Anthony Davis, le futur de la NBA

Drafté en 2012 par New Orleans, Anthony Davis s'affirme peu à peu comme l'un des meilleurs joueurs de la ligue. Fort d'un potentiel technique et physique exceptionnel, l'ancien joueur de Kentucky pourrait rapidement prendre possession de la ligue dès cette saison.

  On avait Anthony Davis découvert au cours de sa première et unique saison universitaire avec Kentucky, au terme de laquelle Unibrow (son surnom) avait terminé meilleur joueur du final four, remportant le championnat universitaire avec son équipe des Wildcats. Point d'orgue d’une saison exceptionnelle qu’il a terminé à la fois meilleur joueur et meilleur défenseur NCAA : 14 pts 10,2 rbds et 4,7 ctrs par match.

Trois saisons NBA plus tard, Anthony Davis vient de signer non seulement l'un des plus juteux contrat de l’histoire de la ligue (145 millions sur cinq ans), mais s’est affirmé comme l’un des potentiels meilleurs intérieurs de l’histoire, avec des qualités encore jamais vues en NBA, qui en font sans aucun doute le joueur dominant de demain.

 

 

2m11, 107kg, 2m28 d’envergure, telles sont les mensurations exceptionnelles de l’intérieur des Pelicans, qui peut à la fois évoluer au poste d’ailier fort et de pivot. Ses tentacules gigantesques lui permettent avant tout d’être un excellent contreur, première chose que les scouts ont décelé chez lui lors de sa saison NCAA où il affichait 4,7 blk de moyenne. On a pu voir cette tendance dès son arrivée en NBA, puisque à seulement 22 ans, Davis possède déjà deux distinctions de meilleur contreur, acquises en 2014 et 2015. Ses qualités défensives ne se limitent toutefois pas au contre puisque Davis est également un excellent protecteur de cercle poste bas et un excellent rebondeur, ne descendant pas une fois en-dessous des 10 rbds lors de ses trois saisons NBA.

Symbole de ses capacités, Davis a d’ailleurs terminé 4e à l’élection du meilleur défenseur cette saison, signe de sa progression et de la marge qui lui reste. Il peut en effet encore s’améliorer, notamment dans l’agressivité déployée et sa défense face aux joueurs extérieurs. Ses capacités dans le un-contre-un sont également perfectibles, notamment face à des joueurs plus puissants que lui, mais elles devraient rapidement évoluer dans les prochaines années.

 

 

Après une saison assez contrastée au niveau du scoring (14,8 pts de moyenne), Davis a remis tout le monde d’accord cette saison, démontrant l’étendue de ses qualités offensives exceptionnelles. 24,4 pts à 53,5% en saison régulière, 31,5pts à 54% en playoffs, les stats offensives de Davis cette saison sont juste incroyables. Son apport offensif a été la clé de la qualification des Pelicans en playoffs et lui a permis de se mêler à la course MVP, finalement terminée à la 5e place après plusieurs blessures qui lui auront fait manquer 14 matchs au total.

L’étendue de la palette d’Anthony Davis impressionne encore plus chaque année avec toujours cette qualité de touché excellente qui lui permet de scorer très facilement des points à l’intérieur sur des passes de ses coéquipiers, sans oublier sa présence aux rebonds offensifs (2,5 par match) très intéressante. Mais cette saison, Anthony Davis a ajouté deux palettes à son jeu qui lui ont permis de complètement développer ses atouts offensifs : un shoot mi-distance plus que correct et un excellent jeu dos au panier.

 

Il suffit d’observer les statistiques pour s’en rendre compte : après deux premières saisons où Davis prenait en moyenne seulement 35% de ses shoots à plus de 3 m du panier, les stats nous montrent que 47% des shoots pris par Davis durant l’exercice 2015 étaient à plus de 3m du cercle pour une réussite de 44% à cette distance (de 3 à 7 m du panier), excellent pour un joueur intérieur.

On a aussi vu souvent sa capacité de jeu en mouvement face à des intérieurs plus lents que lui, qui lui permettait de se démarquer et de trouver des positions de tir ouvertes très facilement. Son jeu dos au panier, bien plus performant cette saison, a également rajouté une arme à la panoplie offensive du joueur comme on a pu le voir face aux Warriors. Ce jour-là, sa puissance et sa vitesse lui ont permis de largement prendre le dessus sur Andrew Bogut ou Draymond Green, qui ne trouvaient aucune solution face à Davis, qui termina ce premier tour avec 32 pts de moyenne.

