Eurobasket Vs. Coupe du Monde de football, les basketteuses en retard
Elles se sont déroulées à peu près en même temps, elles réunissaient les meilleures équipes européennes d’un côté et les meilleures équipes mondiales de l’autre, elles concernaient uniquement le sport féminin, et la France avait le statut d’outsider à la victoire finale derrière les favorites espagnoles en basket et américaines en football.
Et dans les deux cas, les Bleues sont tombées face à ce grand favori, qui a remporté la compétition finale, en quarts de finale pour les footballeuses et en finale pour les basketteuses. Les points communs entre l’Eurobasket féminin et la Coupe du Monde de football féminin ne manquent donc pas. Mais une différence de taille demeure pourtant, celle de la popularité et de la couverture médiatique.
- Des audiences drastiquement différentes
Un seul chiffre suffit à déterminer l’écart qui se creuse entre la popularité croissante du football féminin et celle déclinante du basket féminin. Alors que la finale de foot entre les États-Unis et les Pays-Bas a été suivie par plus de 6 millions de téléspectateurs dans l’Hexagone, celle de basket entre la France et l’Espagne n’a été regardée que par 600 000 personnes bien que, dans ce match-là, la France était encore en course pour remporter le titre ultime. Un écart totalement hallucinant, alors que c’était la première fois que la Coupe du Monde de football était diffusée à la télé française. À l’inverse, cela fait plusieurs années que le basket féminin a sa place sur les programmes des chaînes françaises, mais l’intérêt pour celui-ci est décroissant.
Les chiffres, là encore, font assez mal. C’est la quatrième finale consécutive de l’Eurobasket que les Bleues perdent. Et à chaque fois, cette finale était diffusée sur une chaîne française. La première fois, lors de l’Euro 2013 et de la défaite cruelle face à l’Espagne, déjà, pour un petit point, France 3 était le diffuseur de la rencontre qui avait attiré pas moins de 3,3 millions de téléspectateurs. Un franc succès donc. Deux ans plus tard, pour la finale perdue face à la Serbie, toujours diffusée sur France Télévisions, ils n’étaient plus que 2,6 millions à avoir assisté à la nouvelle désillusion française. Mais le passage des droits de diffusion de France Télé à W9 pour l’Euro 2017 aura été le pire de tout, puisque moins d’un million de personnes ont regardé la troisième finale perdue de suite, encore face à l’Espagne. Et l’audience aura donc diminué pour la quatrième fois consécutive lors de la finale de cette année.
Du côté du football, la courbe exponentielle des audiences est tout simplement l’inverse de celle du basket, avec un incroyable record de 11,9 millions de téléspectateurs pour le huitième de finale entre la France et le Brésil, soit plus que pour certains matchs des Bleus masculins lors de la Coupe du Monde de l’an passé. Au total, la compétition a cumulé plus d’un milliard de vues sur le monde entier pour la première fois de son histoire. Cette soudaine omnipotence du football féminin pourrait aussi expliquer la discrétion dans les médias du parcours des Bleues en basket, malgré leur quatrième seconde place consécutive et alors que les footballeuses n’ont jamais terminé parmi les 3 premiers depuis la création de la Coupe du Monde féminine en 1991.
Les supporters de basket féminin sont désormais en sous-nombre
- Des stars partiales, mais un avenir moins incertain
Autre exemple de ce manque de reconnaissance du basket se trouve parmi les stars qui ont assisté aux rencontres. Alors que Killian Mbappé, la pépite du football français et tout en haut des meilleurs marqueurs du dernier championnat, était dans les tribunes pour États-Unis-Pays-Bas, Tony Parker, la star du basket français tout juste retraitée, n’était pas en Serbie lors de la finale France-Espagne mais à Pointe-à-Pitre, certes pour la bonne cause, mais loin donc de soutenir publiquement les Bleues pour leur match décisif.
Alors que le basket féminin, grâce à des résultats probants, avait toujours gardé une longueur d’avance sur le football féminin dans l’inconscient sportif des Français, un seul été aura suffi pour inverser ce rapport de force de manière impressionnante. Mais les basketteuses peuvent se consoler en se disant qu’elles ont au moins de fortes chances de participer aux prochains JO, alors que les footballeuses n’ont plus aucune possibilité d’y être et risquent de retomber dans l’oubli. L’occasion sera alors belle de rattraper leur soudain recul dans le cœur des Français.