Immersion en NCAA : Boston College - Wake Forest
Quel meilleur moyen pour s'immerger dans la culture américaine qu'un match de basket universitaire lambda ? Retour d'expérience.
On le sait tous, le sport universitaire est une véritable religion aux USA. Peut-être plus que les ligues professionnelles du fait de la multitude d'équipe et par conséquent de leur proximité géographique (30 équipes pour un territoire grand comme 17 fois la France, ça fait peu...), du coût moindre des matchs (environ $15/$20 pour une bonne place de NCAA I, contre minimum $50 pour les Celtics au TD Garden par exemple), et de la possibilité de connaître les joueurs (Un étudiant est forcément plus accessible qu'une star NBA). C'était donc le terrain parfait pour faire une étude de l'américain moyen et d'observer un peu le mode de vie et le comportement de ces aliens qui habitent outre Atlantique, mais aussi, et surtout, d'avoir une première approche du basket américain.
C'est mon premier week-end à Boston. Arrivé le Mercredi pour une mission d'un an, j'ai été accueilli dès le jeudi par une tempête de neige et des températures polaires. Après une brève visite d'appartement à Brookline, situé à 2 miles (3,2km) je me rappelle que les Eagles de Boston College affrontent l'équipe de Wake Forest. Qu'a cela ne tienne, j'affronte les -20°C (ressenti -30) et la neige pour aller voir ce match.
Boston College a vaincu quelques semaines auparavant les Blue Devils de Duke (Coach K, Grant Hill, Danny Ferry, Austin Rivers, Jabari Parker et Kyrie Irving sont passés par là pour ne citer qu'eux). L'adversaire du soir, Wake Forest, est la fac d'où est sorti Tim Duncan, rien que ça... (Et aussi Chris Paul, Ish Smith, Jeff Teague ou encore John Collins). Mais Boston College n'est pas en reste en terme de joueurs connus. Ont été formés : Dana Barros (recordman jusqu'en 2013 du nombre consécutif de match avec au moins un 3pts inscrit (89)), Jared Dudley ou bien encore Reggie Jackson.
Le match peut donc s'avérer intéressant, mais comme dit auparavant, je viens au moins autant pour le match en lui même que pour observer qui sont les américains qui bravent une tempête de neige pour aller voir un match de basket universitaire ainsi que pour connaître les infrastructures que peuvent offrir une fac moyenne à ses athlètes.
Premier constat : il y a du monde. La police est obligée de faire la circulation aux abords de la salle pour que tout le monde puisse accéder au match sans encombre. Néanmoins comme je m'y attendais, ce n'est pas la folie. Et cela se confirme une fois entré dans l'antre des Eagles. Il me faut moins d'une minute pour avoir mon billet ($10). La salle met un peu de temps à se remplir réellement, mais finalement on doit arriver à un taux de remplissage aux alentours de 60/65%. Pas si mal pour un samedi après-midi par -20°C.
Impossible de rater qu'on est aux USA, le drapeau est omniprésent, et, comme pour les matchs NBA, on a le droit à l'hymne avant le match. Toute la salle se lève alors et une grande partie met la main sur le coeur et entonne l'hymne avec la chanteuse.
En terme de show et d'infrastructures, Boston College n'a rien à envier aux équipes professionnelles française. Voire les dépassent. Cheerleaders, lancers de tee-shirts, kiss-cam, match de jeunes à la mi-temps, caméra avec retransmission en temps réel dans la salle et ralentis, tout y est. C'est réellement impressionnant de voir cela à un niveau non professionnel. Et la salle pour le coup, ferait pâlir la plupart des équipes européennes. Une jauge de plus de 8000 place en version basket (elle accueuille aussi l'équipe de hockey), des écrans géants de chaque côté, un éclairage récent (LED) permettant de créer une ambiance. Largement comparable à des salles comme celles d'Orléans, Nantes ou Lyon-Villeurbanne.
L'entrée des joueurs se fait au son du micro du speaker, la salle plongée dans la pénombre. Tip off. Le match en lui même n'est pas passionnant. Un match de runs comme on en voit si souvent. Quelques joueurs sortent du lot, comme B. Crawford qui fini à 24pts 5rebs 4ast pour Wake Forest ou J. Robinson qui fini à 25pts 5rebs 5ast mais rien de transcendant en terme de jeu pour autant. Néanmoins on a droit à quelques actions d'éclats comme une contre attaque finie par un passage dans le dos de la balle puis le dunk renversé directement après qui a fait se lever la salle. Victoire finale de Boston College 77 - 71.
Ce qui m'a surpris dans cet évènement, ce sont les personnes présentent dans la salle. Le public était très familial là où je m'attendais plutôt à des jeunes et particulièrement à des sportifs. On sent que c'est la sortie du week-end, qui ne coûte pas plus cher qu'un ciné ici. Les gens en profite pour débourser un peu d'argent dans la nourriture (et oui... On reste aux USA après tout) ou les quelques boutiques à l'effigie de Boston College. La plupart sont comme moi, pas très concentrés sur le match, occupés à parler à leur copine, amis ou bien sur leur téléphone. Bien sûr, il y a quelques irréductibles qui crient contre les joueurs alors qu'ils sont à 30m et qu'il y a de la musique, pensant mieux savoir quoi faire que le coach ou que les joueurs, mais ils sont peu nombreux et assez dispersés dans la salle.
Au final, ce qui m'aura le plus marqué dans cette première approche du basket américain, c'est le professionnalisme d'une ligue non professionnelle. Les équipes, et les joueurs en général, semblent recevoir un meilleur traitement que certains joueurs professionnels de G-League. Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de profiter de l'ambiance que peut parfois offrir la NCAA, mais je ne pense pas que les conditions étaient particulièrement réunies pour cela.
Le tournoi de l'Est de la March Madness étant à Boston cette année j'espère bien avoir l'occasion de me faire une deuxième idée de la NCAA à ce moment là, voire même avant. Mais avant ça, j'espère bien passer à la vitesse supérieure avec un match des Celtics au TD Garden !
Joris Hardouin, rédacteur ISB à Boston