Reste en plus de tout ça ses incroyables qualités physiques, qui lui permettent de claquer des alley-oops monstrueux au-dessus des défenseurs et de mener lui-même les contres grâce à sa vitesse. On a également vu Anthony Davis capable d’être clutch, avec un apport dans le money-time excellent cette saison (son game winner face aux Spurs peut en témoigner).

 

Si on ajoutait à cette panoplie ultra complète un shoot à 3 pts qui est pour l’instant le seul vrai point faible de Davis (1/8 cette saison), le joueur pourrait tout simplement être inarrêtable la saison prochaine et se positionner clairement comme le candidat numéro un au trophée de MVP. Quand on regarde les récentes vidéos de work-out, où on le voit aligner panier sur panier à 3pts, les adversaires des Pelicans peuvent déjà commencer à se faire du souci. 

Interrogé hier lors du Media Day, Davis a confirmé cette tendance.

 

Je me sens super bien. En travaillant, je me sens explosif, vif.  J'ai bien travaillé mon shoot cet été, ce qui me permettra de temps en temps m'écarter à 3 pts cette saison.

 

Avec désormais 115 kg sur la balance, l'ancien Wildcat a également bossé son physique cet été, pour un résultat qui semble porter ses fruits comme l'on confirmé ses coéquipiers et certains membres du staff des Pelicans.

 

Je ne pense pas qu’il se fera bouger aussi facilement que dans le passé. Alvin Gentry

 

J’ai fait la course l’autre jour avec lui et j’ai réalisé combien il était rapide, il y a eu égalité. Tyreke Evans

 

L’une de ses forces c’est sa rapidité, sa vivacité et sa capacité à sauter donc on ne voulait pas lui retirer ça mais on voulait aussi lui ajouter une force. Dell Demps, GM

 

Ulttra complet désormais, Davis semble donc avoir réglé la plupart de ses points faibles, ce qui devrait lui permettre dès la saison à venir de se positionner en candidat très sérieux pour le titre de MVP.

 

 

Ce n’est pas nouveau, la NBA change, le jeu évolue, les défenses se resserrent. Aujourd’hui, l’absence de joueur majeur dans le secteur intérieur (seul Dwight Howard était vraiment cité ses dernières années) offre un rôle limité aux pivots, qui dans beaucoup d’équipes servent simplement de dissuasion. Mais aujourd’hui, un joueur intérieur ne peut plus être cité parmi les meilleurs joueurs ou meilleurs défenseurs de la ligue simplement avec de la dissuasion et du contre, comme c’était le cas de joueurs comme Alonzo Mourning ou Dikembe Mutombo dans les années 90.

Un intérieur dominant aujourd’hui doit présenter évidemment des qualités de taille, mais aussi une particularité : ses qualités physiques (Deandre Jordan, Dwight Howard) ou un jeu léché et intelligent comme celui proposé par Marc Gasol. Anthony Davis présente lui toutes les qualités de l’intérieur de demain, avec un jeu ultra-complet comme nous l’avons décrit plus haut. Désormais, avec ce type de joueurs, un pivot n’est plus simplement l’observateur du jeu de son équipe comme c’est encore le cas dans beaucoup de franchises, mais bien l’acteur du jeu collectif, comme on l’avait vu dans les années 90 avec Patrick Ewing et Hakeem Olajuwon, ou dans les années 2000 avec Shaquille O'Neal.

 

Cette tendance semblait s’être perdue sur les dernières années, avec la disparition des pivots dominants et un afflux énorme de joueurs extérieurs… mais les éclosions de Davis, ainsi que de joueurs comme DeMarcus Cousins voire même celle de Rudy Gobert cette saison, inspirent le renouveau de ces intérieurs dominants en NBA, qui se confirme d’ailleurs par la présence de deux postes 5 dans les trois premiers choix de la draft 2015.

Le cas Davis est le meilleur exemple de ce renouveau, puisque depuis le Shaq, on n’avait jamais vu un joueur intérieur prendre autant de place et d’importance dans une franchise. Anthony Davis a tout simplement pris possession des Pelicans, qui sont désormais prêt à tout pour lui, même à mettre sur la table un chèque de 145 millions de dollars pour conserver le joueur au moins pendant les cinq prochaines années. Et on les comprend, vu le potentiel incroyable du joueur, qui possède largement les capacités de mettre enfin les Pelicans sur la route d’un titre dans les années à venir.

 

A-t-on trouvé le nouveau Hakeem Olajuwon, le successeur de Wilt Chamberlain ou l’héritier de Tim Duncan (21pts de moyenne au même âge) ? Seul l’avenir nous le dira, mais le potentiel et les qualités actuelles d’Anthony Davis laissent entrevoir une telle carrière, bien partie pour durer et être couronnée de succès…