L’utilisation de la technologie est de plus en plus présente dans tous les sports. Si elle permet souvent de prendre les bonnes décisions, il faut savoir l’utiliser correctement pour ne pas ternir à la nature du sport en question. C’est pourquoi par exemple beaucoup sont encore contre son utilisation dans le football, prétextant que le jeu serait coupé ce qui irait à l’encontre de ce que veut la discipline. Mais au niveau de la NBA, les débats sur l’utilisation de la vidéo sont souvent remis sur la table. Penchons-nous sur le sujet pour y voir plus clair.
- Quand l’arbitrage vidéo est-il apparu en NBA ?
Comme dans beaucoup de domaines, la NBA a été un des précurseurs du mouvement puisque la vidéo est utilisée en NBA depuis la saison 2002-2003. Initialement elle ne pouvait être utilisée que durant les situations de panier ou fautes en fin de périodes. Depuis, plusieurs autres situations pouvant amener à son utilisation ont été rajoutées. Et depuis 2015 un arbitre est même présent au Replay Center, lieu se trouvant dans le New Jersey qui permet de rassembler et d’envoyer les images dont les arbitres ont besoin, pour apporter son avis sur les actions revues à la vidéo et pouvant même obtenir la décision finale.
- Dans quelles situations la vidéo est-elle utilisée actuellement?
Les arbitres ont l’obligation d’utiliser la vidéo pour chaque tir marqué ou chaque faute commise alors que l'horloge du quart-temps est écoulée. Dans le cas d’un shoot réussi, c’est pour vérifier si le panier est valable et, si oui, s’il reste du temps à l’horloge après ce dernier. Dans le cas d’une faute, il s’agit surtout de voir si la faute a été commise avant la fin du temps réglementaire ou non. Les arbitres ont également l’obligation de revoir toutes les fautes flagrantes données et les altercations entre joueurs pour déterminer la bonne sanction à donner.
Ensuite, les arbitres sont en droit d’utiliser la vidéo dans d’autres situations mais sans pour autant en avoir l’obligation, comme lorsqu’il y a un problème d’horloge. Lorsque les arbitres hésitent si un tir était à deux ou à trois points, ou encore s’ils ne savent pas si un shoot réussi a été pris avant l’expiration de l’horloge des 24, ils peuvent également l'utiliser au prochain temps-mort sauf si ce tir fut pris après le troisième temps-mort plein du quatrième quart-temps. Dans ce cas les arbitres revoient l’action au prochain arrêt du chrono. Bien sûr, si une faute est commise durant le tir, les arbitres revoient l’action directement pour déterminer le bon nombre de lancers à donner au tireur. Dans les deux dernières minutes du match, les arbitres peuvent également revoir n’importe quelle situation où la balle est sortie du terrain pour déterminer à qui revient le ballon.
Beaucoup d’autres situations peuvent amener à solliciter le Replay center, comme par exemple pour déterminer qui a commis ou subi une faute, si le ballon a touché le cercle ou non, pour voir si le défenseur était dans le demi-cercle lors d’une faute offensive, s’il y a eu un goaltending, s’il y a eu faute sur un joueur non porteur du ballon ou s’il y a eu un delay of game. Bref, les situations possibles sont nombreuses.
- Est-ce vraiment efficace ?
Si le but de la vidéo est d’avoir des décisions arbitrales plus justes dans les situations où les arbitres sont en droit de l’utiliser, oui. En général, durant les trois premiers quart-temps d’un match, les arbitres utilisent la vidéo de manière assez juste (sauf si la situation oblige les arbitres à l’utiliser immédiatement et à couper de ce fait la partie). Elle permet alors de limiter les erreurs et d’ailleurs, si vous voulez voir la dernière action qui a necessité l'intervention du replay center, la NBA rassemble sur internet toutes les situations pour lesquelles la vidéo a été utilisée, tout en précisant le but de son utilisation. Ainsi, sur l’ensemble du Christmas Day, on peut voir que la vidéo a été utilisée dix fois dont la moitié pour le match entre Golden State et Cleveland.
- Quel est le problème avec son utilisation?
