remportera cette distinction encore deux fois. Ce sera lors des deux saisons suivantes.