Bilan d'une Draft agitée entre espoir et incohérence à Phoenix
Les drafts se suivent et se ressemblent à Phoenix. Avec un choix 6 et 32 à l’heure d’aborder cette Draft, les Suns ont énormément bougé pour le meilleur et pour le pire. Récit de la soirée vécue par les fans des Suns.
Il était minuit lorsque la soirée s’est enflammée pour la première fois. Les Suns sont les premiers à avoir dégainé en transférant TJ Warren chez les Pacers. L’ailier était devenu indésirable à Phoenix et le divorce entamé entre les deux parties ne pouvait que mal se finir. Le scénario est catastrophique puisque la franchise perd son second meilleur scoreur ainsi que le 32ème choix contre rien du tout. La clé de ce transfert, ce sont bien sûr les 11 millions de salary cap évacués par Phoenix. Cependant, le prix à payer est quand même très cher pour simplement 10 millions d’économie en perdant un joueur confirmé. Pour mieux comprendre les retombées de ce trade à Indiana, retrouvez notre article consacré à la transaction.
Et avant même que la Draft commence, les Suns n’en avaient pas terminé. 30 minutes plus tard, nouvelle bombe d’Adrian Wojnarowkski. Cette fois, les Suns ont trouvé un accord avec les Minnesota Timberwolves. Phoenix récupère Dario Saric pour combler un manque énorme sur le poste d’ailier-fort. Pour compenser, les deux équipes échangent leurs choix 6 et 11. Les Suns chutent dans le tableau là où les Wolves grimpent. C’est un vrai apport de qualité que va offrir Saric et son association avec Deandre Ayton dans la raquette s’annonce prometteuse. En revanche, on a encore l’impression que la franchise de l’Arizona s’enfonce dans un effectif en grand manque de talents défensifs. Un secteur à surveiller lors de la free agency. De plus, Jarrett Culver était encore disponible au 6ème choix ce qui pourra être source de quelques regrets. Mais globalement, ce trade semble réussi à Phoenix. Pour mieux comprendre les retombées de ce trade pour Minnesota, retrouvez notre article consacré à la transaction.
Comme vous l’avez compris, le choix des Suns sera à la 11ème place cette saison. Un sentiment étrange pour les fans quand on sait qu’ils ont terminé la saison régulière avec le second pire bilan de la NBA et le pire bilan de l’Ouest. Merci la lottery. Peu importe, il y avait un choix à faire. Avec un besoin d’ajouter du talent aux postes de meneur et d’ailier-fort, Nickeil Alexander-Walker, Sekou Doumbouya ou encore Brandon Clarke étaient les favoris de ce choix. Mais dans cette Draft 2019, rien ne s’est passé comme prévu et les Suns n’ont certainement pas fait exception. Au contraire. Dans la stupéfaction générale, Adam Silver annonce la sélection de Cameron Johnson, en provenance du North Carolina. Ce poste 3-4 annoncé à 2m05 est un 3&D parfaitement adapté à la NBA moderne. Il a tourné à 17 points de moyenne l’an passé en tirant un impressionnant 45% à 3 points. Mais Johnson a déjà 23 ans. Il a effectué un cursus universitaire complet avant de se lancer dans la NBA. Si ses qualités devraient avoir un apport immédiat, il a aussi un potentiel très limité. De plus, on comprend mal ce choix sur un poste où les Suns ne manquaient pas de profondeur avec Mikal Bridges, Josh Jackson et Kelly Oubre Jr.
Si ce joueur NBA ready sera utile, on peut nourrir des regrets dans l’Arizona en ayant laissé passer des joueurs au potentiel énorme comme Culver et Doumbouya pour des joueurs confirmés mais limités comme Saric et Johnson. Il y avait mieux à faire. Surtout quand on sait que l’ailier de North Carolina n’était pas attendu avant la fin du premier tour. En schématisant grossièrement, les Suns ont abandonné Jarrett Culver et TJ Warren pour Dario Saric et Cameron Johnson. Le constat est dur. Dernier coup de massue, Cameron Johnson est un joueur plus vieux…. Que Devin Booker ! En attendant, on ne peut que se réjouir pour l’homme. La réaction de Coby White (choisi en 7 par Chicago), son grand ami à North Carolina, est rafraichissante et peut laisser espérer une bonne surprise pour Phoenix.