Il n’y en a pas qu’un malheureusement. Le premier est que, si vous avez bien suivi tout ce qui a été dit jusqu’ici, il y a une raison pourtant très importante pour laquelle on ne peut pas revoir une action à la vidéo, c’est si une faute a été commise ou non alors que l’horloge n’est pas écoulée. Pourquoi donc ? Pour ne pas hacher plus le jeu? Cela conduit pourtant à des situations comme celle vue lors du dernier match entre les deux derniers finalistes où les arbitres sont allés voir qui de LeBron James ou de Kevin Durant avait touché en dernier le ballon avant de sortir du terrain, et ont bien vu sur le moniteur que KD avait fait faute sans pour autant pouvoir revenir sur leur décision. Le jeu a été coupé, les arbitres ont vu leur erreur, la décision la plus juste n’a pas pu être prise. Sur cette action, utiliser la vidéo a été tout sauf bénéfique.
L’autre problème majeur du review est qu’il est utilisé trop souvent, et particulièrement durant les fins de matches serrés. Plusieurs explications à cela. La première est que tout simplement la NBA autorise le recours à l’arbitrage vidéo dans beaucoup de situations. Si durant une bonne partie du match les arbitres peuvent consulter la vidéo sans arrêt du temps, il n’en est pas de même en fin de match. Mais si la NBA autorise la vidéo, elle ne l’oblige pas sur chaque action. C’est aussi parce que les arbitres préfèrent conforter leurs décisions avec cet outil que les matches deviennent interminables. Avec la grande médiatisation de la NBA, chaque décision arbitrale est partagée et commentée en masse quasi-instantanément, ce qui rajoute une grande pression sur les épaules d’arbitres qui ont déjà un métier des plus compliqués. C’est pourquoi ils prennent le moins de risques possibles en surutilisant la vidéo pendant les fins de matches. De ce fait, les joueurs perdent le rythme et les coaches ont souvent des temps-mort gratuits avec leurs joueurs le temps que les arbitres revoient les actions.
- Mais quelles sont les solutions ?
Si une solution à ces problèmes était si simple à trouver, elle serait déjà utilisée. Peut-être que se faire une raison sur le fait que les arbitres n’auront jamais 100% de décisions justes permettrait de faire avancer les choses. Comment réduire les interruptions, éviter d’avoir des temps-morts gratuits d’une importance primordiale lors des fins de matches ? Comment permettre aux arbitres d’avoir accès à la technologie pour revenir sur une faute ou non ?
Premièrement, les fautes appelées clear-path-to-the-basket (chemin libre vers le panier) sont sanctionnées de deux lancers-francs en plus de la remise en jeu (ou autres lancers suivant la faute). Pourquoi ne pas attendre le prochain temps-mort pour éventuellement revoir l’action et faire tirer les deux lancers-francs après ce dernier si tous les critères pour ce type de faute sont réunis ?
Pareillement, les fautes flagrantes ne peuvent-elles pas attendre le prochain temps-mort pour être revues ? Pour rappel, les fautes flagrantes sont surtout revues car, s’il s’agit d’une de type 2, le joueur ayant commis la faute est exclu. Donc si les arbitres hésitent entre une flagrante 1 et une flagrante 2, le joueur en question peut être sorti du terrain jusqu’au prochain temps-mort en guise d’exclusion temporaire en attendant la décision finale des arbitres.
Ces solutions permettraient de fluidiser le jeu mais ne résoudraient pas le problème des fins de matches interminables. Peut-être qu’en instaurant un système de challenges comme on peut le voir en tennis pourrait y arriver ? Par exemple, si un joueur ou entraineur n’est pas d’accord avec une décision alors il prend un challenge, et si la vidéo ne lui donne pas raison alors son équipe perd un temps-mort. Une solution qui permettrait d’éviter les temps-mort gratuits, d’obliger les arbitres à prendre des décisions plutôt que de tout revérifier derrière, et aux joueurs de contester certaines fautes sifflées ou non.
N'oublions pas que le basket est un sport très difficile à arbitrer et qu'il serait trop facile de blâmer les officiels pour telle ou telle raison. Par contre réfléchir sérieusement à comment ils pourraient être aidés à prendre les bonnes décisions sans dénaturer le jeu serait plus sensé.