Conseil de classe des rookies : les tireurs d'élite plébiscités
Plus on avance dans l'année, plus l'enchaînement des cours et examens de passage est dur. Le conseil du second trimestre est le plus redouté de tous. Tandis que certains se réveillent, d'autres se cassent les dents après un début de saison euphorique. C'est l'heure du second bilan de la cuvée de rookie 2018, avec distribution des bons et mauvais points.
Les stats ont été prises au bout de 55 matchs. Les récentes performances des uns et des autres n'ont pas été forcément prises en compte.
- Mention très bien
Luka Doncic (Dallas Mavericks / 20.8 points, 7.1 rebonds, 5.5 passes, 1.1 interceptions et 3.2 pertes de balles à 43% de réussite au tir dont 35% à 3pts)
Luka Doncic n'en finit plus d'impressionner la planète basket. A tel point qu'on se demande même s'il vit sur la même que la nôtre. Après un début de saison tonitruant, beaucoup pensaient voire espéraient une baisse de régime du joueur des Mavs. Que neni. Luka Doncic a su élever encore d'un cran son niveau de jeu. On voit rarement un rookie impacter autant son équipe, avoir un tel rôle et l'assumer pleinement. Il a littéralement " poussé " vers la sortie le sophomore Dennis Smith Jr, sur qui les Mavs avaient misé l'an passé. Prenant à son compte la majeure partie de la création, le Slovène brille particulièrement lors du dernier quart-temps d'un match. Alors qu'il oscille entre 40 et 43% lors des trois premières périodes, Luka tourne à 48% de réussite au tir lors du 4e quart-temps. Nos deux mains ne suffisent même plus pour comptabiliser le nombre d'actions clutchs de Luka Doncic. Le jeune homme a même déposé sa marque de fabrique : un step-back 3's. Les plus grands sportifs du monde se caractérisent bien souvent par deux aspects : la capacité à évoluer à leur meilleur niveau dans les moments chauds et un signature move. Luka Doncic possède d'ores et déjà ses deux cordes à son arc. Jusqu'ou va-t-il s'arrêter ? Telle est la question avec ce prodige qui ne cesse de nous surprendre.
Marvin Bagley III ( Sacramento Kings / 13.3 points, 7 rebonds, 1 passe, 1 contre et 1.7 pertes de balles à 51% de réussite au tir dont 24% à 3pts)
Tiens, tiens, le fameux joueur que les Kings ont pris à la place de Luka Doncic. Chahuté et moqué pour avoir boycotté le Slovène, Sacramento ne semble pas regretter son choix. Après un début de saison correct sans euphorie apparente, Marvin Bagley III commence tout doucement à monter en température. Perturbé par un genou gauche douloureux à la mi-décembre, cette blessure aurait pu être synonyme de coup d'arrêt pour l'ancien Dukie. MBIII s'en est servi pour revenir plus fort que jamais en 2019. Enchaînant les performances de belle acabit depuis son retour, l'ailier-fort des Kings a progressé dans sa faculté à faire preuve de régularité soir après soir. Le marsupial se plaît à courir au sein du système run and gun prôné par les Kings. La symbiose entre ses qualités athlétiques et ce jeu tout feu tout flamme semblait inéluctable. Malgré son jeu dos au panier réduit en comparaison avec son année NCAA, Marvin Bagley parvient à trouver des solutions sur jeu placé ; que ce soit sur P&R avec son compère de la second unit Yogi Ferrell ou en se servant de sa magnifique patte gauche pour finir au-dessus de ses adversaires. Sans compter qu'il prend 2.4 rebonds offensifs par match, que sa verticalité folle lui permet de conclure par de gros dunks. Dans le run pour la course aux playoffs, Marvin Bagley pourrait bien avoir un gros rôle à joueur au sein de ses Kings séduisants. En tout cas, une chose est sûre : Bagley semble bien incarner le futur des Kings, aux côtés de De'Aaron Fox et Buddy Hield.
Trae Young ( Atlanta Hawks / 16.9 points, 3.2 rebonds, 7.4 passes et 4 pertes de balles à 41% de réussite au tir dont 31% à 3pts)
Lors du précédent conseil de classe, propreté et efficacité étaient les principaux éléments recommandés. Autant vous le dire tout de suite, Trae Young n'est pas encore parvenu à mettre ses mots d'ordres totalement à profit. Mais comme pour Marvin Bagley, il y a du mieux. Les soirs de néant se font de plus en plus rares pour le rookie. Il gagne en consistance notamment au niveau de la provocation de fautes (passée de 3.2 LFs par match au mois de décembre à 4.6 en janvier). Le péché mignon de Trae Young reste les pertes de balles (4 en moyenne par match). Par un calcul rapide, vous contastez que le ratio assist/turnover pique les yeux. Heureusement, Trae Young profite du climat médiatique austère de la Géorgie pour travailler dans son coin. Il peut évoluer sereinement au sein du contexte feutré des Hawks sans voir une pluie de critiques s'abattre sur lui. Même son camarade Kevin Huerter lui a piqué la vedette pendant un temps, c'est dire. Donc Mister Trae Young, on se retrouve au prochain trimestre. En attendant, essayez de mettre un peu plus d'application dans tout ce que vous faites (une belle phrase stéréotype de prof' ça).
