Comment déstabiliser une second unit adverse ?
Chers lecteurs, voici un article coup de cœur sur les Spurs et leur second unit ô combien déterminante. Amoureux des chiffres, ce papier est pour vous !
En ce début de saison, une équipe se démarque au sein du microcosme de la grand ligue. Une fois n'est pas coutume, les Spurs s'illustrent à travers un basket altruiste, rythmé et structuré - 3ème équipe à réaliser le plus de passes décisives par match et seconde au ratio A/TO. Offensivement, San Antonio récite son basket et peut compter sur l'un des bancs les plus prolifiques de la ligue. Emmenée par le trio Diaw/Ginobili/Mills, la second unit texane apporte un écho considérable à chaque rencontre.
- Patty Mills, solide défenseur ?
La débauche d'énergie de Patty Mills m'interpelle à chaque rencontre... Mais à quoi fonctionne le meneur des Boomers ?! Il doit être insupportable pour ses adversaires car il ne lâche jamais le morceau. C'est une vraie teigne et on constate que sa présence sur le terrain coïncide avec plusieurs revirements statistiques en faveur des Spurs. On se rend compte par exemple que l'équipe adverse voit son offensive rating baisser de 3,7 points lorsque le meneur australien se trouve sur le terrain. A cette statistique, nous associons le fait que l'équipe adverse bafouille offensivement avec une augmentation significative du nombre de pertes de balle.
En effet, le pourcentage de pertes de balle réalisé sur 100 possessions passe de 12,2 % à 18,4 %. L'un des premiers réflexes serait d'avancer l'hypothèse suivante « le manque d'efficacité offensive adverse et l'augmentation significative de pertes de balle pourraient résulter de l'agressivité défensive de Patty Mills. ». Afin de confirmer ou infirmer cette hypothèse, commençons par observer les statistiques défensives de l'intéressé sur nba.com/stats :
| Defense Category | DFMG | DFGA | DFG% | FREQ | FG% | Diff% |
| Overall | 2,7 | 5,9 | 44,9 | 100 | 42,5 | 2,5 |
| 3pts | 0,6 | 1,6 | 37,5 | 27 | 33,3 | 4,2 |
| 2pts | 2,6 | 4,3 | 47,7 | 73 | 46,4 | 1,3 |
| Moins de 6 Ft | 1,0 | 1,3 | 75 | 22,5 | 62 | 13 |
| Moins de 10 Ft | 1,5 | 2,1 | 71 | 34,8 | 52,7 | 18,3 |
| Plus de 15 Ft | 1,1 | 3,1 | 34,8 | 51,7 | 34,9 | -0,1 |
L'hypothèse d'une solide défense individuelle de Patty Mills sur son adversaire direct prend du plomb dans l'aile au regard de ses statistiques défensives... Comment donc expliquer ce revirement statistique ? Sa défense individuelle n'a pas d'incidence sur son adversaire direct mais tout porte à croire que les membres de la second unit des Spurs parviennent à inhiber le rendement offensif adverse.
- Rythme et maîtrise
Prenons maintenant le pourcentage de passes décisives réalisées par les adversaires du trio Ginobili/Diaw/Mills lorsqu'ils se trouvent associés sur le terrain :
- Lorsque Patty Mills est sur le parquet le pourcentage de passes décisives effectué par l'adversaire chute de 11,5
- Lorsque Manu Ginobili est sur le parquet le pourcentage de passes décisives effectué par l'adversaire chute de 9,1
- Lorsque Boris Diaw est sur le parquet le pourcentage de passes décisives effectué par l'adversaire chute de 5,8
En parallèle de cette chute du nombre de passes décisives des adversaires, nous observons qu'en présence de ces joueurs, le pace factor - c'est-à-dire le nombre de possessions d'une équipe reportée à 48 minutes de jeu - augmente aussi bien pour les Spurs que pour ses adversaires. Le rythme imposé par ce trio s'avère donc beaucoup plus soutenu que celui du starting five et la gestion de ce changement de rythme s'impose à l'adversaire à tel point que celui-ci n'arrive pas à suivre - plus de pertes de balle, moins de passes décisives.
A contrario, le pourcentage de passes décisives réalisées par les Spurs en présence de Diaw et Mills augmente - + 4,4 avec Babac et 2,2 avec Mills - tout comme le pourcentage de ballons volés. Ajoutez à cela un pourcentage de pertes de balle qui décroît globalement en présence de ces trois joueurs et vous obtenez un banc plein de maîtrise, capable de renverser le cours d'un match. Il n'est pas donc pas étonnant de retrouver Manu Ginobili - 8ème position avec +8,9 - et Patty Mills - 21ème position avec + 5,3 - dans le haut du classement des joueurs disposant du meilleur plus-minus par match.
- Les yeux fermés
Que peut-on attendre d'un remplaçant ? Mon coach par exemple à toujours tendance à faire passer le message suivant "Si vous entrez en cours de jeu, c'est qu'on a confiance en vous. Vous ne devez pas faire baisser le niveau de l'équipe et permettre aux titulaires de souffler même si c'est seulement 2 ou 3 minutes.". Quelle serait sa réaction s'il pouvait compter sur un trio tel que celui que nous avons décrit dans le point précédent ? Il serait aux anges, ça ne fait aucun doute !
Le savoir-faire de la second unit des Spurs n'a pas d'équivalence dans la ligue et tous les différentiels mis en lumière préalablement donnent du crédit aux performances de Patty Mills and coll. L'offensive rating des adversaires s'estompent car ils ne sont pas en mesure de rivaliser avec le rythme de la second unit caractérisé par un ball movement des plus déroutants. Mon ancien chef rédac sur Inside Basket - Vincent Thiollière de http://spurs.debats-sports.com/ - exprime cette cohérence de la façon suivante :
Ces trois là jouent comme jouent les Spurs depuis trois ans : avec beucoup de rythme en se passant énormément le ballon. C'est moins le cas des starters désormais d'où l'écart important entre les deux cinq globalement.
Afin de donner un peu plus de relief à cette relation qui unit les trois joueurs reprenons les tableaux statistiques des pourcentages de passes réalisés par ces derniers en match :
| Passes | Boris Diaw | Manu Ginobili |
| Passes reçues par Mills | 16,4 % | 24,6 % |
| Passes effectuées par Mills | 26,3 % | 10,3 % |
| Passes | Boris Diaw | Patty Mills |
| Passes reçues par Ginobili | 18,2 % | 32,5 % |
| Passes effectuées par Ginobili | 22,1 % | 17,8 % |
| Passes | Patty Mills | Manu Ginobili |
| Passes reçues par Diaw | 25,8 % | 21,9 % |
| Passes effectuées par Diaw | 35,8 % | 17,2 % |
On se rend bien compte à travers ces trois tableaux que la relation entre ces joueurs demeure prédominante mais surtout essentielle aux Spurs. Cette symbiose, cette alchimie est à l'image du jeu des Spurs et l'efficacité de ce triangle impacte largement sur les résultats de la franchise. Chapeau bas Messieurs ! (et surtout un grand merci ! C'est tellement agréable à regarder !)