"Le génie est comme le diamant: il brille dans l'ombre". Loin des spotlights du Madison braqués sur Kristaps Porzingis et des frasques du talentueux Jahlil Okafor, le joyau du Midwest s'aguerrit aux joutes NBA et ne cesse d'impressionner. Une pépite ! Voilà ce que tiennent entre les mains les Pacers en la personne de leur rookie Myles Turner. Une aubaine pour une franchise qui ne peut se construire qu'à travers la draft. Sans faire de bruit, il s'installe sur le podium du Rookie de l'année (ROY) derrière un Karl Anthony-Towns qui justifie son rang. Décryptage d'un futur diamant qui pour l'instant brille dans l'ombre.
- Un rookie déjà mature
Certes la patience est mère de toutes les vertus mais comment ne pas saliver et s'extasier devant un rookie si enthousiasmant ? Après une Summer League dantesque à 18,6 points, 8,3 rebonds et 4,3 contres et des performances remarquables au sein de la Ligue (31 points et 8 rebonds contre les Warriors le 22 janvier 2016, 20 points et 6 rebonds contre les Hawks lors de sa première titularisation le 28 janvier), Myles Turner s'affirme jour après jour comme l'une des attractions de cette cuvée 2015 de haut vol. Passé sous les radars après sa saison en demi-teinte à l'Université de Texas, il s'éclate à Indiana et fait un bien fou à la franchise du Midwest.
Âgé de seulement 19 ans, Myles Turner est un rookie mature et complet qui dispose d'une palette offensive et défensive ahurissante. Protecteur de cercle et machine à contres, il ne cesse de punir ses adversaires à mi-distance grâce à ses mains d'argent. Rares sont les rookies aussi efficaces des deux côtés du terrain ! Ajoutez à ce cocktail une énergie colossale et une mentalité irréprochable et vous obtenez ce qui pourrait être la prochaine attraction de la NBA comme en témoigne Stan Van Gundy, le coach des Detroit Pistons:
Nous pouvons dire raisonnablement que Myles Turner est l'un des joueurs les plus surprenants de la draft, si ce n'est le plus surprenant affirme le coach des Detroit Pistons. Tout le monde savait plus ou moins qu'il allait devenir un bon joueur, mais la plupart pensaient que ça allait prendre plus de temps. Il joue vraiment bien.
S'il était classé en deuxième position des lycéens les plus attendus en NCAA, Myles Turner a échoué là où il réussit dans la grande Ligue grâce à une confiance retrouvée. Le rookie wall ? Des mots étrangers à son vocabulaire et à son mental paré à toute épreuve. Blessé au pouce gauche pendant six semaines dès son arrivée en NBA, il est revenu et s'est frayé une place dans le 5 majeur d'Indiana. Un mois plus tard, Myles Turner remporte le trophée honorifique de Rookie de la Conférence Est du mois de février en tournant à 13,4 points, 6,6 rebonds et 1,8 contres par match. Un début d'année tonitruant qui permet aux aficionados NBA de se familiariser avec son nom et aux fans des Pacers de rêver.
- Un intérieur moderne, la solution idéale pour Indiana
Orpheline de ses David West, Roy Hibbert et Luis Scola, la raquette des Pacers semblait décimée à l'aube de cette nouvelle saison NBA. Tant redoutée il y a quelques années, elle devait se contenter à présent des Jordan Hill, Lavoy Allen, Ian Mahinmi, Paul George - sur certaines séquences - et de son rookie Myles Turner. L'ancien joueur de l'Université de Texas est l'archétype de l'intérieur moderne et répond de surcroît aux velléités de jeu rapide de Larry Bird et aux habitudes du coach des Pacers Frank Vogel.
En effet, le président des Pacers n'a sans cesse martelé son envie de jouer plus rapidement, jouer up-tempo afin de marquer plus de points. Si cette solution faisait des ravages en début de saison grâce à un Paul George en état de grâce après son retour de blessure, la machine du Midwest s'essouffle tout comme sa superstar. Le small ball n'est pas fait pour toutes les équipes, surtout pour un coach adepte d'une raquette composée de deux grands. Myles Turner, la nouvelle coqueluche du Bankers Life Fieldhouse, apparaît donc comme la solution idéale pour des Pacers en proie à un changement désormais modéré.
