Blake Griffin lâcheur ou professionnel enchaîné ?

Cet été Blake Griffin a préféré s'entraîner pour son équipe des Clippers en zappant la Coupe du Monde, mais il s'est également illustré par ses commentaires après l'affaire Donald Sterling.

Il est fréquent que les grandes stars de la ligue ne rejoignent pas l'équipe nationale des Etats-Unis, notamment lorsqu'il s'agit de jouer une Coupe du Monde qui a moins de succès qu'un tournoi olympique.

 

Blake Griffin a fait le choix de ne pas rejoindre la sélection de Coach Mike Krzyzewski cet été, mais il est tout à fait à l'aise sur le fait d'avoir privilégié sa carrière en club, ce qui est largement justifiable : 

 

"Je pense que le temps que j'ai pris entre les deux saisons, c'est-à-dire un été complet, cela m'a permis de gagner en force et de faire pas mal d'exercices. Cela n'a pas été une grande difficulté de commencer avec mon problème de dos. Je savais que je pouvais jouer malgré tout. Le temps que je me suis donné, je pense, m'a renforcé et je me sens à l'aise avec la décision que j'ai prise de ne pas rejoindre Team USA cet été."

 

L'une des satisfactions de Griffin en ce début de préparation NBA, c'est de pouvoir s'entraîner avec beaucoup de joueurs de la saison passée et de pouvoir compter sur des nouveaux comme Spencer Hawes, ou encore Chris Douglas-Roberts, qui s'intègrent parfaitement au style des Clippers. Néanmoins, le fait qu'il ait décliné la Coupe du Monde montre que l'intérieur de Los Angeles a lâché délibérément la sélection nationale, et certains sont prêts à remettre en question ses anciennes blessures qui l'ont empêchées de jouer les compétitions internationales.

 

Autre fait marquant, ces dernières déclarations sur l'affaire Sterling. Dans cette bataille entre l'ancien propriétaire des Clippers et la NBA, on peut largement dire que c'est la NBA qui a perdu, car avec un chèque de 2 milliards de dollars, Sterling sort grand vainqueur de ce duel. Le plus surprenant, c'est que si les Clippers ont menacé de boycotter la saison 2014-2015. Comme Chris Paul, Doc Rivers et Blake Griffin, l'intérieur de Los Angeles savait que Sterling était raciste.

 

"Quand les Clipp's m'ont annoncé qu'ils allaient me drafter, j'ai recherché sur Google pour en savoir un peu plus. C'était Donald Sterling le propriétaire, mais en tapant son nom, la première chose qui est sortie est Donald Sterling raciste."

 

"Qu'est-ce que je pouvais faire ? Pendant mes cinq ans au sein des Clippers, cela allait plutôt bien. Rien n'est sorti, rien n'est arrivé. Et puis, je ne l'ai pas vu tant que ça (...). Notre coach nous a annoncé à l'avance que cela allait sortir dans la presse. On ne savait pas quoi penser. Puis le lendemain, j'ai eu tellement de messages que j'ai dû éteindre mon portable pour rester concentré. Je savais qu'il était raciste. Je déteste dire ça, mais je n'ai pas été surpris quand tout est sorti dans la presse."

 

Si les joueurs de l'autre franchise de Los Angeles ont montré leur désapprobation en retirant leurs logos Clippers au cours des playoffs, on peut aussi se demander pourquoi les Clippers, et Blake Griffin en particulier; n'ont pas voulu agir avant, quand les enregistrements illégaux ont été diffusés dans la presse. Pour sa défense, Griffin explique que tant que son caractère raciste restait sous silence, la vente des Clippers allait engager moins d'argent par rapport à ce qui a été fait cet été.

 

"Au final, la personne qui a divulgué ces enregistrements lui a fait une faveur, car il s'est enrichi. Si rien de tout ça ne s'était passé et qu'il avait décidé de vendre cet été, il ne serait pas parti avec autant."

 

La NBA devient un monde de plus en plus paranoïaque, que ce soit pour les compétitions internationales, ou encore les suspicions de racismes ou de xénophobie. L'affaire a montré les limites d'une morale sans fond face au business. Car, si Sterling avait l'intention de vendre sa franchise, n'a-t-il pas fait le nécessaire pour faire exploser cette affaire et partir avec son chèque ?

 

Quant à Griffin et CP3, au courant du caractères xénophobes de leur employeur, avaient-ils peur de ne pas avoir de chèque à la fin du mois ? Ce sont des All-stars et ils sont dans ce sens quasiment intouchables. Et s'ils risquaient d'être viré... ils avaient le CV ultime pour rebondir ailleurs et dans de meilleures conditions. 

 

Face à l'opinion et au choc de ces enregistrements, les médias se sont attardés sur les conséquences et les décisions de justice. Mais il convient aussi de nous interroger sur les joueurs, offensés et victimes à la base, et sur leur mutisme avant l'affaire Sterling. Ont-ils fait preuve de lâcheté par rapport à l'appât du gain comme on peut le craindre, où ont-ils été contraints voire menacés sportivement et financièrement s'ils montaient un coup contre Sterling avant la diffusion des écoutes ?

 

Cela fait-il aussi partie du business ? Au lieu de se poster en victime, Griffin sème le doute. A-t-il été libéré ou a-t-il retourné sa veste de manière hypocrite ? L'opinion a été touché par le boycott de logo des joueurs de Los Angeles. Mais après les révélations de Griffin, cela ressemble plus à un acte marketing pour surfer sur les odieuses révélations sur Sterling, plutôt qu'à un soulagement de se dire que le propriétaire des Clipp's allait enfin quitter le navire.