Bilan des frenchies : Frank Ntilikina touche le fond
La saison régulière 2020/2021 touche à son terme. Cet exercice, plus court, nous a de nouveau offert une place de choix à certains de nos compatriotes basketteurs. En cette année Olympique, les performances de nos frenchies étaient plus scrutées que jamais. Qui a brillé ? Qui a déçu ? C’est l’heure du bilan. Notre deuxième épisode est consacré à Frank Ntilikina.
- LE CONTEXTE : LE CAUCHEMAR AMERICAIN
Un tournant. Voilà comment on pouvait présenter la saison à venir pour Frank Ntilikina en Décembre dernier. Après trois premières saisons pour le moins délicates en NBA, le français drafté le plus haut de l’histoire (jusqu’à Killian Hayes en 2020) n’avait jamais convaincu chez les Knicks. La conséquence de trois exercices décevants où, malgré de belles promesses défensives, Ntilikina n’avait jamais rien montré de réellement intéressant de l’autre côté du terrain. Autrement dit, le français a vite été pointé du doigt dans l’exigeant marché new-yorkais où on attend forcément plus de la part d’un Top 10 de Draft, que de bonnes séquences défensives seulement. Sa timidité offensive flagrante ne l’a jamais quitté, et Ntilikina est régulièrement apparu dans les rumeurs de trade sans jamais que cela se concrétise. Néanmoins, il a dû subir de nombreux désaveux, comme lors du trade de Kristaps Porzingis où il a vu arriver de Dallas Dennis Smith Jr, soit précisément le meneur que New-York avait refusé à la Draft 2018. Terrible. L’arrivée de Tom Thibodeau apparaissait comme le dernier espoir de sa carrière NBA, avec un coach défensif qui pouvait trouver en Ntilikina son enfant prodige. Verdict ?
- L’ANNEE DU FRANÇAIS : ON TOUCHE LE FOND
‘’Bonsoir non tu joues pas demain’’, voilà le genre de SMS que Frank Ntilikina a régulièrement dû recevoir cette saison. S’il y avait déjà peu de raisons de se réjouir des performances du français lors des saisons précédentes, cette saison 2020/2021 s’est malheureusement révélée être la pire de toutes dans sa courte carrière. D’abord, il a commencé la saison avec un bobo au genou au bout de 4 matchs qui l’a écarté des parquets prématurément. Pas idéal pour gagner la confiance d’un nouveau coach. Puis, sa saison s’est résumée à une longue traversée du désert, ni plus ni moins. Il n’a pu disputer que 29 matchs cette saison, choix de Thibodeau, conséquence logique d’une rotation extérieure où tous les joueurs se sont montrés meilleurs que lui.
Déjà devancé par Elfrid Payton, Alec Burks et Reggie Bullock, il a en plus vu les Knicks sélectionner Immanuel Quickley en fin de premier tour de la Draft 2020. Le combo-guard de Kentucky a alors eu l’effet d’un douloureux rappel pour Ntilikina, qui n’a eu que ses yeux pour pleurer et observer un jeune talent drafté performant immédiatement, au point de peut-être s’inviter sur le podium des meilleurs rookies de la saison. Par la suite, les Knicks ont également récupéré Derrick Rose à Detroit, et même, le coup de grâce, Luca Vildoza à Baskonia en Europe ! Bref, le front office de New-York a fait comprendre au français que sa place dans la rotation était à oublier. Tout ce qu’il n’a eu c’est du garbage time, et quelques minutes régulièrement en Mars, sans jamais convaincre ni pérenniser ses minutes, la faute à un apport offensif abyssal, une fois n’est pas coutume.
