Draft 2015 : les jeunes contre-attaquent
Après une draft 2014 décevante au vu de sa hype, la cuvée 2015 se révèle être une excellente surprise avec des jeunes bourrés de talents.
La révolution est en marche. Pas celle du small ball ou de Stephen Curry, mais celle du renouvellement des générations. Si on vous demande de citer les joueurs les plus marquants des 15 dernières années, 90% des basketteurs qui vous viendront à l'esprit auront été draftés dans les années 90 et début 2000. En effet, depuis plusieurs saisons, la NBA ne connaît pas de véritable passation de pouvoir : peu de stars émergent, de nombreux talents ont ciré le banc sans pouvoir exprimer leurs potentiels et des blessures ont freiné des carrières. Mais si les pépites des dernières draft se comptent sur les doigts, la classe 2015/2016 se révèlent déjà comme une mine d'or.
- Les règles du jeu ont changé
Le basket n'est plus le même. Comme dans tout sport, le jeu évolue. Désormais, on favorise le jeu rapide, le shoot à trois points, le small ball, des line up à deux meneurs... On aperçoit même un peu de défense de zone. Ces évolutions ont créé de nouveaux types de joueurs dont cette draft 2015/2016 en est le meilleur exemple.
On distingue différentes catégories de basketteurs. Tout d'abord, le retour au source du secteur intérieur. Après seulement une quinzaine de match, Okafor, Turner, Porzingis, Towns, Cauley-Stein et Harrell ont envoyé un signe fort à la NBA. Les intérieurs techniques, physiques, matures et avec un sens du jeu sont de retour.
Viennent ensuite les ailiers. Les Johnson, Winslow, Oubre et Hollis-Jefferson s'imposent comme de véritables couteaux suisses. Athlétiques, capables de se déplacer en attaque et en défense sur plusieurs positions, un shoot qui se forge, des pénétrations convaincantes, profils bas, ils possèdent les aptitudes nécessaires pour se faire une place dans la grande ligue.
Enfin, et c'est là que le bas blesse malheureusement pour cette draft, les arrières ont tout pour échouer. L'évolution de la NBA ces dernières années a vu l'émergence d'arrières parfois trop petits pour jouer poste 2 mais ultra physiques et explosifs se retrouvant à jouer meneur, d'arrières qui dribblent, qui dribblent, qui dribblent, qui dri...foncent dans le tas et proposent une sélection de tirs douteuse. Dans cette catégorie, on peut y ranger Russell, Mudiay, Hezonja, Booker et Grant.
- Taillés pour le succès
- Drafté en onzième position, Myles Turner pourrait être le steal de cette cuvée. Auteur de 6,1 points, 2,9 rebonds et 0,9 contres en 15,9 minutes lors de ces huit premiers matchs, le pivot d’Indiana impressionne par sa technique. Très à l’aise face au panier et à mi-distance, il a les qualités pour devenir une menace létale à trois points même s’il ne tournait qu’à 27% à Texas. Le pivot doit néanmoins travailler sur son jeu au poste quasi-inexistant et surtout sur sa défense sur pick-and-roll. Certes Myles est une machine à contres et une source de dissuasion du haut de ses 2m11. Il s’avère donc être un intimidateur exceptionnel dans la raquette, cependant sa défense en périmètre laisse encore à désirer. Rapide, doué techniquement et très bon contreur, voilà un pivot moderne qui colle à la nouvelle philosophie d’Indiana. Aucun doute Myles Turner constituera avec Paul George un duo dévastateur ces prochaines années et pourrait faire regretter à des franchises de l’avoir ignoré en juin 2015.
- Une erreur de casting ! Comment les Lakers ont-ils pu passer à côté d’un talent comme Jahlil Okafor ? Mature, l’intérieur de 19 ans arrive en NBA avec un jeu au poste dévastateur. Un pivot/ailier fort old-school aux allures d’Al Jefferson capable de prendre la position au poste et de faire la chanson à ses adversaires : jump hook, spin move, feinte de shoot. Son agilité, son envergure et son jeu de jambes sont autant d’attributs physiques qui lui permettent d’ores et déjà de dominer en compilant 19,2 points, 7,6 rebonds en 33,7 minutes de moyenne par match. Néanmoins ces 1,8 contre par match sont un arbre qui cache la forêt. Si Jahlil est un attaquant hors pair, sa défense laisse à désirer, que ce soit sur pick-and-roll, au périmètre ou en transition. Malgré sa défense "casper" et son pourcentage aux lancers-francs douteux (64,4% pour l’instant), Jahlil possède une panoplie offensive que la plupart des Big men n’ont pas dans la Ligue. De quoi s’en mordre les doigts pour LA qui semble être passé à côté d’un talent très rare à l’ère du small ball.
