Défenseur de l'année : une arnaque ?
L'année dernière, le trophée de Marc Gasol faisait polémique et cette année encore, Joakim Noah ne fait l'unanimité. Mais au fond, le Defensive Player Of the Year, n'est-ce pas une récompense mal récompensée ?
Une récompense mal récompensée. Quelle phrase bien curieuse n'est-ce pas ?
Joakim Noah méritait-il ce trophée ? Avec un Derrick Rose une nouvelle fois en year-to-year, la NBA a clairement récompensé l'âme d'une équipe, portée sur la défense, et avec en chef de file un Noah plus leader que jamais, plus affamé que n'importe qui. Son impact en défense est fantastique. Que ce soit face aux Bucks ou encore face au Heat, le Français a joué avec la même intensité, avec la même rage, faisant de sa défense une arme absolue pour Tom Thibodeau, maître du système D.
Néanmoins, la NBA a encore manqué de courage sur ce trophée. L'année dernière, c'est le pivot Marc Gasol qui a été récompensé de ce titre, alors que derrière, les coachs n'ont absolument pas reconnu son titre, le balançant dans la deuxième équipe défensive, donnant plus de crédit à son coéquipier Tony Allen, la véritable sangsue de Memphis. Il n'y aucun doute pour que Noah soit reconnu dans la meilleure équipe défensive de l'année selon les coachs NBA.
Mais cette année encore, c'est un pivot. Beaucoup ont oublié LeBron James, Paul George... Ils ont eu un coup de mou ? Mais alors Kawhi Leonard et surtout Andre Iguodala ? Ça c'est du poison défensif. Le titre de DPOY ne récompense que les pivots, à tel point que désigner le meilleur défenseur de l'année revient simplement à désigner le meilleur pivot de la ligue. Derrière Noah on retrouve Roy Hibbert et DeAndre Jordan, les deux joueurs qui postulaient déjà à ce titre, et l'intérieur d'Indiana en avait fait un objectif en début de saison.
L'année dernière, c'est encore un pivot. Certes, il y avait LBJ en deuxième place, mais Serge Ibaka est arrivé troisième. En 2012, c'est Tyson Chandler, le pivot des Knicks, devant Ibaka et Dwight Howard. Avant encore, c'est le triplé de D12 et derrière ses dauphins sont souvent des ailiers voire des arrières (Dwyane Wade), et en 2008 c'est Kevin Garnett, un poste 4 à l'époque, devant le pivot Marcus Camby (lauréat 2007) et Shane Battier, un ailier (enfin!).
Bref, les pivots sont prioritaires sur ce trophée, et pour cause : les décisions se basent principalement sur des stats qui sont à l'avantage des intérieurs, comme la protection du cercle dans la raquette, les pick-and-roll, le nombre de contres ou encore le nombre d'écrans posés sur la saison.
Autre critère important, faire partie des meilleures équipes sur le plan défensif. Pour le coup, que ce soit Noah, Howard, Gasol, Garnett et bien d'autres, leurs équipes faisaient à chaque fois partie des cinq meilleures équipes dans cet exercice. L'exception reste Dikembe Mutombo et son trophée de 1998, où les Hawks n'étaient même pas dans le Top 10 de la défense.
Bref, nous sommes focalisés sur les performances des pivots ou intérieurs, mais la saison dernière, pourquoi les coachs ont préféré Tony Allen ? Parce que ce n'est pas Marc Gasol le maître de la défense de Memphis, mais c'est bien Allen. Doc Rivers le savait bien et son chien enragé avait fait mal en finale 2010 face aux Lakers.
Quand il a rejoint les Grizzlies cette même année, soudain Memphis s'est retrouvée avec une défense, et une raquette plus solide. Forcément, quand les attaques adverses viennent enfin de dépasser l'obstacle Allen, les attaquants arrivent crevés face aux bulldozers Gasol et Zach Randolph. Rappelons que le duo Randolph-Gasol existe depuis 2008 et avant l'arrive d'Allen, les deux intérieurs n'ont jamais pu jouer les playoffs avec Memphis.
Noah appartient à une équipe qui joue surtout sur la défense, l'identité de jeu de Tom Thibodeau. De ce point de vue-là, il n'y aucun souci. Mais comment expliquer que l'absence de Noah sur le terrain a un impact négatif moins fort qu'un Iguodala.
Quand Iggy n'est plus là, les Warriors n'arrivent pas à contenir aussi bien les attaques adverses. Ces chiffres ne montrent pas qui est un bon ou mauvais défenseur, mais pour Iguodala le chiffre est criant. Est-ce une coïncidence si depuis l'arrivée d'Iguodala cette saison, les Warriors sont passés de la treizième à la troisième place des meilleures équipes en défense ?
Les Bulls ont toujours été dans le Top 5 des défenses, mais Iguodala a montré qu'il était celui qui a fait de la défense, une arme de destruction massive. Noah a été un leader, bien entendu, et pour un pivot, défendre aussi haut est simplement incroyable. Mais il a aussi montré qu'il avait du mal à protéger sa raquette quand il allait chercher le ballon. Iggy de son côté travaille avec ses intérieurs. Il épuise au maximum son vis-à-vis, va contester ses tirs à mi-distance (41,7%), et laisse ses intérieurs terminer le travail en se dressant vers ces joueurs à bout d'énergie.
Enfin, beaucoup vont s'attaquer aux statistiques. Mais comme cela a été expliqué précédemment, les stats pour le titre de meilleur défenseur sont favorables à tous les pivots. Les joueurs de périmètres ont moins de chances de contrer, ou encore de protéger le cercle comme le fait un intérieur. Ils peuvent intercepter certes, mais surtout, ils peuvent protéger le ballon, or Noah en perd 2,4 par rencontre contre 1,6 pour Iguodala. Iggy est le grand oubli de ce classement. Qu'il ne soit pas numéro un, pourquoi pas, mais le larguer du Top 3 derrière des pivots montre bien que le titre de meilleur défenseur est réservé au pivot.
Sur les 25 dernières récompenses du meilleur défenseur, seuls Ron Artest (2004) et Gary Payton (1996) ont été les seuls non-intérieurs à avoir remporté ce trophée. Il serait peut-être temps de donner des vrais indicateurs sur les performances défensives des autres secteurs, ou alors assumer pleinement ce favoritisme et désigner le meilleur pivot défensif de l'année et non plus le meilleur défenseur de l'année.
Pensez-vous que le trophée de meilleur défenseur est une arnaque ? On attend vos commentaires.