- Mention bien
Kevin Huerter (Atlanta Hawks / 9.1 points, 3.2 rebonds, 2.8 passes à 44% de réussite au tir dont 40% à 3pts)
Voici l'autre rookie qui fait parler de lui à Atlanta. On pouffait de rire en écoutant Travis Schlenk nous parler de ces deux rookies comme les Splash Brothers 2.0. Mine de rien, certains flashs de la Baie d'Oakland nous sont apparus lorsque Kevin Huerter a eu sa période euphorique. Les deux jeunes hommes sont encore loin du niveau de leurs ainés (si tenté qu'ils l'atteignent un jour). Cependant, les similitudes sont bien présentes. Kevin Huerter a ses éclats qui rappellent fortement un certain Klay Thompson. Son aptitude à prendre feu en un éclair est une preuve évidente. Mais elles ne s'arrêtent pas là. Tout ou presque dans son jeu peut-être associé au joueur des Warriors, à l'exception de la défense. Une adresse longue distance plus que correcte (39% à 3pts), un jeu sans ballon intelligent et une rapidité dans ses prises de décisions. Le registre offensif du rouquin ne demande qu'à s'étoffer. L'excitation est le mot qui prédomine chez les fans des Hawks. Avec un back-court si jeune et talentueux, il y a de quoi. L'avenir pourrait être radieux en Géorgie.
Landry Shamet (Philadelphie Sixers / 8.4 points, 1.5 rebonds, 1.1 passes à 44% de réussite au tir dont 40% à 3pts)
Merci la trade deadline ! Il y a quelques jours, Landry Shamet a fait ses valises pour Los Angeles dans le cadre du trade avec Tobias Harris. Peu importe, cela ne va pas nous empêcher de parler de la montée en puissance du désormais ex-rookie des Sixers. En manque de shooteurs pour espacer le terrain, les Sixers avaient vu en Landry Shamet le parfait complément à Joël Embiid et Ben Simmons. Avant de faire du joueur une monnaie d'échange en vue d'une compétitivité immédiate pour le titre NBA, l'ancien joueur de Wichita State faisait parler ses qualités de joueur sans ballon et de shooteur. Au sein des systèmes simples mais non moins efficaces de Brett Brown, Landry Shamet se régale et profite des espaces engendrés par la présence intérieure d'Embiid et Simmons. Prenant la majeure partie de ses shoots derrière l'arc (4.5 tirs pris à 3pts sur 6.4 tentatives de tirs par match) et en catch and shoot (57%), il est dans la veine de ces marathoniens des parquets, Kyle Korver ou JJ Redick pour ne citer qu'eux. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le garçon est pour le moment à la hauteur de ces joueurs dont la réputation n'est plus à faire. Landry Shamet tourne actuellement à 44% de réussite au tir dont un impressionnant 40% à 3pts. Son statut de shooteur unidimensionnel pouvait faire peur à certains. Son succès en NBA va en grande partie dépendre de sa capacité à " mettre dedans ". Depuis le début de la saison, il fait bien mieux que cela. Son départ aux Clippers pourrait même participer davantage à son expansion. Affaire à suivre.
Jaren Jackson Jr (Memphis Grizzlies / 13.8 points, 4.7 rebonds, 1.1 passes et 1.4 contres à 50% de réussite au tir dont 35% à 3pts)
Grand artisan du commencement en fanfare des Grizzlies, Jaren Jackson Jr aurait pu s'écrouler. Entre changement de direction de la franchise et bouleversement au sein du roster, l'univers de la NBA peut être impitoyable. Certainement averti par un père ancien joueur de la Grande Ligue, JJJ a su faire fi de cet environnement délétère. Continuant sur sa lancée du début de saison, Jaren Jackson a quelque peu corrigé sa forte propension à prendre des fautes. Il gagne en régularité et son mois de janvier en est un bel exemple. Le départ de Marc Gasol à Toronto place désormais Jaren Jackson en futur leader offensif et défensif de la raquette des Oursons. Une nouvelle responsabilité qui ne devrait pas déranger le principal intéressé. Au contraire.