- « Je pense que Stanley Johnson est un joueur phénoménal » s’exclame Larry Bird. « Vous savez tout de suite qu’il ira jusqu’au panier. Il ne saute pas dans le paquet pour provoquer une faute. C’est un adulte ». Dithyrambique, Larry the Legend a résumé en quelques mots le phénomène athlétique qu’est le joueur drafté en 8ème position par les Pistons de Detroit. Stanley est une brute taillée pour répondre aux joutes de la NBA. Physique, puissant, rapide, il est un excellent défenseur sur le porteur de balle et sur les joueurs en mouvement. Il se dote également d'un excellent sens du rebond, il ne faudra donc pas s'étonner si dans les années à venir, l'ailier des Pistons devient le meilleur rebondeur extérieur de la Ligue. Ses qualités athlétiques lui permettent en outre d’absorber les contacts au poste, ce qui en fait déjà un défenseur d’élite capable de défendre sur plusieurs positions. Pas forcément le plus doué offensivement, il n’en demeure pas moins mature, excelle en transition et reste plus que convaincant dans ses pénétrations grâce à un flotteur dévastateur. Auteur de 7,1 points et 4,2 rebonds par match en 20,3 minutes en moyenne, Stanley Johnson manque pour l’instant de consistance en attaque et notamment au périmètre ou à trois points (5/25 soit 20%). Cependant le joueur de Detroit aux allures de Jimmy Butler a tous les ingrédients pour réussir au sein de la Ligue et va devenir sans aucun doute une référence en NBA ces prochaines années.
- Passé par la Chine après ses années de lycée, Emmanuel Mudiay est un joueur au parcours atypique qui a déjà pris les rênes de Denver au bout de seulement onze matchs. Etre capable de mener une franchise NBA est loin d’être une tâche aisée surtout quand il est le capitaine d’un bateau en ruine. Néanmoins le meneur de 19 ans drafté en 7ème position organise le jeu de son équipe avec sang froid et brio, la dirige dans les moments chauds et prend des shoots importants dans le money time. Excellent athlète doté de caractéristiques physiques ahurissantes (1m96 pour 91 kg), le meneur des Nuggets est un fort manieur de ballons capable d’aller au cercle grâce à un premier pas dévastateur et sa science du pick-and-roll. Altruiste, il dispose d’une superbe vision de jeu et d’un sens inné du rebond pour son poste. Néanmoins, le meneur originaire du Congo est un piètre shooteur dont la mécanique est encore en développement. S’il s’avère être précoce dans sa gestion des matchs, il propose une sélection de tirs pour le moins douteuse comme en témoignent ses pourcentages au shoot (31,6% dont 27,3% à trois points et 64,9% aux lancers-francs). D'ici trois saisons, il devrait afficher des pourcentages de réussite fiables. Mature à souhait, ultra-athlétique, défenseur efficace, Emmanuel Mudiay s’affirme en 11 matchs comme le meilleur meneur de cette draft et un futur All star à n’en pas douter. Avec cinq matchs à plus de 8 passes décisives, sa lecture et ses qualités de créations vont encore monter en puissance une fois qu'il aura régler ses problèmes de pertes de balles (4,5 par rencontre) causées par un excès d'altruisme. Ce ne sont pas ses 12 points, 6,4 passes et 4,1 rebonds de moyenne qui viendront nous contredire.
