Bilan 2018-2019 : Les Suns se construisent sur des ruines

Alors que la saison NBA est terminée et que la suivante est déjà débutée, il est temps de faire les bilans, équipe par équipe, de la saison 2018-2019. Voici celui des Phoenix Suns.

 

L’équipe d’Inside Basket avait pronostiqué du mieux chez les Suns avec un bilan de 31 victoires pour 51 défaites et la douzième place de la conférence Ouest. Pourtant, les Suns auront une nouvelle fois déçu les attentes placées en eux puisqu’ils terminent dernier de la conférence Ouest et avant-dernier pire bilan de la NBA avec 19 victoires et 63 défaites. Une nouvelle saison catastrophique à moins de 20 victoires et une 9ème saison consécutive sans playoffs dans l’Arizona vécue comme un désastre.

 

 

Meneurs : Shaquille Harrison, Elie Okobo, De'Anthony Melton

Arrières : Devin Booker, Troy Daniels, Davon Reed

Ailiers : Trevor Ariza, T.J Warren, Josh Jackson, Mikal Bridges

Ailiers-Forts : Ryan Anderson, Dragan Bender, Richaun Holmes

Pivots : Deandre Ayton, Tyson Chandler

 

 

Classement : 15ème de la conférence Ouest, 5ème de la division Pacifique.

Attaque : 105.3 pts/match (28ème de NBA)

Défense : 114.2 pts encaissés/match (29ème de NBA)

Meilleur marqueur : Devin Booker avec 26.6 points par match

Meilleur rebondeur : Deandre Ayton avec 10.3 rebonds par match

Meilleur passeur : Devin Booker avec 6.8 passes par match

Meilleur intercepteur : Mikal Bridges avec 1.6 interception par match

Meilleur contreur : Richaun Holmes avec 1.1 contre par match

Meilleur pourcentage : Deandre Ayton avec 58 % aux tirs. 

 

 

En général, une saison qui commence par un licenciement du General Manager ne peut bien se passer. Ryan McDonough avait en effet pris la porte 6 jours avant le début de la saison régulière, preuve que son travail lors de la free agency avait été mauvais malgré les progrès espérés. Naturellement, les craintes se sont confirmées. Dès les premières semaines de la saison régulière, on avait vite compris que le cauchemar recommençait, encore et encore. Le bilan en devenait risible, 1-7, puis 2-11, jusqu’à un 4-24 horrible. Cette spirale infernale de défaite et de tristesse palpable dans les travées de la Talking Stick Resort Arena a duré jusqu’au mois de Février. Entre temps, on vous épargne les rumeurs sur un possible déménagements lancées par Robert Sarver pour financer le nouveau centre d’entraînement ou encore les 4 petits ponts pris par Deandre Ayton contre les Raptors. En Décembre, James Jones (nouveau GM des Suns) a alors compris qu’il fallait absolument changer quelque chose pour envoyer un signal, même minime, aux fans. Trevor Ariza qui réalisait une saison scandaleuse dans l’attitude et l’implication a donc été envoyé chez les Wizards en l’échange de Kelly Oubre Jr.

 

L’arrivée de l’ailier a réellement apporté un souffle nouveau à Phoenix. Dès ses premiers matchs, il s’est montré plein d’envie et d’énergie pour s’intégrer à ce jeune collectif. Son arrivée coïncide également avec une série de 4 victoires d’affilée en Décembre ponctuée à Boston par un game-winner du nouvel arrivant. La suite fut moins rose sur le plan collectif, mais le supplément d’ame de cette équipe est restée. La saison s’est terminée avec 19 petites victoires soit un nombre ridicule mais dans l’état d’esprit, quelque chose a changé. Oubre a véritablement bousculé ces hommes. Il a même créé un nom à ce jeune groupe des Suns. Philadelphie avait son Process et désormais, Phoenix a ses ‘’Valley Boyz’’. Un mouvement qui a tellement plu aux fans que Kelly Oubre en a fait une marque de vêtements ! Pour revenir sur le jeu, Phoenix a passé une nouvelle saison en enfer mais plus que jamais, on a le sentiment que la fin du cauchemar se rapproche.

 

 

Avec un leader aussi inspirant, les raisons d’espérer sont là en tout cas. Oui, en dépit de tout ce que vous pouvez entendre à son sujet, Devin Booker est déjà un grand joueur. Seuls les résultats collectifs lui manquent pour pouvoir l’appeler All-Star. Les chiffres parlent d’eux même, il a encore battu ses meilleures moyennes en carrière en atteignant 26.6 points et 6.8 passes décisives par match. Il est le franchise player capable d’emmener une équipe en playoffs, il doit juste être entouré. Il est devenu cette saison le 6ème meilleur marqueur de la NBA et l’unique joueur parmi les 14 premiers de ce classement à ne pas être appelé au All-Star Game. Fin Mars, lors des derniers matchs de la saison, il a rappelé à tout le monde quel genre de pyromane il était. Lors de 3 soirées consécutives, il a planté 59 points (19/34) sur le Jazz, 50 points (19/29) avec 10 rebonds sur les Wizards et 48 points (19/29) avec 11 passes décisives sur les Grizzlies. Une semaine de folie où Devin Booker aura tourné à 52 points de moyenne sur les 3 matchs. Si avec ça, Devin Booker n’est pas un franchise player

 

 

Les très mauvais moments se sont évidemment enchaînés dans cette saison à 19 victoires, mais l’un des moments qui nous a particulièrement marqué est arrivé le 14 Mars dernier. Dans une défaite anodine et prévisible contre le Jazz d’Utah, c’est la confrontation entre Rudy Gobert et Deandre Ayton qui a fait couler beaucoup d’encre. Ce jour-là, le pivot rookie sélectionné en première position de la draft 2018 a complétement craqué mentalement pour laisser Rudy Gobert lui marcher dessus. Dans un match à 2 points (1/9) et 9 rebonds, il a craqué sur le parquet avant de s’avouer moins fort et impuissant en conférence de presse après le match. Son attitude avait été vivement critiquée. Collectivement, le pire moment est aussi non négligeable entre le 13 Janvier et le 26 Février. Une période d’un mois et demi… et pas une seule victoire ! Une série de 17 défaites consécutives où le jeu des Suns a côtoyé le néant, symbolique d’une saison à oublier.

