Bilan 2018-2019 : Milwaukee Bucks, Giannis débarque sur l'Olympe

Alors que la saison NBA est terminée et que la suivante a déjà débuté, il est temps de faire les bilans par équipe sur la saison 2018-2019. Voici celui des Bucks de Milwaukee.

 

Nous avions pronostiqué la 4ème place de la Conférence Est avec 49 victoires dans la preview de la saison à lire ici

Le Top 4 à l'Est était l'objectif des Bucks à l'entame de la saison, mais le système Bud a tellement bien fonctionné en régulière que le cap des 60 victoires a été atteint avec en prime la première place de la Ligue... n'en déplaise à Jason Kidd et Jabari Parker.

 

 

Meneurs: Eric Bledsoe, George Hill

Arrières: Malcolm Brogdon, Pat Connaughton, Sterling Brown, Donte DiVincenzo

Ailiers: Khris Middleton, Tony Snell

Ailiers-forts: Giannis Antetokounmpo, Nikola Mirotic, Ersan Ilyasova, DJ Wilson

Pivots: Brook Lopez, Pau Gasol

 

 

Classement: 1er de la conférence Est, 1er de la Central Division 

Offensive Rating: 113.8 pts inscrits sur 100 possessions (4ème de NBA)

Defensive Rating: 105.2 pts encaissés sur 100 possessions (1er de NBA)

Meilleur marqueur: Giannis Antetokounmpo avec 27.7 points par match

Meilleur rebondeur: Giannis Antetokounmpo avec 12.5 rebonds par match

Meilleur passeur: Giannis Antetokounmpo avec 5.9 passes par match

Meilleur intercepteur: Eric Bledsoe avec 1.5 interception par match

Meilleur contreur: Brook Lopez avec 2.2 contres par match

Meilleur pourcentage: Giannis Antetokounmpo avec 57,8 % aux tirs. 

 

 

L'été dernier nous avions évoqué l'arrivée de Mike Budenholzer à Milwaukee comme la signature la plus impactante pour la franchise. Alors qu'en fait, ce move n'est pas loin d'être le plus important de toute la Conférence Est. Coach Bud n'a pas fait passer un palier aux jeunes Bucks mais deux ou trois étages d'un coup. La métamorphose des Daims est impressionnante : Budenholzer a transformé les trois principales faiblesses de Milwaukee l'an dernier - spacing, défense et rebond - en fondements du collectif. 17ème défense en 2018, les Bucks sont aujourd'hui leaders de toute la Ligue dans ce domaine (105.2 points encaissés sur 100 possessions). Avec Khris Middleton comme seul artificier la saison dernière, Milwaukee était la 27ème équipe au nombre de 3 points inscrits (8.8 par match). Cette saison, la bande à Giannis est deuxième (13.4 tirs primés par match) juste derrière le run and gun des Rockets. La mue est encore plus renversante au rebond : bons derniers en NBA sous Jason Kidd (39.9 prises par match), les Bucks caracolent en tête désormais (50.1 rebonds par match) !

 

Tout le mérite n'en revient pas à Giannis Antetokounmpo et Coach Bud. Fantomatique à L.A., Brook Lopez devient l'un des rouages essentiels du roster grâce à ses banderilles from downtown et ses crêpes sous le cercle. All Star borderline, Khris Middleton gagne enfin son étoile en s'affirmant comme premier lieutenant. Quant à Malcolm Brogdon, il confirme enfin son statut de Rookie de l'Année 2017 en rentrant dans le prestigieux club des 50-40-90. Un sacré gage de qualité en matière de shooting. Si on ajoute à cela, un Eric Bledsoe déterminé en défense et appliqué en attaque, on obtient tout simplement le leader NBA en saison régulière.

 

Après un départ en boulet de canon avec 13 victoires et 4 défaites, les Bucks gèrent parfaitement leur premier road trip à l'Ouest avec des succès significatives aux Warriors et aux Nuggets. Les bases sont posées, les Daims sortent les crocs et déboitent les autres concurrents direct à l'Est : 3-1 contre les Pacers, 3-1 contre les Raptors, 2-1 contre les Sixers et 2-1 contre les Celtics. Avec un bilan de 43-14 à la pause du All Star Game, Milwaukee est déjà bien ancré à la tête de la Ligue et n'aura jamais perdu plus de deux rencontres consécutives. Une constance dans l'effort qui leur manquait cruellement lors des exercices précédents. Et comme le front office profite de la trade deadline pour faire des ajouts malins - George Hill et Nikola Mirotic - l'effectif devient de plus en plus deep en prévision des playoffs. La dernière partie de la saison sera l'occasion pour Budenholzer de tester d'autres lineups avec la blessure de Brogdon. Des essais qui n'entravent pas la marche en avant des Bucks qui terminent avec 60 victoires dans la musette, une première depuis 1981 !