- 7,3 points, 5,3 rebonds et 1,4 passe en 28,7 minutes de jeu sur ses dix premiers matchs. Si Justise Winslow a des stats moins impressionnantes que ses compères Jahlil Okafor ou Karl Anthony-Towns, l’un des steals de la draft est certainement le rookie qui a le plus d’influence sur son équipe. Il est non seulement le joueur le plus utilisé de son équipe lors des quatre dernières minutes du 4ème quart-temps mais il contraint ses adversaires à shooter à 34,1% lorsqu’il défend sur eux, soit une baisse de 9,2% par rapport à leurs pourcentages habituels. Cela situe encore plus l’animal d’autant plus qu’il s’est déjà coltiné James Harden, Lebron James, DeMar DeRozan, Paul George ou encore Gordon Hayward. Justise excelle en 1 contre 1 et sur pick-and-roll et heurte le moral de ses ennemis. Lorsqu’il est sur le parquet, le Heat encaisse seulement 88,3 points sur 100 possessions alors que la franchise floridienne permet à ses adversaires d’atteindre les 102,6 points lorsqu’il est sur le banc ! S’il faut encore qu’il améliore son dribble et son shoot, Justise Winslow est une star en puissance qui impressionne déjà ses coéquipiers : « Il m’étonne beaucoup » avoue Chris Bosh. « On veut toujours y aller doucement avec les rookies mais il élève le niveau. Sa maturité, son instinct défensif, je n’ai jamais rien vu de pareil depuis ma propre année de rookie ».
- Karl Anthony Towns est une machine de guerre. Un premier tour de draft qui justifie son rang match après match. Le pivot des Timberwolves est depuis le début de saison au four et moulin. En presque 30 minutes de temps de jeu par match, il compile 15,8 points, 10,7 rebonds, 2,4 contres, le tout avec une fiabilité au tir déjà mature : 90% aux lancers-francs, 51% au tir global, 47,5% à plus de 5 mètres, 42% entre 3 et 5 mètres, 46% entre 1 et 3 mètres. Productif en attaque grâce à son toucher et sa mobilité, KAT apporte aussi énormément en défense. Son defensive rating (nombre de points concédés toutes les 100 possessions) est de 98, une efficacité qui témoigne une nouvelle fois du sens du jeu hors norme de l'intérieur à qui, on reprochait le soir de la draft d'être parfois naïf en défense et d'avoir une propension à faire des fautes stupides. Quand il est sur le terrain, le nombre de paniers sur passe décisive de l'équipe adverse chute de 10% et son offensive rating (nombre de points inscrits toutes les 100 possessions) chute de 5 points. Pour la petite comparaison, le defensive rating de Tyson Chandler, payé 13 millions de dollars la saison à défendre, est de 97. Le tableau suivant indique le pourcentage au tir habituel de ses vis-à-vis (FG%) et le pourcentage au tir qu'ils affichent face à lui (DFG%). Les chiffres parlent d'eux mêmes.
- Des role player en puissance
- Willie Cauley-Stein. Les Kings ne pouvaient pas mieux choisir pour épauler le psychopathe des raquettes DeMarcus Cousins : un défenseur dominant avec un attaquant hors-pair. Cauley-Stein est en effet le défenseur le plus polyvalent de cette draft capable d'étouffer des ailiers comme des pivots. Contreur, excellent défenseur au poste, il peut aussi se targuer d'une très bonne défense au périmètre. Au coeur des systèmes NBA, le pick-and-roll n'a pas de secret pour Willie tant sa capacité à switcher, à contenir ses adversaires est phénoménale. Son impact peut d'ailleurs être chiffré s'il faut encore convaincre les sceptiques : quand il est sur le banc, Sacramento encaisse 108,8 points sur 100 possessions alors que sa présence sur le parquet fait tomber le nombre de points à 100 sur 100 possessions. Si sa défense fait de lui un véritable "game changer" et un lieutenant en puissance, ses lacunes offensives criantes semblent le condamner à ne rester qu'un role player.
- Devin Booker était considéré comme le meilleur shooteur de cette draft. Il ne semble pas faillir à sa réputation pour l'instant avec ses 7 réussites sur 9 tentatives longue distance. Peu utilisé pour l'instant (9,2 minutes de jeu en moyenne), Devin est un shooteur pur d'1 mètre 98 à la mécanique léchée et à la langue bien pendue comme en témoigne son trash talk avec Jimmy Butler lors de la rencontre contre les Chicago Bulls. Sa taille et la fluidité de son shoot en font une arme létale et un soldat idéal pour les Suns de Phoenix derrière leur duo intenable composé d'Eric Bledsoe et Brandon Knight. Si ses 3,8 points de moyenne sont loin d'en faire pour l'instant un des rookies les plus en vogue, il n'en demeure pas moins que sa spécialité longue distance en fera un role player fondamental dans le futur. D'autant plus que le petit Devin est né en 1996, ce qui lui laisse le temps d'explorer son potentiel indéniable.