Coby White had the best reaction to finding out his UNC teammate Cam Johnson got selected No. 11. 🙌
— NBA on TNT (@NBAonTNT) 21 juin 2019
(via @NBATV)
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Après déjà beaucoup d’émotions et de nouveaux horizons tracés à Phoenix, la soirée était tout sauf terminée. C’est en fin de premier tour que James Jones et Jeff Bower ont décidé de s’attaquer à un autre dossier, celui des meneurs de jeu. Le premier mouvement inattendu arrive lorsque les Celtics sont appelés à choisir en 24ème position. Ty Jerome est choisi, une bonne perspective pour Boston. Mais dans la foulée, Adrian Wojnarowski annonce à l’antenne que ce choix est immédiatement envoyé en direction des Suns, sans la moindre précision supplémentaire. C’est la surprise qui l’emporte dans un premier temps. Surtout quand les détails du trade sont annoncés. Les Suns envoient le choix des Bucks en 2020 (récupéré contre Eric Bledsoe) pour récupérer Ty Jerome ainsi que Aron Baynes !
L’acquisition du joueur Australien est comparable à la vision d’un verre à moitié vide ou à moitié plein. D’un côté, Baynes sera un bon remplaçant et aidera probablement Ayton à devenir encore meilleur. Il apporte des qualités défensives manquantes à l’intérieur et pourra aider les Suns à gagner quelques matchs. D’un autre côté, Phoenix encaisse aussi ses 5 millions de salaire dans le cap. Un poids qui peut faire réfléchir puisqu’associé aux salaires de Cameron Johnson et Ty Jerome, on arrive presque à 10 millions soit l’équivalent du salaire de TJ Warren bazardé pour récupérer du cap justement. Ces décisions prises toutes ensembles sont donc incohérentes, et renforce le sentiment terrible que Warren a été sacrifié pour rien. Au sens propre comme figuré. Pour mieux comprendre les retombées de ce trade à Boston, retrouvez notre article consacré la transaction.
Dans ce deal avec les Celtics, les Suns récupèrent également Ty Jerome. Ce meneur d’1m95 a remporté le championnat de NCAA avec Virginia, l’équipe de De’Andre Hunter. C’est un joueur très intelligent autant capable de sanctonner par ses passes lumineuses que par du 3 points. Mais comme Cameron Johnson, son potentiel est limité. Jerome a déjà 22 ans, et on le voit mal devenir autre chose qu’un bon remplaçant en NBA. Ici encore, les fans des Suns peuvent ressentir une lourde frustration. Choisir ce joueur n'était peut-être pas la meilleure façon d'utiliser ce choix quand on saît que des talents aux qualités annoncées supérieures comme Nassir Little, Keldon Johnson ou Kevin Porter Jr étaient encore disponibles. Incohérence quand tu nous tiens...
Et les Suns n’avaient à ce moment pas terminé leur chasse aux meneurs ! Après que la fin de la Draft ait sonné, de nombreuses équipes se sont activées pour signer au prix bas les meilleurs joueurs non draftés. On salue le choix des Blazers qui ont signé le français Jaylen Hoard par exemple. Phoenix a également participé à ce bal. Ils ont signé un contrat de 4 ans avec Jalen Lecque. C’est un autre meneur, un de plus. Ce joueur sort du lycée, et il a décidé de snober l’université en s’inscrivant directement à la Draft. Un choix souvent déstabilisant qui peut présager autant de positif que de négatif. Son surnom ? Baby Westbrook ! Après Mini LeBron en la personne de Eric Bledsoe, les Suns ont trouvé leur nouvelle version low cost d’une star de la ligue. Ce jeune meneur a des qualités athlétiques phénoménales et les mixtapes de ses dunks ont de quoi impressionner. On n’en sait pas vraiment plus, et la Summer League début Juillet nous aidera à en savoir un peu plus sur ce joueur intriguant.
La fin de cette journée très agitée à Phoenix pose encore de nombreuses questions. Mais pourquoi Jones et Bower ont-ils choisi d’ajouter autant de meneurs à leur effectif ? Elie Okobo et De’Anthony Melton étaient déjà présents et demandaient du temps de jeu pour se développer. Désormais, on craint le pire pour notre meneur français qui se fait barrer la route de toutes parts avant que la free agency vienne encore alourdir sa concurrence avec un poste 1 d'expérience souhaité. 5 meneurs, c’est beaucoup trop. La liste est terrible car Okobo, Melton, Lecque, Jerome et Tyler Johnson sont tous des joueurs au talent terriblement limité. Des départs sont à prévoir. En attendant, on retrouve avec ce surchargement les souvenirs d’une époque glorieuse à Phoenix où Eric Bledsoe, Goran Dragic, Isaiah Thomas, Tyler Ennis et Ronnie Price jouaient tous ensemble dans un joyeux désastre. On a toujours su s’amuser à Phoenix. Après cette draft 2019, il est encore difficile de savoir si les Suns ont fait les bons choix. Pourtant, un sentiment d’inquiétude se fait envahissant tant les opportunités à saisir ne l’ont pas été et certaines incohérences sont inévitables à constater. Prochain arrêt, la Summer League.