37 ans et alors ?
Les Spurs ont joué 18 matchs lors de ce mois de septembre. Privés pour plus de la moitié des matchs du duo Parker/Leonard, les Spurs ont dû trouver d'autres arguments au sein du collectif. Suite à un mois de novembre en demi-teinte Ginobili a finalement retrouvé le rythme, n'en déplaise aux Spurs !
San Antonio a réalisé un mois de décembre poussif totalisant un bilan de 8 victoires pour 10 défaites soit la première fois que les Spurs cumulent un bilan négatif sur un mois de décembre depuis l'arrivée de Tim Duncan. Mais faut-il pour autant s'inquiéter ? Sachant que durant cette période, les Spurs furent privés de leur playmaker durant la quasi-totalité du mois de décembre - TP n'a joué que 5 matchs en décembre - et de leur meilleur défenseur en la personne de Kawhi Leonard - il n'a joué que 7 matchs en décembre.
- Best sixth man in december
Plutôt que de tirer la sonnette d'alarme ne faudrait-il pas se réjouir du comportement de certains joueurs qui en l'absence de ces deux cadres a permis aux Spurs de stabiliser le navire ? A votre avis à qui faire référence ? Au meilleur sixième homme de ce mois de décembre, j'ai nommé Manu Ginobili dont l'impact fluctuant du début de saison n'est plus qu'un vieux souvenir. Il a démontré - à ceux qui en doutaient - qu'il pouvait tenir le rôle de leader offensif en l'absence de Tony Parker. Stephen Babb de Bleacher Report revient sur les performances de l'Argentin durant ce mois de décembre :
"Après avoir converti seulement 31,8 % de ses tentatives à trois points et ne pas avoir dépassé la barre des dix points à sept reprises en novembre, le vétéran aux treize saisons NBA a sérieusement rectifié le tir puisqu'il a converti 39,7 % de ses tentatives longue distance et inscrit au moins dix points lors des onze premiers matchs du mois de décembre. Notamment face aux Sixers où il a inscrit 14 points en seulement 13 minutes de jeu. Les blessures de Parker et Leonard ont engendré un besoin supplémentaire pour la gestion du jeu des Spurs et le scoring sur les ailes, deux secteurs où Ginobili est en mesure de combler les brèches. C'est d'ailleurs lui qui s'est montré le plus performant lors de deux rencontres en back-to-back face aux Clippers et au Thunder en compilant 30 points et 23 passes avec au minimum 60 % au shoot sur les deux rencontres."
C'est donc un très bon Ginobili que l'on a retrouvé au mois de décembre avec pas moins de 15 points à 41,7 % derrière l'arc, 5,9 passes et 4,1 rebonds en un peu plus de 27 minutes de jeu. On connaît le brin de folie du génie argentin, il est vital pour les Spurs et le mois de décembre vient démontrer une nouvelle fois que le numéro 20 a encore de beaux restes. Voici un tableau comparatif des statistiques du mois de décembre de quelques-uns des 6ème hommes les plus productifs de la ligue :
Joueurs | Points | % au shoot | % à 3 pts | Minutes par match |
Ryan Anderson | 15,6 | 43,4 | 32,4 | 30,4 |
Isaiah Thomas | 13,3 | 38,3 | 35,4 | 25,5 |
Gerald Green | 13,4 | 40,2 | 41,2 | 23 |
Louis Williams | 14,9 | 38,9 | 34,1 | 26,5 |
Jamal Crawford | 14,5 | 37,4 | 31,5 | 24,6 |
Manu Ginobili | 15 | 42,5 | 41,7 | 27,4 |
Ginobili possède de la seconde meilleure moyenne de points en attaque mais la grosse différence réside dans sa capacité à créer pour les autres. C'est une faculté très précieuse dont dispose l'Argentin d'ailleurs quel(s) autre(s) en NBA cumule une moyenne d'au moins 15 points, 5,9 passes en un peu plus de 27 minutes par match ? Aucun.
- Parfois une bonne petite gifle...