Depuis son entrée dans le 5 majeur le 28 janvier 2016 à la place d'un Ian Mahinmi blessé, le rookie ne l'a plus quitté et s'est imposé pour jouer en moyenne 30,1 minutes par match. Un temps de jeu conséquent qui lui permet d'apporter satisfaction à son président et à son coach. Pivot rapide et très à l'aise face au panier, Myles est la clé de voûte du spacing des Pacers - cette volonté d'écarter le jeu et les défenses adverses - grâce à un jeu à mi-distance dévastateur. Sur ses 367 shoots pris jusqu'à présent, 205 ont été tentés à mi-distance, soit 56% de ses shoots. Le schéma ci-dessous témoigne de la sélection de ses tirs et de ses spots préférentiels.
Si offensivement sa présence se fait ressentir, le rookie marque les esprits en défense du haut de ses 2m11. Il s'avère non seulement être un intimidateur exceptionnel dans la raquette - LeBron James et Bradley Beal peuvent en témoigner - mais il améliore de surcroît un dispositif défensif des Pacers plus efficace en sa présence. Malgré la volonté de jouer plus rapidement et de marquer plus de points, les habitudes ont la dent dure dans le Midwest et les Pacers n'oublient pas de défendre à l'instar de leur rookie. Avec une defensive rating de 99,9 points encaissés sur 100 possessions, Indiana est la troisième meilleure défense de la NBA derrière San Antonio et Atlanta. La défense étouffante et la capacité de dissuasion de Myles Turner dans la raquette se fait ressentir et permet aux Pacers de s'appuyer sur leur marque de fabrique: un pivot intimidant faisant office "d'ancre" dans la raquette. Le rookie n'est donc pas étranger à la diminution significative des statistiques des autres équipes. En effet, les adversaires d'Indiana marquent 8 points de plus dans la raquette quand le rookie est sur le banc, soit 28,5 points au lieu de 20,6 quand il est sur le terrain. En outre, en obligeant ses adversaires directs à tourner à seulement 51,4% au shoot à moins d'1 mètres 80 du panier (au lieu de 59,5% à l'accoutumé, soit une baisse de 8,1%), il ajoute à son pouvoir de dissuasion une défense sur l'homme plus que solide proche du cercle. De quoi satisfaire Frank Vogel, l'un des chantres du basket défensif.
Nous avons un jeune "big man" vraiment talentueux en la personne de Myles Turner qui va connaître des hauts et des bas affirme Frank Vogel. Je ne sais pas jusqu'où il pourra aller d'ici la fin de la saison, mais il sera un facteur déterminant pour que nous puissions franchir un cap.
Il ne s'y attendait peut-être pas avant la saison mais Frank Vogel l'a bien compris. Il tient dans son effectif le joueur idéal pour le renouveau des Pacers.
- Une association fructueuse avec Ian Mahinmi
Les deux intérieurs sont des joueurs rapides pour leur taille et collent parfaitement au jeu prôné par Larry Bird. Si l'année dernière Indiana était une équipe de demi-terrain assumée et revendiquée, le chamboulement de sa raquette et la draft d'un gamin aux mains d'argent permet aux Pacers d'augmenter significativement le rythme de leurs matchs pour tourner en moyenne à 99,16 possessions en 48 minutes (contre 93,50 en 2014-2015), soit sensiblement le même ratio que le Thunder cette saison.
L'arrivée de Myles Turner dans le 5 de départ enchante le front office du Midwest mais aussi les joueurs cadres à l'instar de Paul George et Ian Mahinmi qui apprécient la cohabitation avec le rookie. L'association du français est d'ailleurs très intéressante depuis un mois pour des Pacers à la recherche de la bonne formule. Si Myles est un défenseur solide sur l'homme dans la raquette, le français comble les lacunes défensives du joueur de 19 ans en périphérie et sur pick-and-roll en obligeant ses adversaires directs à diminuer leurs pourcentages de 5% au delà de 4 mètres 60. Une complémentarité à souligner en défense et qui permet notamment à Indiana de marquer 7,3 points de plus que ses adversaires sur 100 possessions quand les deux joueurs sont alignés sur le terrain ! Et cerise sur le gâteau, l'écart grimpe même jusqu'à 10,3 points lorsque PG13 est associé aux deux nouvelles tours du Midwest. De bonne augure pour la course aux playoffs dans laquelle un seul rookie joue un rôle aussi significatif...Myles Turner.