- Mention innattendue
Sean Marks n'en finit plus de transformer ses vulgaires seconds tours de draft en formidables roles-players. Rodion Kurucs est l'un d'eux. Drafté en 40e position, le Letton a su trouver sa place au sein de l'équipe de Kenny Atkinson. Parfait joueur de complément, Rodion Kurucs est l'archétype du joueur européen : poste 4 de grande taille, intelligent et doté d'un shoot honorable, le tout avec des limites physiques évidentes. Capable de faire à peu près tout sur un parquet, il bonifie le jeu des Nets par son placement et ses bonnes décisions. Reste à savoir s'il peut être plus qu'un simple joueur de rotation, tout en sachant qu'il a déjà débuté une trentaine de rencontres dans la peau d'un titulaire.
- Avertissement travail
Dans une franchise à la dérive, on s'attend souvent à retrouver un semblant de baume au coeur à travers les nouveaux arrivants. Notamment les rookies. Malheureusement pour les Knicks, Kevin Knox ne parvient même pas à faire cela. Sévèrement critiqué lors de sa sélection, le 9e choix de la dernière draft ne parvient pas à faire taire ses détracteurs. L'ancien joueur de Kentucky tourne actuellement à 12.6 points par match pour une réussite assez catastrophique de 36% au tir global. Si le shoot à 3pts reste correct (33%), ses prises de décisions et sa sélection de tir restent douteuses. Cependant, tout n'est pas à jeter. Auteur d'un mois de décembre correct (il a reçu le titre de rookie du mois), c'est un maigre lot de consolation pour un joueur dont on attend plus. Au sein du marasme des Knicks, on se demande où vont les dirigeants avec leur joueur. Pas réellement mis en valeur ni mis de côté, le flou règne autour du rookie. Certainement tournés vers la free-agency 2019, les Knicks en oublient que le basket ne se résume pas à une accumulation de talents. Mais la situation n'aide clairement pas à son développement. Un peu similaire à la situation de Frank Ntikilina, on ne sait pas très bien où les Knicks veulent aller avec leurs jeunes. Probablement qu'eux non plus.
- Mention français
Elie Okobo (Phoenix Suns / 5.9 points, 2 rebonds, 2.7 passes à 37% de réussite au tir dont 27% à 3pts)
Seul Français de la cuvée 2018, toute notre attention se concentre donc sur le jeune Elie Okobo. Sans faire valoir un quelconque chauvinisme, l'ancien joueur de Pro A laisse entrevoir de belles promesses. Désormais solidement installé dans la rotation de Kokoskov, Elie Okobo peine malgré tout à faire preuve de régularité. Son shoot (normalement une de ses forces) lui fait cruellement défaut. De plus, avoir à endosser la tâche de meneur de jeu est une épreuve en soi pour le gaucher. Rajoutez à cela que son mentor à ce poste se trouve être Jamal Crawford, lui-même qui n'a jamais été un véritable meneur. Bonjour la situation pas facile. Le contexte n'est pas simple mais ces petits flashs aperçus chez Elie permettent d'y croire. On continuera à le surveiller de près en tout cas.
- Certificat médical
Wendell Carter Jr était l'une des rares satisfactions de la saison du côté des Bulls. Son impact était déjà important, notamment en défense. Blessé au pouce, WCJ devrait encore être absent 8 à 10 semaines environ. Etant donné que les Bulls ne seront guère présent au-delà du mois d'avril, on pourrait ne pas revoir le rookie d'ici la fin de saison. Une bien triste nouvelle tant le joueur avait montré de bien belles qualités, que ce soit en attaque ou en défense.
- en vrac
J'aurais aussi pu vous parler de Deandre Ayton qui continue de tourner dans ses standards habituels, à base de 20/10. Les stats sont là mais l'évolution de son impact au sein de Suns bon dernier de l'Ouest reste très maigre. Si les Cavaliers vont toujours aussi mal, Collin Sexton se développe gentillement dans l'Ohio. Son efficacité et sa capacité à driver une équipe nous laisse sur notre faim mais Cleveland est loin d'être pressé. Enfin, on en parle peu mais les deux Bridges font leur saison dans des registres bien différents. Mikal dans un profil d'arrière défensif capable de planter de loin. Tout le contraire d'un Miles qui brille davantage par ses actions d'éclats et notamment des dunks monstrueux. Ce qui lui a même valu une invitation au concours de dunks du All-Star Game. Nul doute qu'à la maison, l'ancien de Michigan State aura à coeur de briller.