Ginobili est un compétiteur exceptionnel et ses préoccupations se rapportent bien évidemment à sa saison avec les Spurs toutefois, l'échec d'il y a deux ans face à Miami l'a aidé à aborder la compétition d'une manière plus détendue :
" Toutes les choses qui sont arrivées ont été positives pour nous et je pense que je suis plus calme et que je suis capable d'apprécier davantage les choses maintenant. De nombreux facteurs me permettent d'avoir cet état d'esprit. Le fait que je sache qu'il s'agit de ma dernière année de contrat - je ne sais pas encore combien de temps je pourrai jouer - et que ces choses vont me manquer ont changé la façon dont j'analyse les choses. Le fait d'avoir remporté le titre, nous a enlevé un poids et nous a permis de refermer la plaie, c'était important. Mais la vérité est que le changement s'est opéré plus tôt, juste après avoir perdu la finale. Cette année a été difficile pour moi donc j'ai essayé de ralentir, de me mettre moins de pression, d'être lucide par rapport à mes attentes et j'ai tenté de plus apprécier chaque jour passé. Je pense que j'ai réussi dans cette démarche la saison passée et les choses se sont améliorées. La même chose se produit cette année. J'essaie de mettre les choses en perspective : il ne reste pas beaucoup de joueurs de 37 ans au sein de cette ligue, et encore moins dans ma position et c'est une position idéale que de faire partie d'une équipe qui joue comme nous le faisons. Mais pas seulement pour cette raison car nous formons aussi un groupe ou chacun fait attention à l'autre, ce qui a pour conséquence de créer un environnement agréable. Pourquoi devrais-je me battre ? Ca n'a aucun sens. Donc oui, j'ai appris à devenir moins exigeant, moins dramatique et j'ai cherché à devenir davantage carpe diem."
- Une marque déposée
Ginobili maîtrise à la perfection ce qu'on appelle l'Eurostep, un mouvement naturel et "logique" pour lui. C'est une technique qu'il s'est appropriée tout en précisant qu'il n'a jamais souhaité devenir un "innovateur" :
" Je n'ai jamais pensé que j'avais quelque chose de différent. Et j'ai commencé à entendre ce terme - eurostep - en arrivant ici. J'ai fait ça toute ma vie. Une fois que je suis arrivé ici tout le monde parlait de ces pas, et il les ont nommé Eurosteps. Ensuite on m'a demandé d'expliquer comment je faisais et j'ai répondu 'je ne sais pas, je joue tout simplement. Peu importe ce que me donne la défense, j'essaie de la contourner'. Je savais que je n'allais pas me précipiter sur Shaquille ou des gars de son gabarit et leur dunker dessus, je devais simplement faire en sorte de les contourner."
Une technique qui dans un premier temps a surpris certains observateurs et notamment Kevin McHale qui depuis valide pleinement cette technique... James Harden rules...
" Je pensais qu'ils marchaient tous ces joueurs européens. Quand Manu Ginobili a commencé à multiplier ces pas, je me suis dit 'ça doit être considéré comme un marcher'. Mais lorsque vous prenez le temps d'analyser, vous comprenez que ce n'est pas le cas. Harden est simplement rusé. Il est très habile. Ginobili est le seul gars avec qui vous pouvez essayer de le comparer, mais Ginobili n'essaye pas de passer le ballon sous vos bras pour chercher la faute. C'est peu orthodoxe. Les joueurs vont focaliser sur le fait de prendre la balle. Mais lorsque vous pensez que vous allez la récupérer, James est trop intelligent et trop rapide et c'est à ce moment qu'il provoque la faute."
Ginobili à l'instar d'un Tim Duncan vieillit bien et va même jusqu'à se surprendre lui-même. L'avenir de l'Argentin est loin d'être tracé et la saison loin d'être terminée. Nous évoquions l'absence de Tony Parker et Kawhi Leonard au tout début de cet article mais l'essentiel pour les Spurs est d'arriver en bonne santé à l'entame des playoffs. On peut faire confiance à coach Pop et tout son staff pour maintenir l'effectif en présage de la postseason. L'expérience n'a pas de prix et les Spurs nous ont habitués à l'excellence. Ginobili quant à lui peut arrêter dès aujourd'hui le basket, ça ne changera rien à tout ce qu'il a apporté à ce sport, à tout ce qu'il nous a apporté en tant que passionné. Son patrimoine est unique, son profil est atypique, son génie m'a rendu fou parfois... Emanuel Ginobili est un grand et pour tout vous dire, il me tarde de lui rendre un bel et dernier hommage.