- Rondae Hollis-Jefferson... Un nom à se faire raquetter dans les cours de récré. Et pourtant, ce joueur à la dégaine aussi charismatique d'un cachalot est une future arme de destruction massive. Dans l'ombre et la discrétion la plus complète, il pourrit ses adversaires comme la peste. Le rookie des Nets effectue sur un terrain tout ce qui ne se voit pas mais qui fait mal. En attaque, il coupe au bon moment, pose des écrans, limite ses dribbles, ne force aucun tir, ne réalise jamais de dépassement de fonction. En défense, ses immenses segments lui permettent de gêner et dévier les passes, contrôler la distance et brouiller la vision du jeu de ses adversaires. Propre, besogneux, assassin de l'ombre, Rondae Hollis-Jefferson impacte de manière considérables l'efficacité des Nets :
- Montrezl Harrell est un power forward dans toute sa splendeur. Puissant, il est là pour prendre des rebonds, finir fort près du panier, ramasser les miettes et faire le ménage dans la raquette. Doté d'un physique déjà taillé pour le très haut niveau, le joueur des Rockets n'a pas peur des contacts, cherche systématiquement à se rapprocher du cercle pour assurer ses paniers (70% de réussite au tir à l'heure où nous écrivons) et pose des écrans virils comme on les aime. Loin d'être un grand basketteur capable de faire basculer une rencontre, Montrezl Harrell fait preuve d'une telle efficacité qu'on le voit bien dynamiter les défenses avec une second unit.
- Top of the flop
- Frank Kaminsky : Si Michael Jordan est le meilleur joueur de tous les temps, ses talents de General Manager laissent à désirer et c'est le moins que l'on puisse dire. Après Kwame Brown drafté en première position 2001, Adam Morrison en troisième position en 2006, sa majesté récidive en sélectionnant en 9ème position l'ancien intérieur des Badgers de Wisconsin Frank Kaminsky. Si le front-office s'est sûrement laissé appâter par son profil de stretch 4 ou 5 capable d'étirer les défenses et de shooter à 3 points, les Hornets ont fait fi de ses faiblesses rédhibitoires pour la jungle de la Ligue nord américaine. Son manque de puissance et ses qualités athlétiques proches du néant (2m16 pour 104 kg) en font un futur flop assuré pour les raquettes NBA. S'il dispose d'une panoplie offensive plus ou moins étoffée, il n'est pas assez puissant et explosif pour devenir un scoreur consistant et régulier (4,3 points et 1,9 rebonds en 13,2 minutes de jeu). Et que dire de sa défense ? Incapable de défendre sur des pivots trop costauds pour lui au poste, les ailiers-forts sont trop rapides et athlétiques pour sa grande taille. Pour couronner le tout, il n'arrive pas à faire office de dissuasion dans la raquette. Ainsi ses adversaires l'attendent avec impatience sur le parquet pour augmenter leurs pourcentages. En effet, ils shootent à 55,4 % lorsque Kaminsky défend sur eux et arrivent même à atteindre 65,2% de réussite proche du cercle (contre 53,4 à l'accoutumé). Contrairement à ses compères de draft bourrés de talents, Frank Kaminsky semble déjà avoir tiré le maximum de son potentiel.
- D'Angelo Russell se destine fortement à un échec cuisant en NBA. Au-delà d'une cohabitation difficile avec Kobe Bryant et Jordan Clarkson, ce qu'il a pour l'instant montré sur les parquets ne présage rien de bon : sélection de tirs ubuesque, mauvaise lecture du jeu en transition, incompréhension total du pick and roll, errances défensives, la liste est longue comme le nombre de défaites des Lakers. Il est plus mauvais pour la santé qu'un grec frites posé sur une poubelle à la sortie d'une boîte de nuit. TOUS les joueurs sur qui il a défendu ont vu leur stats exploser car le Laker passe sous les écrans, ne conteste pas les déplacement, ne lâche pas le ballon du regard, ne protège pas le rebond...
DFGM : tirs défendus inscrits ; DFGA : tirs défendus tentés ; FG : pourcentage de réussite habituel de l'attaquant ; DFG : pourcentage de réussite face à D'Angelo Russell.
Après 12 rencontres, D'Angelo Russell a mené 24 transitions. 15 d'entres elles ont amené un shoot, seulement 5 ont été inscrits. Par ailleurs, 8 de ces transitions se sont soldés par une perte de balle. Une dernière pour la route, devinez combien de lay-up a marqué l'ancien d'Ohio State suite à une coupe vers le panier. La réponse est sur son maillot.
