À quoi joue Kevin Durant ?

À quoi joue Kevin Durant ?

Kevin Durant - Golden State Warriors

Rares ont été les joueurs qui ont récolté autant de haine en si peu de temps. Kevin Durant fait partie de ce cercle très fermé des sportifs dont le talent est aussi important que le nombre de personnes qui les détestent. De nature, si gentil, nous avons vu son comportement évoluer au cours de cette dernière année. Alors que la reprise NBA approche à grands pas, le joueur des Warriors préfère passer son temps sur les réseaux sociaux à répondre à ses détracteurs. Récemment, l'affaire de son compte Twitter caché a agité la toile et le monde du Basket. Une question persiste : A quoi joue Kevin Durant ?

  • La fin de "M. Nice Guy"

 

A la base, Kevin Durant est un joueur apprécié par toute la NBA. Son attitude sur le terrain, ses déclarations et son talent faisaient de lui un modèle parfait à montrer dans toutes les écoles de basket. Il était ce basketteur brave qui fondait en larmes en recevant le titre de MVP, tenant un discours poignant sur le rôle de sa mère. Il était celui qui n'osait pas regarder les lancers francs décisifs de Russell Westbrook, assis de l'autre côté du terrain face aux supporteurs. Chaque interview qu'il accordait était fait sans accroche, sans mot déplacé. Aucun gros titre dans les journaux, il gérait à la perfection sa vie privée et de nombreux joueurs auraient pu s'en inspirer.

 

Mais peu à peu les choses se sont effritées et ses sorties médiatiques sont devenues plus sèches, le joueur entamant la destruction de son image lisse. Il avait à l'époque déclaré lors d'un entretien au journal "USA Today", qu'il n'aurait plus aucun mal à assumer son énervement, "je peux jurer en interview, gueuler après un coéquipier […] je suis humain, parfois je suis énervé […] et parfois j'explose." La première détonation ne s'est pas faite attendre. A quelques jours du All Star Game, Kevin Durant déclarait "les médias ont trop de pouvoir", en référence aux journalistes et leur vote pour les récompenses postseason. Ces mêmes journalistes qui l'avaient élu majoritairement MVP deux ans auparavant. C'était bel et bien le début de la fin de "M. Nice Guy".

 

  • Une défaite puis un départ

 

Comment expliquer cette volonté de changer de comportement. La thèse principale repose sur son âge.

 

A l'approche de la trentaine, KD a mûri mais dans le sens contraire de certains joueurs. Il était enfin temps pour lui de s'assumer. La saison qui suit ses premières déclarations "matures", le joueur reçoit 20 techniques, soit le plus gros total de la Ligue. Plus que dans les paroles, la maturité prend place sur les parquets. Cette saison 2015-2016 est un tournant dans sa carrière, alors que OKC s'écroule en finale de conférence après avoir mené 3-1 contre Golden State. Pour Durant, la pilule est dur à avaler et cette défaite le plonge dans une longue période de réflexion. Les fans l'attendent plus fort pour retourner au combat, KD lui a un objectif plus concret et sa maturité lui conseille de plier bagage chez les Warriors. Le MVP 2014 pose un genou à terre devant le roi de l'Ouest.

 

Lorsqu'un joueur quitte une franchise, et plus particulièrement une star, bon nombre de fans ne l'acceptent pas. Cela varie essentiellement selon l'équipe choisie par le joueur (quand c'est lui qui le décide évidemment). Dans le cas de Kevin Durant la décision de partir rejoindre Curry et ses potes, champions en 2015 et finalistes en 2016, amorce un déchaînement des supporteurs terrible, presque injuste. Oui, Golden State est clairement l'option de facilité pour lui, qui prétend tout de même "sortir de sa zone de confort". Oui, Kevin Durant a largement le potentiel de porter une équipe jusqu'au sacre sans stars autour de lui. Mais un joueur de ce calibre mérite de porter plusieurs bagues à ses doigts, et son âge (28 ans) explique son départ. Le débat ne mérite même pas d'être rouvert tant il a fait couler d'encre. Cet épisode a profondément touché le joueur, la personne, expliquant l'évolution du personnage.

 

  • Une année de souffrance couronnée de succès

 

Kevin Durant a sans aucun doute passé l'année la plus difficile de sa carrière de basketteur. Non pas d'un plan de vue sportif, mais humain.