 

 

L'objectif des Daims était de franchir enfin un tour de playoffs. Un palier que la franchise n'avait plus atteint depuis 2001. Le premier tour ne sera, en fait, qu'une formalité. Opposés aux Pistons avec un Blake Griffin très diminué, les Bucks déroulent leur collectif sans forcer pour un sweep finalement logique. Budenholzer fait tourner son effectif avec une répartition "spursienne" du temps de jeu : 9 Bucks avec au moins 20 minutes jouées par match et aucun qui ne dépasse les 30 minutes !

 

La postseason commence réellement contre les Celtics au tour suivant. Un affrontement qui doit servir de révélateur. Eliminés par ces mêmes C's l'an dernier en 7 matchs, les Bucks ont cette fois le costume de favoris. Pourtant le Game 1 va tourner à la leçon collective. Drivé par Al Horford dominateur des deux côtés du parquet, Boston donne une rouste aux locaux (+22). Big Al termine le match avec 20 points et 11 rebonds tout en freinant Giannis à 22 points et 7/21 aux tirs. On pense alors que Brad Stevens a la solution pour gêner Antetokounmpo et que la série est partie pour durer. Il n'en sera rien. Cette défaite a servi d'électrochoc aux Bucks qui vont entrer en mode rouleau compresseur avec du jeu rapide à gogo : 4 victoires de suite dont deux au Garden maîtrisées de bout en bout. Parfaits relais de Giannis en attaque, Khris Middleton et George Hill shootent respectivement à 47,2% et 47,4% derrière l'arc sur la série. A l'image de Pat Connaughton (8.0 points et 8.8 rebonds) excellent en sortie de banc, c'est la second unit des Bucks qui a fait la différence.

 

La Finale de Conférence face aux Raptors prend des allures du duel sur l'Olympe entre Giannis et Kawhi Leonard. Les deux meilleurs joueurs de l'Est s'affrontent pour reprendre l'héritage de LeBron James. Toujours euphoriques après leurs succès face aux C's, les Bucks enchaînent deux succès à domicile. Brook Lopez s'offre un record en carrière en playoffs sur le Game 1 (29 points, 11 rebonds et 4 blocks), tandis que c'est Ersan Ilyasova qui fait pencher la balance sur le Game 2 (17 points en 21 minutes et un plus/minus de +22). En passant de l'autre côté de la frontière, la série change brutalement de momentum : au bord de la rupture, les Canadiens remportent le match suivant après deux prolongations. Nick Nurse a trouvé la recette du succès. Il place Kawhi en défense sur Antetokounmpo pour l'orienter vers la raquette où Marc Gasol et Serge Ibaka l'attendent. Enfermé dans la nasse, Giannis s'entête à attaquer le cercle avec trop peu de réussite. Il obtient, certes, des fautes mais son pourcentage aux LF est en dessous des 50%. Les shooteurs de Milwaukee qui auraient pu changer le destin ne tiennent plus la route face à Kyle Lowry et le facteur X, Fred VanVleet. La messe est dite dans cette finale où Toronto passe un cinglant 4-0 pour achever les jeunes daims.

 

 

Le débat pouvait avoir lieu entre Giannis et James Harden pour le titre de MVP. Le Barbu a aligné des cartons offensifs avec des caisses de munitions pendant que le Grec tapait son code Wifi dans chaque colonne de stats. Chef de meute de la meilleure équipe de régulière, le Greek Freak a finalement remporté les suffrages. Rien d'illogique tant sa production des deux côtés du parquet donne le tournis : 27.7 points, 12.5 rebonds, 5.9 assists soit autant de records en carrière. Budenholzer a maximisé le potentiel du Grec qui a martelé ses adversaires en jeu de transition avec des drives hyper athlétiques. Giannis a shooté à 77% de réussite dans la restricted area, sachant que 58% de ses tirs proviennent de cette zone, ça fait mal ! En cas de prises à deux, il n'a pas hésité à donner des munitions aux snipers autour de lui : sur ses 5.9 assists, 3.4 ont débouché sur un tir primé. Là, ça fait vraiment très mal ! Et comme en défense, le cerf de lance des Bucks compile 1.5 block et 1.3 steal avec le meilleur Defensive Winshare de toute la Ligue, on tient bien notre Most Valuable Player.

 

 

 

Game 3 de la Finale de Conférence contre les Raptors. Intraitable à domicile, Milwaukee mène 2 à 0 avant de rejoindre la Scotiabank Arena pour un match déjà décisif. A 3-0, on sait que les chances de qualification des Canadiens seront réduites à néant. Dans ce match couperet, les Raptors maintiennent les Bucks à distance avant de se faire reprendre en 4ème QT par les coups de boutoir de George Hill et Malcolm Brogdon. Encore mené de 5 points à 1'20" de la fin, Milwaukee recolle et aurait même pu l'emporter sur un tir primé osé de Middleton. Le match part en overtime. Dans la folie de l'enceinte canadienne, Toronto reprend l'avantage avant de se faire rattraper par George Hill. Double prolongation ! Giannis est inexistant en attaque (12 points) mais dominateur dans la raquette (23 rebonds). Sa sixième faute (peu évidente sur une charge de Pascal Siakam) l'oblige à rejoindre le banc. C'en est trop pour les Bucks qui lâcheront le match, puis la série. La bascule s'est faite sur ce Game 3 !