 

 

- Un nouveau GM audacieux. Les années Ryan McDonough auront été un cuisant échec du début à la fin que la draft miraculeuse de Devin Booker peine à sauver. Viré, il a été remplacé par James Jones dans un rôle d’intérimaire dans un premier temps avant que ce dernier soit confirmé. James Jones est un ancien joueur respecté pour ses qualités humaines dans la ligue et il aura déjà commencé le ménage en mois d’1 an. Son trade pour récupérer Kelly Oubre Jr, ainsi que son intersaison mouvementée montrent un nouvel élan chez le frontoffice des Suns.

 

- L’arrivée de Kelly Oubre Jr. Justement, Kelly Oubre fut une arrivée magnifique. Il a apporté un nouvel élan de combativité, bonne humeur et ambition dans le vestiaire de Phoenix. Les effets de sa présence se sont déjà fait ressentir à une petite échelle comme on vous en a parlé et avec une saison pleine des Valley Boys à venir, tout est possible.

 

- Mikal Bridges. Le rookie de Villanova a été la vraie bonne surprise de la saison chez les Suns. Sélectionné en 10ème position de la Draft 2018 dans un échange avec les Sixers, il a confirmé tout le potentiel attendu. Ce joueur est l’archétype même du 3&D moderne. Véritable bulldog en défense, il s’est déjà imposé parmi les meilleurs intercepteurs de la ligue. Son profil de joueur NBA ready après un cursus universitaire complet a inspiré les Suns qui ont appelé Cam Johnson en 11ème place de la dernière Draft dans un projet similaire.

 

- Le duo Devin Booker – Deandre Ayton. Ce duo comparé à celui de Kobe Bryant et Shaquille O'Neal a montré en un an qu’ils pouvaient devenir un véritable duo de All-Stars dans une conférence Ouest qui en déborde. On vous a déjà parlé de Devin Booker, et Deandre Ayton a lui aussi fait forte impression. Avec 16 points et 10 rebonds de moyenne en première année, on peut penser que son potentiel va l’emmener bien plus haut. De plus, il a fait de Booker un bien meilleur passeur puisqu’on l’a vu augmenter ses statistiques dans ce domaine.

 

 

- Igor Kokoskov. C’est un crève-cœur de le constater, mais il faut bien avouer que Igor Kokoskov a été nullissime pour sa première année en tant que head coach. Fin tacticien, il n’a jamais semblé en phase avec son équipe et son attitude toujours très triste et immobile sur le banc est même devenue un meme chez la Suns Nation. Viré après seulement 1 an, il portait trop la marque McDonough pour survivre à une année en 19-63.

 

- Deandre Ayton pas assez responsabilisé. Ce point est directement lié au précédent. Ce n’est pas que de la faute de Kokoskov, mais Ayton n’a jamais été suffisamment servi. Excellent au poste, il est arrivé de le voir patienter des matchs entiers en bonne position sans jamais recevoir un ballon. Avec un Ayton mieux utilisé, les Suns ne pourront que progresser.

 

- Josh Jackson et Dragan Bender encore décevants. C’était attendu et malheureusement, les deux hommes choisis à la 4ème place des drafts 2017 et 2016 ont encore déçu tous les observateurs à Phoenix. Bender devrait quitter la NBA pour ne plus jamais y revenir comme un bust de qualité, et Jackson a glissé sur le banc à cause de prestations toujours irrégulières. Ses démêlés avec la justice depuis le mois de Juin confirment ce raté des Suns qui l’ont déjà transféré.

 

- Pas de meneur digne de ce nom. C’est un constat qui se répète année après année, mais les Suns n’avaient toujours rien au poste de meneur l’an passé. Elie Okobo, De’Anthony Melton et Tyler Johnson se sont tous succédés à ce poste pour tous s’y casser les dents. Sans talent dans le poste le plus important de la NBA moderne, les Suns ne pouvaient pas réussir. Même Jamal Crawford a dû s’y coller, pour finir sa saison sur un exploit et 51 points lors du dernier match de Dirk Nowitzki.

 

 

Encore une fois, les Suns ont squatté les profondeurs de la conférence Ouest dans l’indifférence la plus totale. Si on sent que l’équipe a davantage de jeunes à fort potentiel que par le passé, la route est encore longue vers un renouveau et une place en playoffs qui semble tant inatteignable au vu de la concurrence aujourd’hui. James Jones a profité de l’intersaison pour renforcer l’équipe avec (principalement) un meneur confirmé en la personne de Ricky Rubio, deux rookies NBA ready à travers Cam Johnson et Ty Jerome ou encore un pivot d’expérience pour aider Ayton que sera Aron Baynes. L’espor renaît, le même espoir qui dominait avant la saison 2017/2018. Nouveau départ ou nouveau feu de paille ? L’avenir nous le dira.