 

En signant chez les Warriors, il a fait exploser sa cote de popularité. Ce départ ressemble à celui de LeBron James à Miami en 2010, "The decision" comme l'avait renommé le joueur. Partir pour gagner un titre sans morale, sans éthique, qu'importe. Une fois la bague au doigt, James savait qu'il serait de nouveau acclamé et adulé. Son retour à Cleveland confirme sa pensée, le titre l'année qui suit fait de lui le King. C'est au tour de KD d'enfiler le costume du mal-aimé et la reconquête de ses fans est plus ardue.

 

Son année sur le plan sportif est totalement réussie. Il s'adapte parfaitement au collectif solide des Warriors et ensemble, ils marchent sur la Ligue. En Playoffs, personne ne parvient à les stopper, encore moins Kevin Durant élu MVP des Finales. En un an, il a obtenu ce qu'il poursuivait depuis le début de sa carrière. Alors à bas les morales clamées par les haineux "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire". L'histoire ne retient pas la gloire mais le triomphe. Mais alors que tout semblait rentrer dans l'ordre, le joueur est retombé dans ses travers.

 

  • Tempête sur les réseaux

 

En pleine saison estivale, alors que les trades fusent et que les nouveaux effectifs s'entraînent ensemble, Kevin Durant a décidé de remettre les projecteurs sur lui.

 

Tout a débuté par le biais de sa chaîne YouTube où il publie des Vlogs (vidéos racontant son quotidien). Sur l'une de ses publications, un fan (ou pas) lui écrit "LeBron est meilleur que toi, c'est un fait", phrase à laquelle il répond simplement "Non". Alors oui, rien de dingue, mais ce simple pic correspond exactement à la nouvelle philosophie du joueur : ne plus se laisser marcher dessus. Nombreux sont les commentaires haineux sur la plate-forme de vidéos et ce pour n'importe quel type de contenu. Si KD a prit le temps de répondre à cette critique, c'est qu'il savait pertinemment l'impact provoqué. Les pro-LeBron se sont réveillés, les anti-Durant se sont levés et le temps de quelques jours, les insultes ont fusé.

 

Mais l'ailier n'était pas encore rassasié alors il est revenu à la charge une seconde fois. Avec son équipementier Nike, Kevin Durant a mis au point une nouvelle paire de chaussures avec une spécificité : sur la semelle on retrouve dessiné les critiques qu'il a subi tout au long de l'année "snake" ; "follower"... Par dessus, en gros, sont écrites les lignes de stats les plus impressionnantes de sa saison. Une métaphore maligne du joueur qui marche sur les haters. Et c'est une nouvelle vague de haine qui s'abat sur Kevin. Peut-on réellement reprocher à un joueur de vouloir se venger de tout ce qu'il a vécu depuis un an, certainement pas. Mais la dernière maladresse de KD est quasiment indéfendable tant elle est ridicule.

 

  • Un faux compte révèle le vrai Durant

 

Kevin Durant à ses raisons, que la raison ignore. Alors oui ce n'est pas de bol, c'est malchanceux, ce n'est pas le seul, mais bon quand même.

 

Il y a quelques jours, l'Américain a retourné Twitter à cause de deux tweets. Une nouvelle fois, il a prit le temps de répondre à un fan (un vrai cette fois-ci) qui lui demandait une raison légitime d'avoir quitté OKC, autre que de remporter un titre. Jusque là tout va bien. Mais le problème, c'est que Kevin Durant s'est trompé de compte pour lui répondre. Trompé ? Eh bien oui le joueur des Warriors, comme sûrement d'autres joueurs NBA, a en réalité deux comptes : un officiel et un autre masqué où il répond aux critiques sur lui. Sur le principe, grand bien lui fasse que de se défouler sur Twitter. Mais faire la boulette de se tromper de compte pour répondre à un fan, là c'est embêtant. Surtout quand tu descends tes anciens coéquipiers, ton ancien coach, ton ancienne maison. Ses excuses ne se sont pas faites attendre, on peut lui reconnaître (au moins) ça. Mais pour la majorité des gens, KD est de nouveau retombé bien bas dans leur estime.

 

Au final, il se retrouve au même point que lors de l'annonce de son départ, toujours aussi détesté. Pourtant les choses auraient pu changer, elles auraient même dû changer. Kevin Durant en a décidé autrement, malgré lui.

 

Un an s'est écoulé depuis son départ de OKC, en un an le joueur a procuré diverses émotions aux supporteurs qui l'ont adulé puis haï avant de l'aimer de nouveau pour au final le détester de plus belle. Kevin Durant est une personne complexe à analyser et à comprendre. Le joueur a tellement subi que se révolter n'est qu'une réaction humaine. Or, il y a divers moyens d'y parvenir, le terrain restant le meilleur. Mais comme il le dit lui même :

 

Je me cherche toujours alors que j'approche de la trentaine.