 

 

 

- Un spacing XXL autour de Giannis : Avec Giannis comme point d'ancrage dans la raquette, Mike Budenholzer a mis en place un spacing maximal avec la plupart du temps 4 joueurs derrière la ligne à 3 points. Une circulation de balle fluide qui cherche souvent l'extra-passe, des shoots grand ouvert en opulence, munitions pour celui qui a la main chaude... les shooteurs se sont régalés dans le Wisconsin. Avec 7 joueurs à plus de 36% de la buvette, c'était open bar tous les soirs au Fiserv Forum.

 

- Une défense étouffante : Les observateurs s'accordaient à dire que le potentiel défensif des Bucks était bien présent sous Jason Kidd, mais l'ancien coach n'avait pas réussi à agencer toutes les pièces ensemble. Un défi qu'a relevé Budenholzer. La raquette est tout d'abord verrouillée par le tandem Giannis-Lopez. Mobilité pour l'un, puissance sous le cercle pour l'autre, le duo a permis à Milwaukee d'être l'équipe qui encaisse le moins de points dans la peinture tout en accordant très peu de seconde chance (5ème de la Ligue). Le backcourt, lui, propose une défense étouffante sur le porteur de balle, orchestrée par Eric Bledsoe. En ne switchant pas systématiquement et en délaissant la zone à 3 points, Coach Bud a concocté une défense sur-mesure pour ses protégés qui a permis à Bledsoe et Giannis d'intégrer la All-Defensive First Team.

 

- La transformation de Brook Lopez : En perdition du côté des Lakers, Brook Lopez signe chez les Bucks en catimini l'été dernier avec un tout petit contrat (3,4 millions). Un ajout anecdotique à l'époque qui va devenir crucial dans le système de Milwaukee. Utilisé en Stretch Five, Splash Moutain réalise une saison historique pour un big man : jamais un 7 Footer n'avait rentré autant de tirs primés que lui sur une saison (187). Une capacité à étirer le jeu qui a donné encore plus d'espace à Giannis dans la peinture. Et comme de l'autre côté du parquet, Lopez s'est démené comme un beau diable sur les aides défensives, il a tout simplement battu son record de blocks en carrière (179) se plaçant à la troisième place en NBA.

 

 

- L'adresse extérieure de Giannis : On l'a bien vu dans les derniers matchs contre les Raptors, Giannis Antetokounmpo se doit de développer un petit tir à mi-distance pour sanctionner l'adversaire en dehors de la raquette. Le Grec shoote, certes, à 77% dans la restricted area mais son pourcentage tombe à 33,9% dès qu'il dégaîne à 2 ou 3 mètres du cercle. Pour éviter les prises à deux systématiques, le MVP va devoir bosser ce tir dans le périmètre qui le rendra innarêtable. A 24 ans, sa marge de progression est encore immense... et ça, c'est flippant !

 

- Le manque de nasty en playoffs : Que ce soient Gasol, Ibaka ou Siakam, tous sont rentrés physiquement dans Giannis lors de ses drives. Des dirty plays qui ont fini par laminer les velléités offensives du Grec. A contrario, de l'autre côté, on n'a pas vu Lopez et consorts user de ce genres de fautes pour stopper Kawhi ou Siakam. Une leçon de plus à retenir pour les Bucks qui se doivent de montrer les cornes dans les moments chauds, plutôt que de jouer les Bambi.

 

- Pas d'ajustement contre les Raptors : Autant Mike Budenholzer a survolé tactiquement la saison régulière, autant il s'est heurté à un mur en Finale de Conférence. Avec son franchise player empêtré dans le piège des Raptors, le coach n'a pas trouvé d'alternative pour scorer différemment et s'est contenté de miser sur la recette de régulière. Les 4 défaites de suite sont dures à encaisser et font tâche sur son CV. Là encore, la leçon doit être retenue pour pouvoir revenir plus fort l'an prochain.

 

 

En une saison, les Bucks sont passés d'outsiders à prétendants directs pour la couronne suprême. Des points sont encore à améliorer, mais il faudra désormais compter avec Milwaukee pour les joutes en playoffs. Irréprochables en saison régulière, le groupe a raflé le trophée de MVP et celui de Coach of the Year. Une consécration qui montre à quel point Budenholzer a permis à Giannis d'exploser littéralement cette année. Le duo n'en est qu'à ses débuts et sachant le degré de motivation du Grec pour s'améliorer, l'avenir est plus que radieux dans le Wisconsin. Le front office a parfaitement géré la free agency en gardant son noyau dur autour de Giannis. Prochaine étape lui faire signer une prolongation au super max, histoire de lier leur destinée.