Evan Fournier et le Magic vont-ils enfin réussir leur pari ?
Peu nombreux étaient ceux qui s'affichaient ouvertement optimistes il y a quelques mois pour la saison d'Evan Fournier et du Magic. Aujourd'hui, Orlando s'accroche à la 8ème place de l'Est à la surprise générale avec un Fournier bien implanté dans ce collectif.
Si vous tendez un micro aux joueurs du Magic, ils vous diront que tout cela était prévu dans leur esprit et que ce début de saison est tout sauf une surprise. Mais il ne faut pas être naïf pour constater que leur réussite après 1 mois et demi de compétition n'était que très peu attendue. C'est la fameuse théorie de la continuité qui marche brillamment en Floride. Cet été, presque rien n'a changé dans cette équipe du fond de l'Est l'an passé. Seul le géant Mo Bamba a débarqué pour tenter de s'imposer. Un projet à développer sur le long terme, qui a trouvé sur la route un Nikola Vucevic plus rodé que jamais. Ici encore, c'est une surprise. Sans réel meneur de talent, le Magic arrive pourtant à développer un jeu intéressant basé sur une défense agressive et des joueurs athlétiques. Dans ce collectif, il faut féliciter notre français Evan Fournier qui n'est pas étranger au succès de son équipe. Sur les postes extérieurs, il est un vrai fer de lance de son équipe pour orienter le jeu vers ses ailiers adaptés à la NBA moderne.
En fait, il semblerait que Fournier ait évolué, changé d'état d'esprit. Auparavant, il était un scoreur très sous-estimé dans une équipe catastrophique. Ce n'est plus le cas. Toujours capable de scorer, il tente de mieux maîtriser la gonfle et développe son Q.I basket. Sur de nombreuses séquences, il lève la tête, cherche ses coéquipiers pour tenter de mettre en place un semblant de mouvement intéressant. Dans la gestion des duels, sur des isolations, il est aussi devenu meilleur pour dépasser son défenseur avec un handle de qualité pour se créer le meilleur tir possible. Non, Evan Fournier n'est pas devenu James Harden, mais sa progression dans ce secteur est indéniable. Pourtant il score moins bien cette année. Avec 15 points de moyenne, il vit une saison compliquée où son pourcentage au tir connaît une crise réelle. 41% de moyenne, dont 29% à trois points, c'est une vraie déception pour le français.
Il faut continuer mais c’est vrai que ça commence à me casser les couilles, confesse Fournier. Ça me frustre parce que je progresse sur tous les autres compartiments du jeu en fait. Je suis meilleur en défense, je suis meilleur dans la passe, dans la création. Je me crée les tirs que je veux et… je rate.
Mais est-ce que ce domaine de son jeu qui connaît une phase sans est une catastrophe pour autant ? Pas forcément. Il faut relativiser ces chiffres en comprenant que malgré des pourcentages très inférieurs à ceux de l'an passé, il plante toujours 15 points par match. Soit 3 petits points de moins que l'an passé avec son pire pourcentage en carrière. Le tir n'est pas une science exacte (sauf pour Stephen Curry) et on ne voit pas comment ses pourcentages ne vont pas s'améliorer au fil de la saison. De plus, il donne dans le même temps 4 passes décisives par match ce qui est ici son meilleur total en carrière. Certes, il n'a jamais aussi mal tiré, mais il n'a aussi jamais aussi bien organisé le jeu de son équipe. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles son équipe obtient de très bons résultats collectifs cette année.
Grâce à ce bon début de saison, Evan Fournier joue en faveur de son image. Son salaire est toujours un poids pour le cap space de son équipe, mais ce n'est plus uniquement comme ça que le français est vu. Il coûte cher mais ce n'est pas en vain car son apport sur le parquet est réel. Avec ça, Fournier devrait temporairement éloigner les rumeurs de trade qui ont tant gravité autour de son nom lors des dernières saisons. Pour cette année en tout cas, il devrait pouvoir dormir sur ses deux oreilles sans craindre le texto assassin du réveil qui lui annonce qu'il doit faire ses valises pour l'autre bout de l'Amérique, mais on s'égare. Il vit peut-être la saison la plus sereine de sa carrière. Ça pourrait être mieux sur le plan individuel mais sur le plan collectif, on l'a rarement senti autant épanoui. Un concentré de sérénité qui a joué dans le lancement de sa web-série sur YouTube : "Fournier for real". Le concept est simple, suivre un joueur NBA dans sa vie avec tous les avantages et les contraintes que cela comprend. Une série passionnante qui vaut le coup d'œil ou Evan parle régulièrement de ses habitudes. Idéal pour comprendre de quoi est fait le quotidien fou d'un joueur dans la grande ligue.
Devant lui, une opportunité folle se présente désormais. Le Magic pointe actuellement à la 8ème place de la conférence Est. Un classement miraculeux, surprenant, inespéré mais surtout mérité au vu de leur début de saison canon. Il faut aussi souligner qu'un homme, Nikola Vucevic, est en grande partie responsable du bonheur qui touche les floridiens. Il a élevé son niveau au point de devenir un potentiel prétendant au All-Star Game, même si nous n'y sommes pas encore. Pour Orlando, il va aussi falloir tenir le coup dans la course aux playoffs. Se ramener chaque soir avec la même intensité qui les caractérise depuis plus d'un mois. Sur la longueur peu d'équipes "surprise" réussissent ce pari. Parlez-en aux Knicks 2017/2018 qui avaient construits les mêmes espoirs avant de s'écrouler. On souhaite donc le meilleur au Magic ainsi qu'à Evan qui deviendrait une menace extrêmement dangereuse s'il retrouve son adresse. Pour l'instant, le Magic est 8ème avec 11 victoires et 12 défaites et le français assume cet objectif peut-être un peu démesuré.
On veut être dans le Top 10 en défense, et dans le Top 15 en attaque, indique Fournier. C’est un objectif élevé. Ce sont des objectifs d’équipes de playoffs. C’est notre but pour l’année. On a commencé doucement mais là on est de mieux en mieux.