- Tel Nick Young, Kelly Oubre se sabote. Doué d'un physique plutôt athlétique lui permettant d'attaquer et défendre sur plusieurs positions, sa nonchalance et son attitude désinvolte lui jouent déjà des tours. Il ne se bat pas au rebond, ne s'applique pas sur ses tirs, défend quand il veut, cumule les fautes stupides (ramené à 36 minutes de temps de jeu, il ferai 7 fautes par match) ne démontre aucune créativité technique, reste trop en périphérie, coupe sans conviction, perd plus de ballon que ne fait de passe... Barré par Otto Porter, si Kelly Oubre ne parvient pas à sortir Jared Dudley et Alan Anderson de la rotation, ses jours en NBA vont rapidement être comptés et il ne sera pas étonnant de le voir transiter de franchises en franchises tel un mercenaire.
- Un tour et puis s'en va ?
- Jerian Grant c'est le nouveau Brevin Knight. Excellent passeur, gestionnaire hors pair, serein sur la ligne de lancer-franc mais piètre shooteur. À l'aise dans le jeu en triangle des Knicks, le meneur de jeu possède les atouts pour mener une carrière solide de back-up. En revanche son manque de génie et de talent naturel l'empêchera de franchir un cap et de perdurer à haut niveau. On le voit bien passer une dizaine de saisons à tourner entre 8 et 10 points avec 6-7 passes décisives par match avant de sombrer dans l'oubli. À l'heure actuelle il compile 6,4 points et 3,1 passes décisives par match en 19 minutes de jeu.
- Mario Hezonja n'a peur de rien ni de personne. Passé par Barcelone en Europe avant d'être drafté cet été en NBA par les Orlando Magic, le jeune Croate (20 ans) est aussi arrogant qu'insolent, mais il le vaut bien. Premier arrivé et dernier parti de l'entraînement, ses actes confirment (souvent) ses paroles de compétiteur hors norme. "Du respect ? Non, je n'ai jamais respecté qui que ce soit sur un terrain de basket. Que j'aie en face de moi sur un terrain un vétéran, un jeune joueur ou n'importe qui, j'aurai toujours le même but. L'écraser", déclare Mario Hezonja à un journaliste espagnol de Sportando. Son talent est immense, mais sa folie pourrait lui jouer des tours et lui causer une carrière en dents de scie. En témoigne déjà ses performances qui alternent le meilleur et le pire : 0/3, 1 perte de balle, 7 points concédés face à Chicago en 5 minutes de jeu (01/11) puis 11 points et 3 rebonds en 12 minutes face à Philadelphie (07/11).
- Certains se sont moqués de lui comme ils se sont moqués de Yao Ming. Personne n'avait vu jouer Kristaps Porzingis en Europe et ses débuts timides en Summer League laissaient présager un joueur certes technique mais gentil et mou. Après plus d'un mois de compétition, le Madison Square Garden semble renaître de ses cendres grâce au Letton. Combatif au rebond, premier à courir en transition, distributeur de contre, à l'aise dans ses déplacements, facile au tir, imprévisible dans ses gestes techniques, l'ailier fait d'ores et déjà un carnage. Porzingis fait à nouveau rêver les fans des Knicks qui n'ont plus peur de se cacher et de parler de playoffs. Avec un niveau de jeu chiffré à 13,2 points, 8,8 rebonds, 1,5 contres, ils ont tous les droits de s'extasier. D'autant plus que collectivement, sa présence sur le terrain se fait ressentir : offensive rating de New York quand il est sur le terrain : 108,7 ; quand il est sur le banc : 101,8 ; offensive rating de l'équipe adverse quand il est sur le parquet : 101,4 ; quand il ne joue pas : 106.
Malgré son impact immédiat et son potentiel qui paraît encore immense, Porzingis affiche un physique très douteux. Pourra-t-il enchaîner les matchs ? Les saisons à playoffs ? Les coups et blessures ? Ou malheureusement, tel Yao Ming, son hégémonie sera gâchée puis écourtée par des pépins physiques ? On croise les doigts pour que le Letton ne s'en aille pas des parquets avant longtemps.
Article rédigé par Pierre Raczynski et Antoine Abela