- LA PERFORMANCE DE LA SAISON : LES BONNES RESOLUTIONS
Comme on vous l’a dit, Ntilikina a encore souffert de son apport inexistant en attaque cette saison. Cependant, il y a quand même 2 ou 3 coups d’éclats à retrouver dans la trentaine de matchs qu’il a pu disputer. On ne compte cette fois que deux performances à plus de 10 points pour Ntilikina, loin, très loin, des 11 pointes à ce stade la saison passée. Pour observer sa meilleure performance de la saison, il faut ainsi revenir en 2020, lors du 28 Décembre dernier. A cette époque, le français était peut-être encore survolté mentalement, dans l’espoir de convaincre son nouvel entraineur qui lui offrait du temps de jeu en sortie de banc. Dans la réception d’une équipe de Milwaukee encore en rodage, le French Prince (qu’on a bien du mal à surnommer comme ça désormais), a pris feu en lâchant les chevaux au tir. Dans un soir de réussite, il a planté ses 4 tentatives à trois points. Le bout du monde dans une saison aussi terne.
- QUEL FUTUR POUR LE FRANÇAIS : DIRECTION L’EUROPE ?
Alors assez tiré sur l’ambulance, pensons à l’avenir ! De toutes façons, le futur ne peut être que meilleur désormais après une saison où Ntilikina s’est montré fantomatique, condamné à cirer le banc et observer les autres extérieurs de New-York apporter les garanties qu’il n’a pas pu offrir. Frank Ntilikina arrive en fin de contrat rookie, et il n’a donné aucune raison à ses dirigeants de lui offrir une prolongation digne de ce nom. Il possède certes une qualifying offer, mais à 8 millions la saison, il est très peu probable que les Knicks l’activent. Le marché des agents libres attend le français, pour le meilleur et pour le pire. Deux choix semblent s’offrir à lui. En 4 saisons, Ntilikina a beau avoir déçu, il a prouvé à maintes reprises qu’il était un défenseur très solide sur l’homme, et peu d’extérieurs remplaçants apportent une telle dureté sur l’homme dans la ligue. Ainsi, il n’est pas improbable qu’une autre franchise lui fasse ‘’confiance’’ en lui offrant un contrat au salaire minimum, et une place en bout de banc où il devra une fois de plus arracher chaque minute sur le parquet. Sinon, un retour en Europe pourrait déjà être envisagé. C’est peut-être d’ailleurs l’option que Ntilikina pourrait privilégier, si l'impitoyable exigeance du mode de vie américain a déjà eu raison de lui. Seul lui détient la réponse à cette question à l’heure actuelle.
- JEUX OLYMPIQUES : NTILIKINA PEUT Y CROIRE
Avant de penser à la saison 2021/2022, Frank Ntilikina pourrait bien s’offrir un bol d’air avec l’équipe de France cet été ! Pour rappel, il a toujours eu une bonne relation avec Vincent Collet qui l’a lancé dans le grand bain du monde professionnel à Strasbourg, avant sa Draft NBA. Depuis, Ntilikina a régulièrement été appelé dans le groupe France, et il fait surtout partie de l’équipe qui a obtenu la médaille de bronze aux Championnats du Monde de Basket 2019, en Chine. Sa performance en quart de finale contre Team USA et son vis-à-vis Kemba Walker avait été très convaincante. Le sélectionneur bleu n’a sans doute pas oublié ces moments, mais il est difficile de penser qu’il a porté des œillères cette saison, ignorant les quelques mois catastrophiques que Ntilikina vient d’essuyer. Sur le poste de meneur, Andrew Albicy devrait être appelé à coup sûr. Avec lui, Collet a plusieurs choix, comme Thomas Heurtel (ASVEL) très performant depuis son retour en France, ou encore Théo Maledon qui réalise une première saison très réussie à Oklahoma City. Comparé à eux, Ntilikina affiche une saison moins réussie, mais plus de temps de jeu en Equipe de France lors des dernières années. Sa capacité à jouer sur les postes 1 et 2 pourrait aussi jouer en sa faveur. A moins que Collet lui préfère d’autres combo-guard, avec un Nando De Colo également assuré de participer aux JO, ou encore un Isaïa Cordinier spectaculaire à Nanterre cette saison. On estime que Frank Ntilikina a 50% de chances de participer aux Jeux Olympiques de Tokyo.