Brooklyn : bête noire ou grosse écurie ?
En trois confrontations directes, les Nets ont pris le dessus sur le Heat. Est-ce un exploit, ou bien les Nets sont prétendants au titre ?
Les Nets sont cinquièmes de la Conférence Est et viennent d'enchainer un troisième succès de rang face au Heat, qui n'a jamais gagné contre Brooklyn cette saison.
Brooklyn a pris une avance sur un bilan à l'équilibre avec 33 victoires et 30 défaites, et sur les dix derniers matchs des Nets, Brooklyn est à 8-2. Alors est-ce passager ou bien les Nets ont pris le bon chemin pour arriver pleine vitesse en playoffs ?
A priori, les Nets sont devenus de vrais outsiders pour le titre, mais ils n'ont pas encore le rythme et l'assurance des prétendants directs au titre NBA. Tout d'abord, il ne faut pas oublier un début de saison catastrophique, malgré les venues de futurs Hall Of Famers que sont Paul Pierce et Kevin Garnett. Ensuite, il faut aussi se souvenir du mal de chien pour Jason Kidd pour trouver une identité à son groupe. Avec les blessures, les âges avancés de certains cadres, et les déceptions des All-Stars comme Deron Williams, rien ne fut simple pour le jeune coach.
Mais depuis le All-Star Break, on observe une équipe qui assume ses problèmes, qui assume l'âge avancé de son effectif et qui donne sa chance à des role players qui se mettent au service de l'équipe. L'année dernière, cela a commencé avec Andray Blatche, mais cette saison, on voit des jours comme Shaun Livingston, Andreï Kirilenko et Mirza Teletovic faire le boulot sans pour autant attirer les spotlights.
Ensuite, il y a eu le cas Brook Lopez. Out pour la saison, Kidd a choisi de jouer avec quatre intérieurs et de faire un roulement rapide. Garnett, Blatche, Teletovic, et Mason Plumlee donnent de la présence sous le cercle, mais pour autant, un tel roulement avec un tel écart d'expérience peut nuire à terme. Finalement, la venue hautement médiatique de Jason Collins permet d'asseoir cette stratégie de roulement dans la peinture, et pour l'instant, ça marche.
Bref, l'identité des Nets est trouvée : un collectif avant tout. Finie la guerre des égocentriques, finie la bataille pour savoir qui est le franchise player, car c'est un collectif au service de l'équipe qui permet aux Nets de se rapprocher du Top 4 de la Conférence Est.
Néanmoins, plusieurs ingrédients manquent à cette équipe pour pouvoir aller chercher le Larry O'Brien Trophy. S'il y a un collectif, le Big Three qui en ressort n'est pas si stable que ça. Deron Williams est très loin de son rang de All-Star avec 14pts (45%, 37% à 3pts), 6,4pds et 2,4rbds en 32 minutes de jeu. Idem pour Joe Johnson qui tourne cette saison à 15pts (44%), 3,2rbds et 2,7pds. Mais l'ancien Hawk est le monsieur Clutch de la franchise. Enfin, nous avons Paul Pierce. L'ancien capitaine des Verts a eu du mal avec son partenaire Garnett, à trouver sa place dans l'attaque des Nets. S'il remonte la pente, il cumule que 13,5pts (44%, 37% à 3pts), 4,8rbds et 2,6pds en 29 minutes de jeu.
Ensuite, il manque une vraie solidité au poste bas. Garnett sera limité à 20-25 minutes, et c'est bien une erreur de la part de Kidd, car même à bientôt 38 ans le 19 mai prochain, KG a besoin d'un temps de jeu plus conséquent pour montrer toute sa force en défense et également en attaque. Actuellement, Garnett n'est qu'un très bon maillon de la chaîne intérieure, mais c'est un joueur de saison régulière. Il faudra un Garnett de playoffs dans quelques semaines, mais Kidd ne lui en donne pas les moyens.
Enfin dernier point, il manque un leadership. Si le collectif s'est trouvé, si un Big Three s'est plus ou moins constitué, pas un seul joueur ne joue le rôle de franchise player. Joe Johnson a été All-Star cette saison, mais il est loin d'être un meneur d'hommes. Il reste un exécutant, et un sauveur. Mais personne sur le terrain n'a la grande gueule, hormis Garnett, mais sur 20 minutes de jeu, son charisme ne fait pas effet.
Il reste du boulot à Kidd pour que les Nets passent d'outsiders à prétendants, mais n'est-ce pas trop tard ?